La ville de Hambourg est devenue jeudi la première ville allemande à interdire partiellement la circulation de certains véhicules diesel polluants, une mesure symbolique mais redoutée par le gouvernement et les constructeurs.
Les plus vieux véhicules, ceux ne respectant pas la norme diesel dite « Euro 6 », ne peuvent plus emprunter deux tronçons de rue de 1 600 mètres et 580 mètres, avec des exceptions pour les résidents, voitures de livraison ou ambulances. Les panneaux d’interdiction, déjà installés depuis des jours, ont été officiellement mis en service.
Cette première interdiction suit une décision de la justice allemande autorisant la mise en place des interdictions de circulation afin d’assainir l’air, alors que l’Allemagne est sous pression de l’Union européenne sur le sujet pour agir.
L’interdiction partielle de Hambourg suscite toutefois le scepticisme dans le pays. « C’est de la politique du symbole, les autorités ne bloquent que deux routes, donc 1.787 résidents sur les 1,8 million d’habitants de Hambourg sont concernés par ces restrictions de circulation », écrit jeudi matin dans un éditorial l’édition en ligne de l’hebdomadaire Der Spiegel. A ses yeux, Hambourg cherche ainsi avant tout à apaiser l’Union européenne et éviter des amendes colossales pour son non respect des quotas d’émissions polluantes.
Le gouvernement sous pression
Ces restrictions à Hambourg font monter la pression sur le gouvernement allemand, souvent décrié pour sa proximité avec le lobby de l’industrie automobile, empêtré dans le scandale du dieselgate, le trucage des mesures d’émissions polluantes des moteurs diesel.
« Ces mesures représentent une contrainte non méritée pour les propriétaires de voitures, mais nous n’avons pas eu le choix », a insisté jeudi matin dans un communiqué Jens Kerstan, le député de la Ville-État de Hambourg en charge de l’environnement. « Sans les fraudes des constructeurs automobiles et l’inaction du ministère fédéral des Transports, nous n’aurions jamais eu à imposer des restrictions sur le trafic des diesel à Hambourg » a-t-il ajouté.
Berlin se refuse par exemple à instaurer une « vignette bleue », mécanisme national qui permettrait de faciliter les contrôles en cas d’interdictions de circulation, et s’est plusieurs fois exprimé contre de telles restrictions.
Le Quotidien/AFP