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Dudelange : derrière les fresques, Nico Loes…


Nico Loes, 77 ans, (presque) né avec un pinceau dans la main ! (photos Isabella Finzi et DR)

Alors que Noël approche, nous avons rencontré l’auteur des fameuses fresques qui ornent les vitrines. Nico Loes, 77 ans, peint depuis 70 ans !

Nicolas LoesLa première fois qu’il a peint, c’était avec des pots récupérés dans une décharge d’artisan. De la peinture séchée que Nico, alors gamin de sept ans, avait réchauffée avec de l’eau. L’enfant de Dudelange (il y tient) s’était alors lancé dans sa première fresque, avec un pinceau de peintre en bâtiment. «Du douze centimètres», explique-t-il. Soixante-dix ans plus tard, une moustache et une tignasse blanche en plus, Nico n’a pas changé. C’est toujours avec un gros pinceau carré qu’il réalise ses fresques, en utilisant les angles pour la finesse du trait.

«Je ne me sers que du noir et du blanc, de la peinture qui s’efface facilement», précise-t-il à propos des décorations de Noël. Nico peint avec un don du ciel, en se souvenant des hivers et de la ville de son enfance. Ici un vieux café, plus loin le clocher de l’église de Dudelange, des sapins et une pleine lune qui n’a peut-être jamais existé. «J’invente, sourit l’artiste. Vous n’allez pas me croire, mais une vitrine, ça me prend un quart d’heure…» Si, on veut bien le croire. Car Nico n’a jamais pris de cours d’art, il a appris tout seul. Sa main danse quand il dessine pour nous sur un bout de papier. «Fais-moi ta signature», demande-t-il d’un coup. En quelques traits, la gribouille devient un vilain canard en train de boire une bière… «C’est toi, non ?»

Des murs de Dudelange jusqu’en Espagne

Même en dehors de Noël, les peintures de Nico jalonnent Dudelange. Il réalise des fresques pour «des amis», comprendre la moitié de la commune. Au boulodrome couvert, au café Yuppy, dans les administrations et même de l’autre côté de la frontière, à Kanfen ou Volmerange-les-Mines. «J’ai peint pour des magasins en Espagne aussi, à Malaga, là où je vais en vacances. Je vends même des coquillages avec de petites peintures de paysages, les gens trouvent ça chouette…»

490_0008_14882254_nico_loes_drIl nous en offre un. On sourit en voyant le ciel bleu, la mer, les bateaux : c’est vrai que c’est beau. On est content pour Nico, qui vit désormais cinq mois par an sous le soleil, lui le gamin de Dudelange qui a grandi avec une mère au foyer et un papa ouvrier. «Là-bas, à la Schmelz ?», interroge-t-on en pointant du doigt le bas de la rue. «Oui, là-bas, répond Nico. Mais c’est dans l’autre sens mon grand, tu te plantes de direction…» La rencontre entre l’autochtone et le journaliste fait sourire le bar.

«Mon papa était peintre aussi, reprend l’artiste. Il peignait après l’usine, il avait le truc, c’était son terrain de jeu la toile.» Les parents de Nico ont rapidement repéré son don. Dès quinze ans, l’adolescent est envoyé en Ville pour se former aux techniques de décorateur de vitrine. «Mais ça n’avait rien à voir avec la peinture, c’était pour apprendre à composer de belles vitrines.» Un boulot qu’il fera toute sa vie : «Habiller et déshabiller les mannequins !», lance-t-il, facétieux.

Nico Loes s’est mis à la sculpture récemment. Il a par exemple réalisé le bouliste du club de pétanque. Il a aussi fait de l’aérographie en remportant un concours prestigieux de «customisation» de voitures. Mais le pinceau d’artisan, avec lequel il a tout appris, lui manque trop. Il dit qu’il veut peindre jusqu’à ce qu’il meurt, «et ça ne sera pas demain».

Deux de ses enfants font de la peinture, ses petits-enfants s’y mettent également… «La dernière fois, ma petite-fille m’a dit : Il faut que tu m’apprennes pour qu’on continue à décorer les murs quand tu ne seras plus là.»

Hubert Gamelon

Cœur de lion

L’anecdote vaut le coup… On l’aura compris, Nico Loes est capable de peindre n’importe où. En 1976, il se trouve à un championnat de karting près de Rimini, en Italie. Les organisateurs sont confus… ils se sont plantés de drapeau entre le Luxembourg et les Pays-Bas. Nico demande un bout de tissu. Un organisateur apporte un drap piqué dans l’hôtel le plus proche. Nico dessine alors un lion rouge en cinq minutes… juste à temps pour le départ !

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