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Double meurtre de Montigny-lès-Metz : trente ans de questions et le mystère Heaulme


Plus de 30 ans après le double meurtre de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, un cinquième procès s'ouvre ce mardi. (photos archives AFP)

Francis Heaulme comparaît à partir de mardi pour le double meurtre de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, à Montigny-lès-Metz le 28 septembre 1986.

FILES-FRANCE-JUSTICE-HEAULMEPlus de 30 ans après les meurtres des deux garçons de 8 ans, tués à coups de pierre sur le talus d’une voie ferrée, le tueur en série Francis Heaulme comparaît aujourd’hui devant les assises pour le cinquième procès de cette affaire et beaucoup espèrent qu’il sera la dernier. S’il comparaît seul, le surnommé «routard du crime», âgé de 58 ans, déjà condamné pour neuf meurtres, dont deux fois à la perpétuité, n’est pas le premier suspect dans ce dossier, dont les preuves ont été détruites puisque un autre homme, Patrick Dils, était en prison.

La cour d’assises va consacrer trois semaines à cette affaire qui a déjà connu de nombreux rebondissements, à commencer par la double condamnation puis l’acquittement de Patrick Dils, accusé à tort d’avoir fracassé le crâne de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, retrouvés morts sur le talus d’une voie ferrée de Montigny-lès-Metz le 28 septembre 1986. Des dizaines d’années, des accusés et des suspects finalement blanchis, des centaines d’articles, reportages et commentaires sur cette affaire extrêmement médiatisée «peuvent compliquer» le procès, reconnaît une source judiciaire. «Cela peut provoquer des mélanges dans la procédure orale, de l’autopersuasion». Mais cela n’empêche pas les familles d’espérer. «On y va sereinement», explique Me Dominique Boh-Petit, avocate de Chantal Beining, la mère de Cyril. «Découragées, un peu désabusées», les parties civiles «ont l’espoir d’arriver enfin à la vérité, mais avec une dose de scepticisme», avance de son côté Me Thierry Moser, avocat de la famille Beckrich. L’avocate de Francis Heaulme, Me Liliane Glock, juge que ce procès ne sera «ni sérieux, ni équitable», alors que les scellés ont été détruits en 1995, lorsque Patrick Dils était encore sous les verrous. Le verdict, quel qu’il soit, «ne convaincra que la moitié du public», assure la pénaliste.

Des éléments troublants

Dans ce dossier, plusieurs pistes ou certitudes ont déjà volé en éclats. D’abord celle de la culpabilité de Patrick Dils, qui n’avait que 16 ans au moment du double meurtre, et 31 lorsqu’il a été innocenté en 2002, après 15 ans en prison. Ensuite la piste Henri Leclaire : ce manutentionnaire, qui en 1986 travaillait non loin du lieu du crime, avait déjà été soupçonné dans les années 1980. En 2014, son nom revient de manière spectaculaire dans la procédure, sur la base d’un témoignage tardif : une femme affirme que Leclaire, en 2012, lui a confié en «criant et gesticulant», qu’il avait «attrapé» les enfants, tout en répétant qu’il ne les avait pas tués. Mais la justice considérera ces éléments insuffisants.

Début 2017, Henri Leclaire est définitivement blanchi. Reste la piste Francis Heaulme. Sa présence avérée à Montigny, en 1986, a beaucoup contribué à l’acquittement de Patrick Dils. Mis en examen une première fois en 2006, avant de bénéficier d’un non-lieu, il a finalement été renvoyé devant les assises en 2013. Un premier procès s’ouvre en 2014 à Metz, mais est interrompu après deux jours, à cause des soupçons pesant sur Henri Leclaire. Ce dernier étant blanchi, c’est le retour à la case départ pour le «routard du crime». Il a reconnu avoir aperçu les deux enfants vivants, puis morts, et a décrit les lieux avec précision. Et les enquêteurs, qui ont relevé de nombreuses similitudes avec certains de ses meurtres, ont conclu que l’affaire de Montigny-lès-Metz portait sa «quasi-signature criminelle».

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