Coincée entre la capitale, le Ban de Gasperich et Contern, Hesperange tente de trouver un modèle viable afin de garder son ancrage rural tout en répondant aux enjeux futurs.
Victime de son succès, la commune de Hesperange a connu, ces vingt dernières années, un développement démographique intense avec une augmentation de 50% du nombre de ses habitants entre 1999 et 2019 (15 479 actuellement). Sa proximité avec la capitale et son cadre de vie alliant ruralité et densité urbanistique ont très certainement contribué à cette hausse qui a obligé les autorités communales à prendre au sérieux un tel développement.
«En tout premier lieu, nous devons être réactifs sur nos infrastructures. Nous avons été conscients de cette évolution démographie, mais quand on parle d’accueillir de nouveaux habitants, il faut être en mesure de mettre à niveau ses infrastructures techniques, comme l’eau potable, les évacuations et l’énergie», explique Marc Lies, le député-maire (CSV) de Hesperange. «On parle également de famille. Il faut donc là encore planifier des infrastructures scolaires comme des maisons relais, écoles et halls sportifs. C’est ce que nous avons fait dans nos différentes localités et dans nos nouveaux quartiers comme à Alzingen où quelque 400 logements (Rothweit II) sont en construction pour accueillir environ 900 personnes. Nous avons donc déjà prévu la construction d’un nouveau complexe scolaire et son petit hall sportif et une maison relais pour la rentrée 2021/2022 pour que les familles qui s’installeront à Alzingen puissent en bénéficier immédiatement.»
«J’en ai marre, on tourne en rond»
Mais cette évolution démographique comporte des désagréments, notamment sur la route. «La route est déjà embouteillée et cela ne va pas s’arranger quand les nouveaux logements seront pleins d’habitants avec des voitures», explique Julien, habitant dans la commune de Remich et passant tous les jours route de Thionville à Hesperange pour se rendre au travail.
Pour Marc Lies, les (futurs) nouveaux habitants ne sont pas le problème : «Le nouveau quartier sera très bien raccordé au réseau de transports en commun avec un délestage de bus énorme à la fréquence élevée. Donc, il y aura sans doute un très grand nombre de personnes du quartier qui prendront le bus pour aller travailler à Luxembourg.» Le bourgmestre souligne également «que le trafic de Hesperange ne vient pas principalement de la commune, mais d’ailleurs : du sud du pays et des frontaliers.»
Porte d’entrée de la capitale, notamment du Ban de Gasperich et de la partie est (Kirchberg et l’aéroport via Itzig), la commune attire un trafic routier estimé à 15 000 véhicules par jour. Résultat, Hesperange est une des villes les plus polluées par le dioxyde d’azote (NO2) du fait des embouteillages quotidiens. Les habitants et leur bourgmestre, Marc Lies, tentent depuis longtemps de trouver une solution alternative, comme par exemple le fameux «contournement». Un dossier où Marc Lies a perdu patience. «J’en ai marre, on a perdu deux ans et on tourne en rond !» peste-t-il lorsqu’on lui parle du dossier. «En mars 2017, nous avons présenté aux ministres, aux Ponts et Chaussées et aux autres différentes alternatives. Puis on nous a promis une consultation publique pour la fin d’année 2017. Aujourd’hui, en 2019, elle n’a toujours pas eu lieu ! Je suis conscient de l’enjeu environnemental, et c’est tout à fait normal, mais il faut que les choses bougent.»
D’autant que le contournement n’est pas une lubie politique mais un enjeu de santé public puisque selon des relevés effectués en juillet 2018, mois où le trafic est le moins dense à cause des vacances, le taux de dioxyde d’azote à Hesperange était de 69 µg/m3 alors qu’il est recommandé que ce taux soit en dessous de 40 µg/m3.
« Toujours bloqué par quelque chose »
Marc Lies s’emporte : «C’est la valeur la plus élevée du pays. Mais le comble est que le ministère de l’Environnement nous a envoyé une lettre pour nous donner des recommandations. La première : réduire le trafic. On parle d’une route nationale, donc de la compétence de l’État. Deuxième recommandation : réduire les véhicules diesel. Je ne sais pas comment interdire le diesel. Troisième recommandation : mettre en place de la mobilité douce. Nous avons quatre stations de Vel’oh! et quatre nouvelles vont arriver. Nous sommes en train de planifier une nouvelle piste cyclable sécurisée de 13 kilomètres, mais, là encore, dès que nous nous adressons à l’administration de la Nature et des Forêts et au ministère de l’Environnement, on est toujours bloqué par quelque chose. Nous souhaitons également construire un ascenseur, comme en Ville, reliant le centre de Hesperange au centre sportif Holleschbierg, pour faciliter les déplacements sans voiture, mais, là aussi, le ministère de l’Environnement nous dit non à cause de trois arbres. D’un côté, on nous demande de trouver des solutions et quand on en propose, on nous bloque.»
Pour en revenir au développement de Hesperange, le député-maire souhaite faire d’une faiblesse de la commune une force. Souvent considéré par les résidents comme étant un quartier de la capitale, Howald fait pourtant entièrement partie de la commune du sud du canton de Luxembourg. «C’est peut-être une chance, car nous voulons préserver le caractère rural de la commune. Comme Howald est collé à Luxembourg, notre stratégie est de densifier ce quartier afin de ne pas devoir le faire ailleurs dans la commune et ainsi préserver l’ambiance de village et les ruelles de Fentange, Alzingen, Itzig et Hesperange», explique Marc Lies.
Il faut dire que Howald va connaître une transformation profonde avec la construction du pôle d’échange multimodal et le passage du tram. Sa zone d’activité va d’ailleurs fermer ses portes mi-2020 pour laisser place à un vaste projet urbanistique mixte avec des appartements, des bureaux et des commerces.
Jeremy Zabatta