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Droit à l’avortement : les Luxembourgeoises prêtes à se défendre


Plusieurs centaines de manifestantes ont donné de la voix devant l'ambassade des États-Unis. Photo : Hervé Montaigu

Plusieurs centaines de personnes, majoritairement des femmes, se sont réunies devant l’ambassade des États-Unis, ce mardi 28 juin, en soutien aux femmes américaines après la décision de la Cour suprême de dynamiter le droit à l’avortement.

«My body, my choice !», «Solidarité avec les femmes du monde entier!». Ils étaient plusieurs centaines de manifestants, surtout des manifestantes, à reprendre en chœur et avec toute leur force ces phrases devant l’ambassade des États-Unis à Luxembourg, mardi, à 12 h 30. Toutes et tous répondaient à l’appel lancé par le Planning familial et ses partenaires quelques jours auparavant.

«La situation était trop urgente. Nous avons décidé dès samedi d’organiser ce sit-in en soutien aux femmes américaines», explique Ainhoa Achutegui, la présidente du conseil d’administration du Planning familial.

Samedi, c’est-à-dire, au lendemain de la décision historique de la très conservatrice Cour suprême des États-Unis de dynamiter le droit à l’avortement. Comment ? En mettant fin à un arrêt qui permettait, depuis près d’un demi-siècle, aux femmes de disposer de leur corps.

Arkansas, Alabama, Louisiane, Utah, Wisconsin… Aujourd’hui, l’avortement est déjà illégal dans neuf États. Sept autres comme le Texas ou le Tennessee devraient leur emboîter le pas dans les jours à venir. Partout dans le monde, les réactions d’indignation se sont multipliées.

«Des milliers de femmes se retrouvent dans des situations effrayantes et en réel danger de mort. Nous ne les abandonnerons pas. Nous pleurerons avec les femmes américaines», lance Ainhoa Achutegui depuis son mégaphone lors de son discours devant l’ambassade, entre les manifestantes et une voiture de police.

«Les femmes continueront à réaliser des avortements, comme cela a toujours été fait. Mais dans des situations qui les mettent en danger», poursuit-elle. «Interdire l’accès à l’avortement légal ne fera pas diminuer le nombre d’avortements.»

«Nous avons besoin d’alliés»

Le Planning familial se dit «satisfait» de cette mobilisation préparée dans l’urgence. L’évènement était aussi l’occasion de rappeler ses revendications, notamment celui d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution luxembourgeoise.

Le Planning familial souhaite également l’autorisation de l’IVG jusqu’à 14 semaines de grossesse et un accès à toutes les femmes avec ou sans caisse de santé, la suppression du délai de réflexion et l’instauration d’un délit d’entrave à l’IVG. 

«Certains politiques sont avec nous, mais nous avons encore du travail. Nous avons besoin d’alliés, nous avons besoin des hommes. Ce combat est aussi le leur», souligne la présidente du Planning familial.

Au Luxembourg, à l’annonce de la décision de la Cour suprême européenne, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a fait rapidement part de sa réaction sur Twitter : «Rendre les avortements illégaux n’est pas pro-vie. C’est antichoix. C’est antifemmes. Cela ne sauvera pas de vies. Cela va tuer des femmes.» 

Hier, déi Lénk a annoncé rejoindre la volonté du Planning familial en voulant inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. Quelques heures après le sit-in devant l’ambassade des États-Unis et en réaction à la situation au pays de l’oncle Sam, la Chambre des députés votait une résolution visant à s’opposer contre toutes les restrictions aux droits des femmes. La députée Carole Hartmann est l’auteure de cette résolution.

La peur de revenir en arrière

Des signaux encourageants de la part des politiques luxembourgeois en direction d’une population qui craint un possible recul des droits.

Dans la foule présente à l’occasion de la manifestation, Maëlle, la vingtaine, s’indigne : «C’est un combat que l’on pensait gagner et cela nous prouve une nouvelle fois que rien n’est acquis. On pensait que nos mères et nos grand-pères avaient gagné cette bataille et finalement ça retombe une nouvelle fois sur les femmes. Il n’y a pas d’autres sujets plus importants ? L’environnement par exemple ?»

 

Danielle, 50 ans, renchérit : «Si les hommes pouvaient tomber enceints, toutes ces questions autour de l’avortement ne se poseraient pas.» Au ras-le-bol s’ajoute souvent la peur. Léo, 21 ans, pense que «les États-Unis donnent l’exemple au reste du monde» et espère que la décision prise à propos de l’avortement n’aura pas d’influence sur d’autres pays.

«L’exemple des États-Unis nous montre que l’on peut toujours rechuter, notamment avec des politiques d’extrême droite. Les grandes féministes nous avaient alertés et c’est arrivé», remarque Ainhoa Achutegui.

Un commentaire

  1. Ce sujet sans objet en Europe permet de ne pas parler de la crise économique qui arrive à grands pas, conséquence des décisions stupides des autorités européennes.