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Enseignants : «Un retour à davantage de pédagogie»


Le recrutement de nouveaux enseignants inquiète toujours le camp syndical.

Les syndicats SEW/OGBL et SNE préparent la rentrée des classes, fixée à jeudi. Après le covid, les enseignants espèrent pouvoir mieux s’occuper des élèves. D’autres dossiers inquiètent davantage.

Tout comme les plus de 100 000 élèves de l’enseignement fondamental et secondaire, ce sont aussi près de 11 500 enseignants qui se préparent à retourner à l’école. «On va vivre un retour à davantage de pédagogie. Les enseignants pourront à nouveau mieux se consacrer aux enfants, sans devoir réfléchir en permanence à quelles sont les mesures sanitaires à respecter», se réjouit Patrick Remakel, le président du Syndicat national des enseignants (SNE), rattaché à la CGFP.

Il existe néanmoins une incertitude, notamment en ce qui concerne les plans du ministre de l’Éducation nationale : «Nous ne savons pas ce qui nous attend vraiment.» La charge administrative pour le personnel enseignant devrait davantage être allégée. Le contraire est cependant redouté.

«Une pénurie d’enseignants de qualité»

Le fait que le pire de la crise sanitaire semble évacué est un des rares points positifs mis en avant par le camp syndical. Un dénominateur commun entre le SNE et le SEW/OGBL demeure l’inquiétude pesant sur les effectifs d’enseignants. «Il semble que le ministre de l’Éducation nationale estime que les « Quereinsteiger«  sont de meilleurs enseignants que ceux qui ont opté pour la formation de base pour accéder à ce métier», fustige Frédéric Krier, membre du bureau exécutif de l’OGBL, en représentation de Joëlle Damé, la nouvelle présidente du SEW.

Le terme «Quereinsteiger» désigne les détenteurs d’un bachelor en relation avec l’enseignement (sciences, mathématiques, langues, etc.), qui, grâce à une formation express, peuvent être recrutés sans être un enseignant diplômé.

Le SNE reste aussi partagé sur le recrutement de ce type d’enseignants. «Claude Meisch affirme qu’il n’existe pas de pénurie d’enseignants. C’est son point de vue», affirme Patrick Remakel. La conclusion du ministre serait trompeuse : «Il a besoin d’un grand nombre de « Quereinsteiger«  et de chargés de cours pour éviter que le système scolaire ne s’écroule. À nos yeux, il existe bien une pénurie d’enseignants de qualité.»

Pour le SNE, il faudrait à nouveau privilégier la «voie royale» pour devenir enseignant. Patrick Remakel plaide bien la cause des diplômés ayant suivi une formation universitaire spécifique. «Ces dernières années, il a été omis de rendre le métier d’enseignant plus attrayant», déplore le syndicaliste.

Du côté du SEW/OGBL, les «inégalités grandissantes» dans l’éducation constituent un point d’inquiétude majeure. «Nous devons placer ce phénomène dans le contexte plus global des inégalités qui se creusent dans la société», avance Frédéric Krier.

Le projet pilote d’une alphabétisation en français, qui sera lancé cette année, pourrait contribuer à réduire les inégalités entre élèves. «Un concept global fait encore défaut», regrette le représentant de l’OGBL.

L’alphabétisation en français arrive

Du côté du SNE, on constate que «de plus en plus d’élèves quittent l’école publique» en raison de l’enseignement des langues. «Envoyer ces élèves dans des écoles européennes et internationale ne peut pas être la voie à suivre. L’alphabétisation en français peut être une solution, mais ce n’est certainement pas la seule à envisager», indique Patrick Remakel.

Il pose un premier bémol majeur : «Nous ne voulons en aucun cas que l’alphabétisation se fasse à la fois en allemand et en français au sein d’une même classe. Mais cela implique un plus grand besoin d’enseignants et de salles de classe, alors qu’on manque déjà de ressources.»

Une doléance «éternelle» reste le manque de dialogue avec le ministre de l’Éducation nationale. «Nous avons des réunions, mais il ne s’agit que de séances d’information. Une véritable consultation n’a pas lieu», pointe Frédéric Krier. Le son de cloche est identique au SNE.

En amont de la rentrée scolaire, une entrevue avec les syndicats d’enseignants n’a pas figuré à l’ordre du jour du ministre.