Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, fustige le refus du président turc de voir la Suède et la Finlande intégrer l’OTAN. La «mentalité» affichée par Recep Tayyip Erdogan serait comparable à celle qui prévaut sur les «bazars turques».
Le président turc a quelque peu refroidi, lundi, les espérances de voir la Finlande et la Suède rapidement intégrer l’OTAN. Au départ, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, avait assuré que les deux pays seraient accueillis «à bras ouverts». Recep Tayyip Erdogan est toutefois venu brouiller la perspective d’une unanimité sans difficulté, en se disant hostile à leur arrivée.
L’argument avancé par le président turc équivaut, aux yeux de Jean Asselborn, à une «mentalité» digne d’un «marchand de bazar». Recep Tayyip Erdogan a en effet reproché à la Finlande et la Suède de faire preuve de mansuétude envers les rebelles kurdes du PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) considéré comme organisation terroriste.
«Erdogan veut faire monter les enchères»
«Je ne pense pas que ce soit vraiment la question kurde qui préoccupe le président Erdogan. Sa véritable intention est de faire monter les enchères», estime Jean Asselborn dans une interview accordée ce mardi matin à la chaîne allemande ZDF.
Le chef de la diplomatie luxembourgeoise renvoie vers le refus des États-Unis à livrer des avions de chasse du type F-35 à la Turquie. Washington avait motivé son blocage par l’acquisition par la Turquie d’un bouclier antimissile russe. Désormais, Ankara cherche à obtenir des F-16. Les tractations sont en cours au Congrès américain. Avec sa menace de fermer la porte de l’OTAN à la Finlande et la Suède, le président turc chercherait à mettre la pression sur Washington pour obtenir gain de cause.
«Il joue un jeu dangereux»
«Il joue un jeu dangereux. On ne doit pas perdre de vue que la population finlandaise et suédoise cherche à trouver refuge sous le bouclier de protection qu’offre l’OTAN. Les choses ne peuvent pas trainer», reprend le ministre des Affaires étrangères. Dans une autre interview, accordée à la radio Deutschlandfunk, Jean Asselborn a ajouté que «la Turquie ne peut pas endosser la responsabilité de refuser aux deux pays de devenir membres de l’OTAN».
Les propos du chef de la diplomatie luxembourgeoise résonnent fortement ce mardi en Allemagne. Le magazine de référence Der Spiegel a notamment envoyé une notification pour attirer l’attention sur l’intervention de Jean Asselborn.
Je n’aime pas beaucoup Erdogan. Mais sur ce sujet, force est de constater que c’est lui qui a raison.
Elarir l’OTAN à la Suède et surtout à la Finlande serait une sottise gravissime. Il suffit de connaître un peu l’histoire pour en être convaincu.