Accueil | A la Une | Énergie solaire : l’objectif de 2030 est remis en question

Énergie solaire : l’objectif de 2030 est remis en question


Le potentiel de production sur les surfaces de parking est très limité, selon les chiffres et explications livrés, cette semaine, par le ministre Lex Delles. 

Le plan Énergie-Climat prévoit une production d’électricité photovoltaïque de 1 236 mégawatts par an. La dernière estimation «optimiste» du gouvernement fait état d’une capacité limitée à 1 000 mégawatts.

Le programme de gouvernement annonce vouloir «privilégier le développement des énergies renouvelables et notamment de l’énergie solaire sur des surfaces déjà scellées». En se basant sur ces annonces, le député chrétien-social Jeff Boonen est venu interpeller le ministre de l’Économie libéral, Lex Delles, également en charge du ressort Énergie. Dans la réponse à cette question parlementaire, il s’avère que l’objectif d’atteindre, en 2030, une capacité de production d’électricité annuelle de 1 236 MW à partir du photovoltaïque ne pourra probablement pas être atteint. Du moins, en misant uniquement sur les surfaces déjà scellées ainsi que sur les bâtiments disposant d’un potentiel suffisant.

Selon le décompte effectué par les services du successeur de Claude Turmes (déi gréng), le cap inscrit dans le plan Énergie-Climat (PNEC), est trop ambitieux. Une «estimation optimiste» fait état d’une capacité théorique totale de 1 000 MW. Le recours plus important à l’agri-photovoltaïque, soit l’installation de panneaux solaires sur les terres agricoles, doit permettre de se rapprocher de l’objectif. Le gouvernement précise toutefois que «les sols à haute valeur agronomique devraient être exclus».

Un premier appel d’offres pour des projets pilotes s’est soldé, fin 2023, par un engagement de construire des installations photovoltaïques avec, à l’horizon 2025, un potentiel de production de 52 MW. «Dans le cas d’une évaluation positive de ces projets pilotes, l’Agri-PV pourra devenir un élément important dans la réalisation de l’objectif PNEC 2030», avance le ministre en charge de l’Énergie. S’y ajoute le potentiel de 150 MW avec l’installation systématique de panneaux solaires sur les bâtiments nouvellement construits.

Un potentiel théorique de… 5 134 MW

L’espoir de pouvoir se contenter de l’installation de panneaux solaires sur les toits et sur d’autres surfaces scellées s’amenuise cependant. Dans le cadastre solaire est identifié un ensemble théorique de 224 124 entités au potentiel suffisant pour produire, sur une surface de 32 km2, un total de 5 134 MW. En réalité, seulement 60 % des bâtiments éligibles peuvent accueillir des installations photovoltaïques. Les 19,4 km2 restants ont un potentiel théorique pour produire 2 563 MW d’énergie solaire. «En appliquant des critères pratiques (statique, sécurité, encombrement des toits pour d’autres installations techniques), ce chiffre doit être à nouveau divisé par deux, de sorte que d’ici 2030, le potentiel réalisable sera de 800 MW», développe Lex Delles dans sa réponse écrite. C’est en additionnant les autres potentiels, énumérés ci-dessus, qu’on arrive aux 1 000 MW avancés.

De manière linéaire, le Luxembourg devrait augmenter, entre 2021 et 2030, sa capacité de production de 100 MW par an. Or, en 2021, le surplus est resté limité à 90 MW. Selon une première estimation, seuls 77 MW sont venus s’ajouter en 2023. «Le gouvernement activera tous les leviers possibles pour augmenter significativement ces chiffres dans les années à venir et atteindre l’objectif d’ici à 2030», promet toutefois le ministre. Une analyse détaillée est en cours pour définir la capacité de production globale du Grand-Duché.

L’installation de panneaux
freinée par les kermesses

De grands espoirs sont placés dans les surfaces de parking pour augmenter le potentiel de production d’énergie solaire. Le programme de gouvernement accorde une priorité à «l’installation de dispositifs photovoltaïques sur les aires de stationnement et sur les parkings d’une taille à définir».

Le cadastre établi en 2022 renseigne une surface de 360 hectares. Mais encore une fois, il s’agit d’une valeur théorique. «L’expérience montre jusqu’à présent que les parkings ne sont pas simples à mobiliser. Ceux qui accueillent des kermesses ou marchés sont exclus d’office. Pour d’autres, les coûts d’installation sont trop élevés», doit admettre le ministre Delles. En fin de compte, le potentiel actuel se limite à une capacité de production de 50 MW.

Le gouvernement mise en outre sur «des installations photovoltaïques de grande surface qui peuvent être construites le long des autoroutes et des voies ferrées». Même «la couverture de différentes sections d’autoroute» est envisagée.

Un commentaire

  1. La photovoltaïque, tout comme l’éolien, ne sont que des énergies intermittentes qui nécessitent une centrale classique pour compenser les périodes sans soleil ou sans vent. Leur utilité est mince d’autant qu’elle polluent les paysages et que, pour l’éolien, la remise en état des terres après leur fin de vie pose d’énormes problèmes (comprendre coûtent des montants astronomiques).
    Bref, moins on en fait, meux se porte les finances du pays concerné.