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Économie circulaire : des orientations à revoir


Les États membres ont privilégié la gestion des déchets à la conception circulaire des produits. (photo archives Editpress/Fabrizio Pizzolante)

Deux plans d’action et dix milliards d’euros ont été dévolus par l’UE à l’économie circulaire ces dernières années. Des mesures qui n’ont guère porté leurs fruits dans les États membres.

Chaque année, pas moins de 2,2 tonnes de déchets sont générées dans l’Union européenne. En termes absolus, le Luxembourg, avec ses 793 kilos de déchets par personne et par an, fait partie des pays – avec l’Autriche, le Danemark et la Belgique – dans lesquels la production de déchets municipaux est la plus élevée. Or les déchets, ménagers et autres, ont un impact non seulement sur l’environnement et les ressources naturelles (que ce soit au moment de leur production ou de leur traitement), mais aussi sur la santé.

Depuis une décennie, l’UE tente donc sinon d’en finir, du moins de réduire le «cycle linéaire « extraire-fabriquer-jeter »» et veut valoriser l’économie circulaire, dans laquelle les produits ont une durée de vie plus longue (l’UE parle de «maintenir la valeur des produits, des matières et des ressources») et les déchets sont réduits au minimum. Cette économie présente des avantages assez évidents pour le citoyen-consommateur, mais aussi pour les entreprises, puisque les ressources sont utilisées plus efficacement.

Pour atteindre l’objectif qu’elle s’est fixée, à savoir que la part des matières recyclées réintroduites dans l’économie soit doublée d’ici 2030 ( pour atteindre 60 % des déchets municipaux), la Commission européenne avait mis en place deux plans d’action, l’un en 2015 et l’autre en 2021, et prévu un soutien financier de plus de 10 milliards d’euros entre 2014 et 2020.

Mais un rapport de la Cour des comptes européenne publié cette semaine montre que les pays de l’UE sont toujours «à la peine» en matière d’économie circulaire et que «peu de signes jusqu’à présent» montrent un avancement sur cette voie, «malgré l’action de l’UE», qui n’a eu «qu’une incidence limitée sur la transition des Vingt-Sept». Certains pays, dont le Luxembourg, triste vainqueur, ont même régressé durant la période. Pour les auditeurs, dans ces conditions, l’objectif fixé «pourrait donc bien se révéler un pari impossible».

Privilégier la conception plutôt que la gestion des déchets

Pourtant, des efforts ont été faits. Mais les États membres, explique le rapport, ont «consacré la grande majorité des fonds» alloués par l’UE à «la gestion des déchets plutôt qu’à leur prévention», prévention qui passe par la conception circulaire des produits et des processus de production. Par exemple, dans le secteur de la construction, il s’agit de penser dès la conception du bâtiment à la manière de l’utiliser à son maximum, de minimiser l’utilisation des ressources naturelles pour l’ériger, mais aussi de réfléchir à la façon dont son démantèlement pourra permettre de réutiliser et recycler les matériaux.

Si les États avaient misé davantage sur ces deux aspects (conception et processus de production), l’impact en faveur de l’économie circulaire aurait été plus net, assurent les auditeurs : la conception d’un produit détermine en effet 80 % de son incidence sur l’environnement. Face à ce constat, pour la Cour des comptes, la CE doit donc veiller à «mieux orienter» ses subventions, de sorte qu’elles servent davantage à financer la conception circulaire des produits et des processus de production.

Le rapport spécial 17/2023 intitulé «Économie circulaire – Une transition lente dans les États membres malgré l’action de l’Union européenne» est disponible sur le site internet de la Cour des comptes européenne.

Obsolescence programmée

L’obsolescence programmée est une pratique qui consiste à réduire délibérément la durée de vie d’un produit en le rendant inutilisable, fragile, démodé ou incompatible avec d’autres produits, obligeant ainsi le consommateur à le remplacer. L’exemple le plus célèbre étant l’ampoule électrique dont la durée de vie a été réduite par des industriels dans les années 1920 (le fameux «Cartel Phoebus»). Lutter contre l’obsolescence programmée est donc évidemment un enjeu de toute importance pour aller vers plus de durabilité. Mais comment la détecter? Pour la Commission européenne, cela «relève de la gageure». Le projet européen Prompt participe en tout cas à tester des produits du secteur électrique et électronique. Des observatoires des pannes ont aussi été fondés (comme celui de l’UFC-que-choisir) pour signaler les appareils en panne.

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