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Elections législatives : pour ou contre les panneaux électoraux ?


Une personne a tiré une balle dans l’affiche représentant Sam Tanson, candidate des vert, en visant la tête. Une plainte a été déposée.  (Photo : déi gréng)

Les panneaux électoraux influencent-ils les électeurs ? Ils rappellent juste qu’il faut aller voter le 8 octobre et servent aux haineux qui se défoulent sur eux.

Les verts sont encore sous le choc. Les moustaches, ça passe encore pour une blague de potache, mais avec une balle tirée sur l’affiche de Sam Tanson à Grosbous, plus personne ne rigole, d’autant qu’elle est venue se loger en pleine tête de la candidate des écolos. L’appel à la haine a atteint un nouveau degré et déi gréng se demandent quelle sera la prochaine étape.

«Cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression. S’il vous plaît, si vous ne cautionnez pas notre politique, alors utilisez votre droit de vote et tout autre moyen dont vous disposez dans notre démocratie pour l’exprimer. Mais s’il vous plaît, laissez vos armes en dehors du jeu», écrivent-ils sur les réseaux sociaux.

On se souvient de la campagne de 2018 et du message antisémite gribouillé sur une affiche où figuraient Corinne Cahen et Xavier Bettel. Le mot « Juden » (juifs) avait été tagué avec une flèche pointée sur leurs deux noms. Une plainte contre X avait été déposée à l’époque et les verts en ont fait autant, hier, pour l’affiche de Sam Tanson.

«Une pollution visuelle»

Déjà en 2018, les candidats estimaient que les messages ou les tags sur les affiches étaient devenus plus fréquents. Visiblement, les choses évoluent encore dans le mauvais sens. Faut-il encore mettre autant de panneaux le long des routes ? Est-ce qu’ils influencent vraiment les électeurs ? «Absolument pas !», répond cette automobiliste en train de faire son plein d’essence dans une station-service à Mondorf-les-Bains. «Ici, il passe plus de frontaliers que de Luxembourgeois qui ont le droit de vote, alors autant vous dire que tous ces panneaux accrochés sur les lampadaires depuis Luxembourg jusqu’ici ne servent quasiment à rien», répond cette (rare) électrice croisée sur la piste.

«Je trouve que c’est une véritable pollution visuelle et de l’argent foutu en l’air pour pas grand-chose», poursuit-elle. «Vous pouvez mettre tous les slogans que vous voulez, les gens ne sont plus dupes et en ont plutôt ras le bol de voir toutes ces têtes», dit-elle encore, avant de conclure que «ces affiches électorales représentent plus un danger pour la sécurité routière qu’autre chose».

Détourner l’attention de l’automobiliste

D’ailleurs, est-ce le cas ? Quand les affiches sont manipulées, taguées, le message détourné, cela attire davantage l’attention de l’automobiliste, qui peut rire du sort réservé aux candidats, c’est vrai. Interrogée sur le sujet, la directrice de la Sécurité routière, Isabelle Medinger, estime que «toutes les distractions sont mauvaises, mais les affiches n’ont jamais provoqué d’accident à ce que je sache et nous n’avons jamais reçu de réclamation à ce sujet», affirme-t-elle.

Il y a bien eu un appel, cependant, concernant un panneau qui gênait un feu place Dargent dans la capitale. «Le problème de la sécurité routière, ce ne sont pas les panneaux électoraux, et s’ils sont gênants, les Pont et Chaussées peuvent les déplacer», rappelle Isabelle Medinger.

Il est interdit de placer des panneaux électoraux dans le domaine des autoroutes, d’un carrefour ou d’un giratoire. Il faut les placer aussi de manière à ce qu’ils ne masquent pas les panneaux de signalisation.

«On dirait qu’ils sont suspendus depuis 15 ans !»

Alors, pour ou contre les panneaux ? «Absolument contre !», nous dit cet automobiliste qui en croise plus que de raison sur son trajet. «En plus, ils sont moches, délavés par le soleil et la pluie, on dirait qu’ils sont suspendus depuis 15 ans !» Pendant que tous les candidats se plaignent du traitement qui leur est réservé sur les affiches qui exposent leur tête, les électeurs, eux, sont soûlés de les voir fleurir dans leur paysage. «On a l’impression que c’est de l’affichage sauvage et je me demande si les règles sont bien respectées», ajoute-t-il.

Selon l’administration des Ponts et Chaussées, qui a justement rappelé ces règles en début de campagne, les partis politiques doivent d’abord effectuer une demande de permission de voirie auprès du service régional concerné (ou au ministère de la Mobilité et des Travaux publics pour les élections législatives). Pour les élections communales, les panneaux devaient être enlevés le 21 juin au plus tard. Pour les élections législatives, ils ne devaient pas être mis en place avant le 2 septembre et doivent être enlevés pour le 18 octobre au plus tard.

Aucun parti épargné

En revanche, il arrive encore trop souvent que des panneaux électoraux restent en place des semaines après la date limite. Si les partis se dépêchent de les installer dès le 2 septembre dans la nuit (!), ils traînent parfois des pieds pour les retirer.

Quant aux candidats affublés d’une moustache, d’une perruque ou d’un maquillage outrancier, personne n’est épargné. Tous les partis politiques s’en plaignent dans les réseaux sociaux, certains en rient. Mais dans le cas des messages chargés de haine, des plaintes sont déposées, qui n’aboutissent pas en général, vu la difficulté de retrouver les auteurs.

Avec la balle tirée dans la tête de Sam Tanson, un cap dangereux a été franchi. L’occasion, peut-être aussi, de réfléchir à une autre manière de battre campagne sur la voie publique.

2 plusieurs commentaires

  1. Jamais mon vote ne sera influencé par un panneau, c’est un gaspillage inadmisssible.

  2. les panneaux sont énervants, moches, pollution, gaspillage… à bannir!