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Don d’organes : à vélo pour sauver des vies


(photos Claude Lenert)

Dimanche, la 13e édition du «Spinning Marathon» a eu lieu à Luxexpo The Box. Malgré son succès, l’évènement, qui vise à sensibiliser au don d’organes, met aussi en lumière une situation alarmante liée à une pénurie.

C’était un flux constant de visiteurs qui allaient et venaient, dimanche, dans le hall sud de Luxexpo The Box. Facilement repérables : tous portaient la même tenue cycliste bleu et jaune, estampillée «journée mondiale du Don d’organes» et sertie, au dos, d’une reproduction du petit «passeport de vie» mauve que possède tout donneur d’organes au Grand-Duché.

À l’intérieur du bâtiment, des dizaines de personnes donnaient simultanément de leur énergie pour promouvoir un acte généreux et solidaire, en participant à la treizième édition du «Spinning Marathon», organisé par Luxembourg Transplant, l’organisme qui gère les dons et les transplantations d’organes au Grand-Duché, avec la collaboration du ministère de la Santé.

Si la date de la journée mondiale du Don d’organes est fixée au 17 octobre, le «Spinning Marathon», qui anticipait celle-ci d’une semaine, se dédiait à la sensibilisation d’une cause qui a encore du mal à faire l’unanimité au Luxembourg.

«C’est une question de vie ou de mort, littéralement», glisse Pascal, l’un des participants. Des dons, «il n’y en a jamais assez… Et puis, ça ne coûte rien», souligne-t-il. La petite carte mauve qui atteste que l’on est donneur d’organes est effectivement disponible gratuitement dans les pharmacies, cabinets médicaux ou dans les administrations communales; il est également possible de la commander en ligne sur le site Sante.lu.

Des chiffres toujours alarmants

Malgré tout, le Luxembourg continue de compter parmi les mauvais élèves européens en matière de dons d’organes. Dans les chiffres, cela est flagrant : en 2011 – année de fondation de l’ASBL Protransplant.lu –, le Luxembourg comptait 17,6 donneurs par million d’habitants, quand la Croatie plafonnait à 33,6 donneurs par million d’habitants.

En 2015, alors que les champions croates poussaient légèrement leur score (33,7 donneurs par million), le Grand-Duché chutait en dernière place, à 5,3 donneurs par million. Et bien que le pays soit membre du réseau Eurotransplant, qui permet à des patients en attente d’une greffe d’être transplantés à l’étranger, le ministère de la Santé continue de parler d’une pénurie «alarmante».

En 2021, neuf nouveaux patients se sont ajoutés à la liste d’attente prétransplantation dans l’un des 79 centres du réseau Eurotransplant, portant le chiffre total à 90; seuls 32 d’entre eux ont pu recevoir une greffe à l’étranger. Par ailleurs, seuls deux prélèvements multiorganes et trois autres dons ont au lieu au Luxembourg l’année dernière.

«On s’étonne de découvrir qu’en termes de don d’organes, le Luxembourg reste un pays sous-développé, surtout quand on voit qu’un tel évènement ramène du monde, que les gens sont sensibilisés», raconte Claire, qui s’apprête à grimper sur un vélo. Elle est venue seule, mais ne tardera pas à être rejointe par un groupe d’amis, parmi lesquels une greffée, encore fragile, et qui assistera émue à l’effort collectif, encouragé par une sono qui crache des chansons cultes, de Beyoncé à Bonnie Tyler, transmettant aux participants une énergie folle.

«De la vie, plus de vie»

La loi sur le prélèvement d’organes et de tissus humains, qui remonte à 1982 (soit deux ans après la première transplantation rénale faite à partir d’organes prélevés au Luxembourg) stipule que toute personne décédée est potentiellement donneuse d’organes.

Dans la pratique, pourtant, les choses sont bien différentes : généralement, les médecins préfèrent procéder au prélèvement avec le consentement des proches du défunt qui, bien souvent, manifestent leur refus.

La pandémie de Covid-19 n’a rien arrangé. Au Grand-Duché comme dans le monde entier, les activités de prélèvement et de transplantation ont été largement réduites. «Je comprends que les choses aient empiré avec le covid, reprend la jeune femme. On a vu que le personnel hospitalier a eu du mal à s’en sortir. Ce qu’on a vu aussi, pendant cette période, c’est qu’on a constamment parlé de solidarité, et le don d’organes est une belle façon de l’exprimer.» On l’entend à plusieurs reprises sur la scène de Luxexpo : ici, on réclame «de la vie, plus de vie».

L’ASBL Protransplant.lu fait savoir que statistiquement, six personnes meurent chaque année au Luxembourg, faute d’avoir pu trouver un organe compatible à temps. Depuis le début de l’année, trois patients inscrits sur liste d’attente pour une transplantation sont déjà décédés pour cette raison.

En quittant Luxexpo The Box, Pascal réfléchit au sens de sa présence : «Venir ici, c’est important. Mais, qu’ils veulent ou non donner leurs organes, tant que les gens n’auront pas compris que c’est avant tout à eux de le faire savoir (NDLR : en remplissant le passeport de vie), on aura beau venir plus nombreux et pédaler autant qu’on veut, la situation ne changera jamais.»

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