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En désarroi financier, le footballeur était devenu dealer


Le prévenu ne conteste pas les faits : «C'était bête de ma part. J'aurais pu trouver un autre club !» (illustration Luis Mangorrinha)

Sa passion, c’était le football. À 18 ans, il est devenu joueur de foot professionnel. Jusqu’à ce qu’il trouve un autre moyen de gagner de l’argent.

Il jouait en 2e division aux Pays-Bas. Et il a 30 sélections pour le Cap-Vert au compteur. Le diplôme d’entraîneur UEFA A, il l’avait également en poche quand il est arrivé au Grand-Duché en 2017 et qu’il a fait ses débuts dans un club de la capitale. Il y avait décroché un contrat pour deux ans comme joueur et deux ans comme entraîneur. Mais visiblement, cela n’a pas tourné rond…

Son club ne lui aurait plus payé son salaire au bout d’un an, explique Santinho L., âgé aujourd’hui de 39 ans. En désarroi financier, il s’est lancé dans le trafic de drogue. Et il y est allé fort. Sa marchandise : de l’héroïne, l’une des drogues les plus dures sur le marché luxembourgeois. Lors de son arrestation le 21 juin 2018, la police a pu mettre la main sur 28 boules d’héroïne, des grandes de 25 g et des plus petites de 5 g, soit 620 g au total, ainsi que 3 700 euros. Entre les mois d’avril et de juin, il aurait vendu au minimum 470 g.

«Pourquoi passer de joueur de foot à dealer ?», l’a questionné jeudi matin le tribunal. Entre l’un et l’autre, il y a en effet d’autres possibilités. Le prévenu ne conteste pas les faits. «C’était bête de ma part. J’aurais pu trouver un autre club !», a-t-il concédé.

«Petites et grandes pizzas…»

Mais à l’époque quand il s’est rendu plusieurs fois aux Pays-Bas, il serait tombé sur des gens «plus forts que lui». Lorsqu’il leur avait confié qu’il habitait au Luxembourg, ils lui auraient proposé de faire ce trafic. Alors sans revenus, il serait tombé dans un engrenage. Un engrenage qu’il n’aurait plus maîtrisé, a plaidé son avocat, Me Pim Knaff. En tant que dernier maillon de la chaîne, il aurait dû écouler la marchandise. A priori, il la récupérait sur le parking du géant du meuble à Sterpenich à la frontière belge, pour ensuite la revendre dans le sud du pays, à Oberkorn, Belvaux, Rodange…

Le dealer avait atterri dans le viseur de la section drogue de la police judiciaire au printemps 2018. À l’origine de cette enquête se trouve le signalement fin 2017 d’un SMS envoyé par un numéro de portable allemand et proposant la vente de grandes et petites pizzas au Luxembourg. Très vite, les enquêteurs avaient compris ce qui se cachait réellement derrière ces livraisons. Les observations et écoutes téléphoniques avaient finalement permis de remonter jusqu’au trentenaire vendant l’héroïne.

«Mon client devrait bénéficier d’une peine assortie du sursis pour sa franchise et son repentir à la barre», a estimé Me Knaff. Le représentant du parquet, quant à lui, a souligné la facilité avec laquelle il était passé à l’acte ainsi que la quantité de drogue qui a transité entre ses mains : «Plus de 1 kg d’héroïne, ce n’est pas rien.»

Il a requis 30 mois de prison et une amende contre le prévenu actuellement en détention préventive à Schrassig. Il ne s’oppose toutefois pas à un sursis partiel. Enfin, il a demandé la confiscation de la drogue, de l’argent de la Mercedes et de la VW Lupo – les deux voitures qui auraient servi à transporter la marchandise – ainsi que d’une ribambelle de portables.

La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 14 mars.

Fabienne Armborst

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