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Elle accuse son oncle de l’avoir violée : son père la traite de menteuse


«En me ramenant à la maison, il m’a traitée de menteuse parce que si mon agresseur présumé était remis en liberté, c’est qu’il n’y avait pas de preuves contre lui», explique Joanna.

Un père est accusé d’avoir tenté d’influencer sa fille pour qu’elle retire les accusations de viol portées contre son beau-frère. Il suspecte son ex-épouse d’avoir manipulé l’adolescente.

Le vendredi 25 juin 2021, Joanna n’est pas rentrée de l’école. Ses parents s’inquiètent. Vers 21 h, la jeune fille donne enfin signe de vie à sa maman : elle se trouvait à la gare de Luxembourg et une fille voulait la frapper.

Son père, parti à sa recherche, la retrouve pourtant derrière la Coque et la gronde. Trois jours plus tard, une plainte est déposée à l’encontre de Manuel pour tentative de subornation de témoin et menaces.

Joanna, alors âgée de 15 ans, accuse son oncle de l’avoir violée lors des fêtes de Noël 2020 et son père de ne pas l’avoir soutenue. Pire, il l’aurait traitée de menteuse, affirme la jeune fille.

Le 25 juin 2021, il aurait recommencé, lui apprenant notamment que son oncle était sorti le jour même de détention préventive où il avait été placé dans le cadre de la procédure judiciaire entamée à la suite du dépôt de plainte de la part de Joanna.

«Je m’attendais à être soutenue par mon père. Il a pris parti pour mon agresseur. Cela m’a déçue et blessée. Je n’ai pas compris», a indiqué la jeune fille hier à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

«En me ramenant à la maison, il m’a traitée de menteuse parce que si mon agresseur présumé était remis en liberté, c’est qu’il n’y avait pas de preuves contre lui. Pourquoi aurais-je inventé une telle histoire? Je n’avais aucune raison.»

Manuel reconnaît avoir traité sa fille de menteuse, mais «parce qu’elle avait mis sa mère sur une fausse piste en disant se trouver à un endroit où elle n’était pas et en prétendant ne pas avoir emporté son smartphone pour lui téléphoner alors que c’était faux».

«Il y avait une procédure judiciaire en cours. Ce n’était pas à moi de décider de qui disait la vérité ou pas», ajoute-t-il. L’oncle en question a été acquitté par la chambre criminelle faute de preuves contre l’incriminant et parce que les juges ont estimé que la maman de Joanna a pu influencer son récit. Le jugement a été confirmé en appel.

Prouver au lieu d’estimer

Joanna et sa maman reprochent au prévenu de mettre en doute la parole de la jeune fille. «Mon père prétend que j’ai halluciné, que j’ai rêvé», ajoute Joanna. «Il a même dit qu’il regrettait de m’avoir accompagnée pour porter plainte.»

À son ex-épouse, Manuel aurait dit que l’oncle la «traînerait en justice». Ces propos qu’il est accusé d’avoir tenus, lui valent d’être accusé de tentative de subornation de témoin et de menaces verbales. On le soupçonne d’avoir tenté par ce biais de forcer Joanna sinon à retirer sa plainte, au moins à modifier ses dépositions.

Manuel serait très proche de son beau-frère et aurait tenté d’étouffer les faits en refusant dans un premier temps de les dénoncer à la police et de l’accompagner chez un médecin pour faire constater les faits, selon Joanna et sa maman. Le prévenu affirme que cette dernière «veut manipuler tout le monde».

L’affaire donne le tournis. A écouter les différentes parties, on ne sait plus qui a essayé de manipuler l’adolescente. «J’estime que le prévenu a fait pression sur sa fille», a plaidé la représentante du ministère public avant de requérir une peine de 6 mois de prison à son encontre.

La tentative de subornation de témoin dans le cadre d’une procédure judiciaire en cours serait donnée, contrairement aux menaces. L’avocat de la défense, Me Schons, n’est absolument pas du même avis que la parquetière.

Pour lui, les éléments constitutifs de la tentative de subornation de témoin ne sont pas donnés. «Le ministère public doit en apporter la preuve, pas uniquement estimer», s’est-il emporté. «Six mois de prison ont été requis sur absolument rien.»

Son client a grondé sa fille pour des faits qui n’ont absolument rien à voir avec la procédure pénale, répète l’avocat. L’accusation se base, selon lui, uniquement sur les déclarations de l’ex-épouse de Manuel qui «ne lui veut pas que du bien».

En outre, rien ne prouve qu’au moment de la tentative présumée, Joanna avait été citée comme témoin dans la procédure en cours. Me Schons a plaidé en faveur de l’acquittement de son client.

Le prononcé est fixé au 18 janvier 2024.

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