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La laïcité mise à mal


La laïcité est mise à rude épreuve en France. Les tensions sont telles entre les différentes communautés que, sous prétexte de « neutralité », le métro parisien a refusé la mention « au bénéfice des chrétiens d’Orient » sur l’affiche annonçant un concert de charité. On en est arrivé à un point tel que toute mention de religion doit être rayée de l’espace public, comme inexistante. La tradition française relègue la pratique religieuse au cercle privé. Chez notre voisin, le moindre signe religieux est vu comme une provocation. Cachez ce voile/kippa/croix (rayez la mention inutile) que je ne saurais voir. Le métro parisien a voulu jouer la prudence en évitant la polémique, eh bien, c’est raté.

Il y a quelques jours, les instances musulmanes se réunissaient au Bourget et ont exprimé ce que tout le monde sait déjà, mais refuse de voir : un manque cruel de mosquées se fait sentir en France. Les lieux de culte ne répondent pas à la réalité que constituent 4 à 5 millions de fidèles. Alors, on peut continuer avec des œillères en se cachant derrière la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, qui voudrait que les musulmans financent eux-mêmes leurs lieux de culte. Ce que les catholiques n’ont pas eu à faire, puisque la construction de la plupart des églises est antérieure à la loi. Si personne ne s’offusque à propos des clochers qui peuplent les villages de France, en revanche, la construction d’une mosquée même discrète pose en général problème. Sont sans doute à incriminer la peur de perdre sa culture ou la peur de la différence.

Mais il va falloir se rendre à l’évidence. Faute de lieux de culte et d’imams éclairés et tolérants, les jeunes se tournent vers internet. C’est là que se forment les apprentis terroristes et que les extrémistes pullulent. Refuser de trouver des financements publics, c’est à coup sûr ouvrir les portes d’un financement par des pays qui n’ont pas de culture démocratique et n’ont que faire de la laïcité et du vivre-ensemble. C’est d’une certaine façon dire aux musulmans français qu’il fallait arriver avant, qu’il est désormais trop tard pour eux.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)