Depuis quelques jours, ça y est : le chemin communal qui relie la RD 1 à Schengen via le hameau d’Emerange est interdit à la circulation sur décision du bourgmestre de la commune luxembourgeoise.
Un comble venant de la ville où fut signé l’accord européen de libre circulation ! En cause, un flux de plus en plus dense aux heures de pointe de frontaliers pressés qui cherchent à éviter les éternels bouchons occasionnés par les 10 000 véhicules qui franchissent quotidiennement l’ancien poste de douane de Mondorf.
« Tous les matins et tous les soirs, deux cents à trois cents voitures passent par ici. C’était devenu une autoroute. Les automobilistes sont énervés, ils roulent vite… Il y a eu des chiens qui se sont fait écraser… Les gens n’en pouvaient plus », souffle Eric, un habitant d’Emerange.
Une méthode qui a fait ses preuves à Hellange
Étroit, irrégulier, débouchant sur un pont à une seule voie et traversant une zone habitée, ce chemin communal utile aux frontaliers pour qui arriver à l’heure au travail est devenu un défi quotidien l’est aussi aux agriculteurs contraints désormais de faire un long détour.
Cette borne escamotable sera en service lundi prochain et barrera la route aux automobilistes six heures par jour, le matin de 6 h à 9 h et le soir de 16 h à 19 h. Un scandale pour Joseph Ghamo, le maire de Puttelange-lès-Thionville.
Si côté français, la méthode interpelle, choque même, côté luxembourgeois, elle a déjà fait ses preuves. A Hellange, section rurale de la commune de Frisange, une borne du même type, signalées par des feux bicolores a permis, l’an dernier, d’apaiser les esprits échauffés des riverains las du défilé quotidien de voitures. « On avait une centaine de véhicules tous les jours qui passaient sous nos fenêtres, c’était devenu invivable. Les gens n’osaient même plus se promener à pied ou à vélo de peur d’être renversés. Le plot nous a changé la vie », s’enthousiasme un habitant du secteur.
« Le Luxembourg oublie que sans les frontaliers… »
Situé au-dessus de l’autoroute A13 reliant la N13 au niveau d’Hellange, à Hagen côté français, ce chemin communal permettait aux frontaliers d’éviter Frisange, très embouteillé aux heures de pointe. « C’est la cohue tous les soirs entre Roussy et Frisange. On n’arrive même plus à sortir de Basse-Rentgen », témoigne Nadine Neyb sur Facebook.
Sur les réseaux sociaux toujours, Tristan Brunni se dit « exaspéré » par la pose de telles bornes. Il écrit : « Le Luxembourg oublie que sans les frontaliers, l’économie ne marcherait peut-être pas comme ça. »
Catherine Roeder (Le Républicain Lorrain)