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En dix ans, la lente chute de la langue luxembourgeoise


(Photo d'illustration : Julien Garroy

De moins en moins parlée, la langue luxembourgeoise subie une lente érosion au fil des années. C’est le constat que dresse le Statec dans un rapport, publié ce jeudi, sur la diversité linguistique au Grand-Duché.

Les chiffres collectés dans ce document donnent un aperçu de la façon dont ont évolué les langues entre 2011 et 2021. Langues les plus parlées, répartition spatiale, pratique à la maison ou plutôt au travail ou encore nouvelles langues, c’est un large éventail d’études de données que propose cette étude du Statec.

Le français et l’anglais en hausse

Malgré une très nette diminution, le luxembourgeois reste la langue la plus parlée du pays. En dix ans, « si le nombre des personnes indiquant le luxembourgeois comme langue principale a augmenté légèrement de 265 731 à 275 361, sa présence relative a nettement baissé, son pourcentage passant de 55.8% à 48.9% », souligne l’institut de sondage.

Loin derrière le luxembourgeois, le portugais se place en deuxième position. S’il est la langue principale de 15,7% de la population, il a, tout de même, subi une légère baisse entre 2011 et 2021. Idem pour l’allemand, sixième langue la plus parlée au Grand-Duché, qui passe de 3,1% à 2,9%.

À l’inverse, la présence relative du français et de l’anglais comme langue principale a augmenté en dix ans. Pour le français, son pourcentage est passé de 12,1% à 14,9%. Quant à l’anglais, il a grimpé de 2,1% à 3,6%. Enfin, n’oublions pas l’italien qui a légèrement progressé, avec une hausse de 2,9% à 3,6%.

Les nouvelles langues

Mais parmi les progressions les plus marquantes, on relèvera la forte augmentation de la catégorie « autres ». En dix ans, elle a bondi de 8,4% à 10,8%, soit 2,4 points de pourcentage.

Dans ce rapport, le Statec souligne que la hausse de la population s’accompagne, entre 2011 et 2021, d’une hausse de 55% de « nouvelles langues ». « Sur les 131 588 nouveaux venus très peu connaissent le luxembourgeois et leur profil linguistique est de plus en plus diversifié, ce qui modifie profondément la situation linguistique ».

Témoins des vagues de migration récentes, on compte parmi ces dernières : l’arabe, le tigrigna apporté par les demandeurs d’asile venus de la Corne de l’Afrique, le pular, une variété du peul, parlée principalement en Guinée, Guinée-Bissau et au Mali.

Enfin, le Statec remarque une montée des langues slaves méridionales sur notre territoire. « Avec un total de 11 682 personnes, ces locuteurs constituent la septième communauté linguistique du Grand-Duché, devant la communauté hispanophone ».

Une langue vieillissante 

Cette érosion de la langue luxembourgeoise est expliquée par le Statec, entre autres, par une analyse de la pratique par âge. « Si les seniors sont les premiers locuteurs du Luxembourgeois (chez les plus de 80 ans, l’usage à titre principal de la langue concerne 77,3 % en 2021), ce n’est pas le cas au sein de la population d’âge actif, dont la pratique est passée en dessous de la barre symbolique des 50% pour les classes d’âges situées de 30 à 59. Ce déclin s’explique par la forte croissance, en 10 ans, des populations étrangères », souligne l’institut.

Dans la même lignée, on relèvera également que pour la population des Luxembourgeois de première génération, celle des citoyens sans parents nés au pays, le taux de pratique du luxembourgeois comme langue principale n’est plus que de 45,5 % en 2021, contre 76,9 % dix ans plus tôt.

Quelle langue pour quel contexte ? 

Même si elle n’est pas leur langue principale, 292 025 personnes indiquent qu’elles parlent le luxembourgeois, ce qui correspond à 61,2%. En tête des langues parlées, elle est suivie par le français, utilisé par plus de la moitié de la population, et par l’anglais utilisé par un quart.

L’allemand est parlé par 22.5% et le portugais par un cinquième des résidents. « Par rapport au recensement de 2011, l’utilisation du luxembourgeois diminue en nombre de locuteurs, passant de 323 500 à 292 000 et en pourcentage, passant de 71% à 61% ».

Selon l’étude, 4 personnes sur 10 ne parlent pas luxembourgeois, ni à la maison ni au travail. Quant aux autres langues, on note que le français est surtout parlé à l’école ou au travail, très rarement à la maison. Idem pour l’anglais.

Partout, sauf dans les grandes villes

Si le luxembourgeois est la langue principale d’un peu moins de la moitié de la population, le Statec observe d’importantes divergences régionales dans son usage. Le luxembourgeois est la langue principale sur une large majorité du territoire, c’est-à-dire principalement dans les communes de taille moyenne et petite.

Toutefois, la présence de la langue est plutôt faible dans une grande zone autour de la capitale et dans des villes importantes telles que Pétange, Differdange, Esch, Remich, Echternach, Diekirch, Vianden et encore Wiltz.

Parmi les champions de la diversité linguistique se distinguent Strassen et Bertrange car trois à quatre langues « principales » sont présentes à des pourcentages élevés, auxquelles s’ajoutent encore les « autres langues » à des pourcentages également élevés ! D’ailleurs, dans ces communes, la part du français et du luxembourgeois recule sensiblement au profit des « autres langues » par rapport au recensement de 2011.

Retrouvez le rapport complet en cliquant ici 

 

 

2 plusieurs commentaires

  1. Oui on ne peut pas à la fois conserver son monde culturel et ouvrir grande les portes de l immigration. Le Luxembourg commence à payer très cher sa naïveté coupable et son relativisme…

  2. et malheureusement bientôt disparaitre merci notre gouvernement .-..