Quinze mois après le début du chantier, la liaison cyclable reliant Esch-sur-Alzette et Belval a été inaugurée ce vendredi. Des travaux annexes s’étaleront jusqu’au printemps 2024.
Les adeptes de la petite reine ne pouvaient rêver mieux comme cadeau de Noël. Sous une pluie diluvienne, plusieurs représentants des pouvoirs publics ont inauguré, vendredi, la nouvelle liaison cyclable directe entre le centre historique d’Esch-sur-Alzette et la cité moderne de Belval. Quinze mois après le premier coup de pelle, la piste, dont le tracé longe la voie ferrée et le site ArcelorMittal sur près de deux kilomètres, est désormais accessible pour les piétons et les cyclistes. Une aubaine au regard des ambitions et des investissements colossaux insufflés à «l’un des projets les plus importants pour la Ville d’Esch-sur-Alzette», selon les termes de Georges Mischo, bourgmestre de la capitale des Terres-Rouges.
Alors que le budget initial s’élevait à 39 millions d’euros, l’apparition de nouveaux travaux sur le chantier, cumulée à la hausse du prix de la main-d’œuvre et des matériaux sont venus gonfler l’addition : 47,5 millions d’euros au total, dont 32 millions alloués à la seule passerelle surélevée de 1,2 km, la plus longue d’Europe. «Avec le super travail de l’administration des Ponts et Chaussées, nous valorisons le site industriel, la base de la richesse du Grand-Duché et une partie de notre tissu économique», s’enthousiasme François Bausch, ministre de la Mobilité et des Travaux publics, en marge de l’inauguration.
Le nouveau bijou de Belval
Depuis le bâtiment du Fonds Belval, qui assume le rôle de maître d’ouvrage pour la construction des équipements de l’État sur la friche industrielle, les discours se sont enchaînés au-devant des journalistes, représentants politiques et cadres d’ArcelorMittal. Un clip vidéo grandiloquent, retraçant les différentes étapes des travaux, a également été diffusé par la suite.
L’occasion de revenir sur ce chantier, qui s’inscrit dans le cadre du développement des pistes cyclables au Grand-Duché, en témoigne le Plan national de mobilité (PNM) 2035. Dans les détails, la rue Henry-Bessemer donne le départ de la piste, qui s’étend ensuite vers le boulevard Prince-Henri et la rue An der Schmerlz, avant de passer sous le chemin de fer d’ArcelorMittal. Ce passage inférieur, long de 22 m et large de 4,50 m, fut d’ailleurs créé spécialement pour la liaison.
Une fois ces étapes franchies, le bijou de cette construction se dévoile , avec la fameuse passerelle, qui culmine à 7,50 mètres de hauteur au-dessus du terrain. «Quand vous travaillez sur un tel sol industriel, vous trouverez toujours des surprises. Le nombre de fondations soutenant le chemin a dû être augmenté et certains piliers ont dû être placés plus profond», détaille François Bausch. Malgré la piètre météo, le paysage qui se dévoile depuis cette passerelle est bucolique, empli de souvenirs d’un âge d’or passé, mais toujours perceptible.
Un écran visuel de 320 mètres de long
Les amoureux du site pourront ainsi se poser sur l’une des deux placettes, qui jalonnent les rampes d’accès dédoublées de la passerelle. «Je suis une habitante d’Esch et je me réjouis de voir des solutions locales, qui offrent de nouvelles perspectives et mettent en valeur notre patrimoine historique», témoigne Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable.
Néanmoins, valoriser le site passe indubitablement par la prise en compte des obstacles pouvant entraver la construction. Ainsi, des réseaux de gaz, d’oxygène et d’azote, nécessaires au fonctionnement de l’usine sidérurgique, ont dû être détruits pour placer de nouvelles conduites, juste en dessous de la piste. De plus, un écran visuel de 320 mètres de long permet d’empêcher la vue directe sur les installations stratégiques de l’usine afin de préserver les détails de certaines technologies utilisées.
«Au-delà des frontières»
À la fin du parcours, les usagers peuvent utiliser des escaliers pour rejoindre l’avenue du Rock’n’Roll. Un ascenseur et des installations pour personnes à mobilité réduite seront également ajoutés dans les prochains mois. Des aménagements paysagers le long des tronçons connexes et de la passerelle sont aussi dans les plans. Cette partie se caractérisera par la présence d’aires de repos, çà et là, et d’arbres, qui seront préservés grâce au déport de la piste cyclable sur une structure en porte-à-faux. S’il faudra attendre le printemps 2024 pour la fin de ces travaux, l’ouverture de la piste cyclable est d’ores et déjà un grand pas dans la promotion de la mobilité douce.
En préambule de l’inauguration, Joëlle Welfring rappelait la nécessité de lutter contre la pollution par ce genre d’initiatives : «Il y a un souci au niveau européen concernant la qualité de l’air, avec 300 000 morts prématurés liés à cette problématique sur le continent, mais il y a une nouvelle donne sur ces dernières années, fait état la ministre de l’Environnement. Nous relevons des défis importants sur le sujet, et notamment en collaboration avec les communes.»
Avec la multiplication des projets transfrontaliers, en parallèle d’une augmentation des travailleurs étrangers au Luxembourg, les pouvoirs publics se démènent également pour «penser la mobilité au-delà des frontières», comme le soulignait François Bausch. La thématique est donc vouée à dépasser le simple cadre grand-ducal dans les prochaines années. «Mon objectif en tant que président de Pro-Sud est de travailler sur ces sujets avec le Pôle métropolitain frontalier. Nous avons déjà eu trois réunions dans le cadre de la convention de coopération et de partenariat avec Thionville», conclut Georges Mischo.
Le maillon d’une stratégie nationale
Les kilomètres de voies dédiées à la mobilité douce risquent d’augmenter très rapidement au regard des plans nationaux. Présenté en 2019, le «Vëloexpresswee», qui longe l’A4 entre Luxembourg et Esch-sur-Alzette, est en cours de planification. Ce tracé s’étendra sur 27,8 kilomètres, alors que la réalisation de la passerelle reliant Esch-sur-Alzette à Belval s’inscrit dans ce projet.
Le tronçon s’insère également dans le tracé de la PC8 qui relie Tétange à Belvaux. Actuellement, plus de 600 kilomètres sont destinés à ce type de mobilité au Luxembourg, qui espère atteindre 950 kilomètres une fois son réseau étendu. Par ailleurs, plusieurs travaux sont dans les plans, à l’instar d’un axe Wiltz-Kautenbach de cinq kilomètres ou d’une liaison Clervaux-Troisvierges, dont la construction a débuté en juin. Les coûts respectifs de ces tronçons sont de 7 millions et 1,3 million d’euros.
Une belle réalisation technique et architecturale dont la fonction environnementale n’est pas la moindre de ses qualités.
Pour autant…..comment ne pas évoquer son prix à 25 millions du kilomètre……financé en partie par l’impôt des frontaliers qui eux, dans les communes où ils vivent au quotidien, ne profitent pas même d’un seul euro de leurs impôts. Réalisation somptueuse d’un côté de la frontière….pauvreté de l’autre…..c’est un abysse qui ne cesse de s’amplifier sur ce territoire dont l’avenir et la vocation transfrontalière appellent à un développement équilibré de part et d’autre de la frontière….et à une juste répartition de part et d’autre de la frontière des richesses produites par le travail frontalier!