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«Elle avait peur qu’il tue sa mère»


Vendredi, c’était la fin de la première semaine d’un procès qui doit en durer deux au tribunal d’arrondissement de Luxembourg. (Photo : sophie kieffer)

Une amie de la victime présumée a éclairé la chambre criminelle sur la relation d’emprise qu’elle entretenait avec le prévenu avant de fuir en Chine pour lui échapper.

Suite et fin vendredi matin face à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg de l’audition de la maman de la victime présumée de Saïd. Le jeune homme est soupçonné d’avoir séduit une jeune femme pour lui prendre son argent. Comme l’a souligné Me Hellinckx, l’avocat du prévenu, «les versions de Madame divergent tout au long de la procédure. Elle a raconté que Saïd a enlevé sa fille, ce qui n’est pas correct». La septuagénaire a du mal à se justifier. «Sa fille était au volant de la voiture. Les gens qui sont enlevés ne font pas cela», ajoute la présidente de la chambre criminelle. La dame explique avoir eu très peur parce que Saïd avait «crié très fort».

Un portrait peu reluisant

Le portrait dressé depuis quatre jours du trentenaire n’est pas des plus reluisants. Il est au cœur d’un procès dont la première semaine s’est terminée ce vendredi et qui doit se poursuivre toute la semaine prochaine. À la barre vendredi, la maman de la victime présumée, à qui défense et magistrats ont reposé les mêmes questions que la veille, s’enfonce dans les contradictions. Très tactile avec son interprète, elle parle beaucoup, longtemps, fais des grands gestes, puis se plaint de problèmes de mémoire depuis que le prévenu l’aurait battue. Une attitude qui intrigue.

Les premiers témoins se sont succédé à la barre vendredi. D’autres suivront la semaine prochaine. À commencer par un ancien locataire de la victime présumée qui explique avoir pensé que le prévenu gérait les affaires de la jeune propriétaire. Pendant trois mois, tout se passe bien, selon le témoin. «Au mois d’avril 2019, Monsieur Saïd m’a demandé de l’argent en liquide pour acheter du mazout et m’a donné une quittance signée de sa main», explique-t-il. Avant et après cela, il avait pour habitude de virer l’argent du loyer sur le compte de la victime présumée. Ce mois-là, la jeune femme qui avait fui en Chine, n’a pas eu l’argent du loyer.

Une assistante sociale de la Fondation Maison de la porte ouverte explique avoir loué un studio appartenant à la victime présumée à Saïd qui a signé le bail. La fondation a versé le premier loyer sur un premier compte, rapporte-t-elle, «puis on nous a demandé de payer sur un autre compte pour le deuxième mois, mais l’argent est revenu». La jeune femme n’aurait rencontré la victime présumée qu’après qu’elle est allée chercher de l’aide auprès de la fondation à la suite de sa relation avec le prévenu.

Madame Li ne se tait plus

«Mon amie était beaucoup plus heureuse qu’avant au début de leur relation, mais cela a changé. Elle est devenue une autre personne après quelques mois», se souvient Madame Li, une salariée et amie de la victime présumée. «Elle ne parlait plus. Un jour, elle cachait un œil au beurre noir avec des lunettes de soleil. (…) Elle m’a dit que Saïd l’avait frappée.» La quadragénaire dit avoir été sous le choc après cette révélation parce que «Saïd était quelqu’un de gentil». Madame Li dit avoir constaté des hématomes à plusieurs reprises. «Elle n’avait pas le courage de le dénoncer ou de le quitter parce qu’il la menaçait», répond-elle aux questions de la présidente de la chambre criminelle.

« Elle avait peur que Saïd tue toute sa famille »

Madame Li a prêté de l’argent à la victime présumée pour l’aider à fuir. «Elle avait peur que Saïd tue toute sa famille. Elle avait peur qu’il la tue aussi», poursuit la témoin qui prétend avoir aussi commencé à avoir peur du prévenu après les aveux de son amie. «Elle m’avait dit de ne pas lui laisser entrevoir que je savais tout», explique Madame Li. Ni que la victime présumée était en Chine. Saïd exerçait une pression sur elle, dit-elle, pour savoir où se trouvait la victime présumée. Par peur et croyant obtenir de la tranquillité, elle a accepté de donner de l’argent au prévenu et à aller travailler dans le restaurant que Saïd avait ouvert avec sa victime présumée. «Je n’en dormais plus. J’avais peur qu’il enlève mon fils à l’école», raconte-t-elle.

De son sentiment, Saïd aurait «forcé» la victime présumée à rentrer de Chine. «Elle m’a dit que Saïd l’avait menacée de tuer sa mère si elle ne quittait pas la Chine», témoigne-t-elle alors que la présidente part à la pêche aux informations sur l’altercation que le prévenu et sa maman sont supposés avoir eu au domicile de cette dernière au retour de Chine du couple la veille de l’arrestation du prévenu.

«Quand il était en prison, il m’a téléphoné pour me demander de ne pas parler à la police», ajoute Madame Li. Une pierre supplémentaire dans le jardin de Saïd qui en compte plus qu’un jardin zen.

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