Remontés comme des coucous à cause des hirondelles? Au ministère de l’Environnement, on ne badine pas avec cette espèce protégée qui empêche la démolition de la gare d’Ettelbruck. Mais pas pour longtemps.
Pas touche aux nids d’hirondelle. Ce petit oiseau qui annonce le printemps ne fait pas forcément le bonheur des CFL, qui ont dû stopper net les travaux de démolition de l’ancienne gare d’Ettelbruck. C’est là, sous le toit, que les hirondelles ont construit des nids qu’elles retrouvent chaque année à leur retour en avril.
L’hirondelle de fenêtre est une espèce menacée pour avoir fortement diminué au cours des dernières décennies. Si la destruction de nids est inévitable, mieux vaut attendre le départ des hirondelles… en septembre ou en octobre généralement. Cela signifie-t-il que les travaux de la gare d’Ettelbruck vont être bloqués jusque-là? Non. Les CFL avaient déjà répondu à certaines exigences, ce que nous confirme le député-maire d’Ettelbruck, Jean-Paul Schaaf. «Les CFL ont reçu une obligation de construire une installation alternative, ce qu’ils ont fait, mais ils auraient dû informer l’administration de l’Environnement pour avoir une autorisation de détruire les nids existants, ce qu’ils n’ont pas fait», déclare-t-il.
Hier, le ministère de l’Environnement a expliqué dans un communiqué que la situation allait cependant rapidement être débloquée, les CFL ayant réalisé les mesures d’atténuation demandées par la loi sur la protection de la nature. Son article 27 dispose qu’une autorisation du ministre est requise «lorsque des projets, plans ou activités sont susceptibles d’avoir une incidence significative sur des espèces protégées particulièrement ou sur leurs sites de reproduction ou leurs aires de repos».
Ces mesures d’atténuation sont destinées à maintenir en permanence «la continuité de la fonctionnalité écologique du site, de l’aire ou d’une partie du site ou de l’aire pour l’espèce concernée, en tenant compte de l’état de conservation de cette espèce». Si les CFL ont fait le nécessaire, ils ont oublié la procédure administrative. Une installation a été effectivement réalisée récemment, non loin du site de la gare, à quelque 200 mètres près du pont bleu des chemins de fer. Pour certains internautes, cet abri ne remplacera pas les toits de la gare vu le nombre de nids qui s’y trouvaient. Plusieurs dizaines pour les hirondelles, mais aussi d’autres espèces.
La situation est cocasse et Jean-Paul Schaaf s’est autorisé une question parlementaire, histoire de faire parler les ministres sur cet incident. «Une ministre verte de l’Environnement bloque un ministre vert des Travaux publics et de la Mobilité, c’est assez original, mais cela démontre un manque de coordination dans un dossier aussi important pour la mobilité et le gouvernement s’est quelque peu ridiculisé», estime le député-maire d’Ettelbruck.
Démontage délicat
Selon l’affichage qui indique la décision de stopper les travaux, il est précisé que les nids ne peuvent être détruits. Les deux députés chrétiens-sociaux auteurs de la question (Martine Hansen est cosignataire) veulent savoir quel retard cela entraînera pour la réalisation de la nouvelle infrastructure, le tunnel routier qui passera juste sous le bâtiment. «Ils auraient dû prévoir tout cela autrement, s’y prendre à l’avance quand on sait depuis un an que la gare doit être démolie», avance encore Jean-Paul Schaaf. «Je ne comprends pas qu’on n’ait pas, dès le départ, mis un timing sur ce projet», indique-t-il.
Le ministère de l’Environnement espère un déblocage rapide, en tout cas, il y travaille, assure-t-il. «Les mesures entreprises par les CFL sont déjà un pas important dans cette direction», écrit encore le ministère dans un communiqué.
La gare d’Ettelbruck, construite en 1862, fête ses 150 ans d’une drôle de manière. Un collectif s’est battu pour sa préservation, mais rien n’y a fait. Cependant, elle ne sera pas démolie par les bulldozers. Il s’agit d’une démolition soignée pour permettre une reconstruction plus tard.
Les pierres de taille seront numérotées et classées, pour celles qui ont de la valeur, et l’édifice devrait renaître de ses cendres à Pétange où le musée des chemins de fer verra le jour.
Préserver les nids intacts
Il faut préserver les nids intacts : réalisez vos travaux en automne et en hiver, en l’absence des oiseaux. Il faut préserver les nichées : attendez l’envol des jeunes et leur départ en migration pour intervenir. Soyez vigilant, même si les jeunes savent voler, ils ont encore besoin du nid chaque soir pour passer la nuit.
Si vous êtes contraint de détruire les nids, vous devez en avoir l’autorisation au préalable et penser aux mesures destinées à maintenir en permanence «la continuité de la fonctionnalité écologique du site».
Ah… si on accordait aux droits de l’homme autant d’importance quaux droits des animaux!