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Des ménages essorés face au coût du logement


La charge du logement peut représenter jusqu’à la moitié du budget pour certains ménages.

La charge financière liée au logement pèse de plus en plus lourd au Luxembourg, en particulier pour les locataires les moins favorisés, avec un risque accru d’exclusion, pointent deux expertes du LISER.

Pour mieux comprendre les conditions de vie des ménages aux revenus les plus bas, il est indispensable de prendre en compte la part de leur budget consacré au logement. D’autant qu’au Luxembourg, les prix des biens et des loyers ont fortement augmenté ces dernières années, soulignent les chercheuses du LISER, Nathalie Lorentz et Kristell Leduc, autrices d’une étude publiée par la Chambre des salariés.

Les expertes rappellent d’abord que, si une baisse des prix de vente s’est enclenchée en 2023, les loyers, eux, ont bondi, représentant désormais un fardeau pour de nombreux résidents, en particulier les locataires. Selon les derniers chiffres disponibles (2019), parmi les 250 000 ménages du pays, 67 % sont propriétaires de leur logement et la moitié d’entre eux remboursent un prêt immobilier. Le dernier tiers se répartit entre les locataires au prix du marché (25 %) ou à tarif réduit (6 %), tandis qu’un petit pourcentage de familles loge gratuitement (2 %).

Ainsi, trois ménages résidents sur cinq remboursent chaque mois un emprunt ou s’acquittent d’un loyer. Or, cette enveloppe, directement ponctionnée dans leur budget mensuel, s’est considérablement alourdie, selon les observations des chercheuses.

Pour mieux s’en rendre compte, elles se basent sur le taux d’effort, un indicateur qui reflète la capacité des ménages à accéder et à maintenir leur logement, en mesurant le rapport entre les coûts directement liés à l’habitat, les dépenses courantes, et le revenu disponible.

«Communément, un taux d’effort à 40 % pour le logement correspond au seuil au-delà duquel la charge devient très lourde pour le ménage parce qu’il risque d’être en incapacité de rembourser son prêt ou de payer son loyer», indiquent les autrices. Elles notent qu’en 2019 déjà, plus d’un tiers des ménages locataires dépassaient ce seuil, contre 25 % en 2016. Une progression bien plus importante que chez les propriétaires avec un emprunt – 24 % concernés en 2019 contre 21 % en 2016.

Sans surprise, les hausses continuelles des prix immobiliers et des loyers ont impacté plus gravement les locataires, en particulier les moins favorisés. «Selon leur niveau de vie, la charge liée au logement peut atteindre jusqu’à 50 % du budget pour les 21 000 ménages locataires les moins aisés», et jusqu’à 43 % pour les propriétaires aux plus bas revenus avec un emprunt à rembourser, décrivent-elles.

Pour compléter cet indicateur, Nathalie Lorentz et Kristell Leduc ajoutent aussi l’accumulation de problèmes rencontrés par les ménages, en tenant compte d’une série de paramètres : nombre de personnes dans le logement, état de l’isolation, salubrité, niveau de chauffage, accès aux sanitaires, luminosité, situation du quartier, nuisances sonores, pollution, criminalité, etc. Elles concluent toutefois que, face au logement, le principal défi pour les locataires du Grand-Duché les moins aisés reste de nature financière, avec plus de 45 % d’entre eux qui disent ne pas avoir les moyens de remplacer des meubles usés.

Le risque de ne plus subvenir à ses besoins

Les prix de l’immobilier et les loyers en hausse risquent fort d’exclure une partie de la population, concluent les expertes. Le poids financier du logement a des conséquences inégales sur les résidents, frappant de plein fouet des ménages déjà confrontés à d’autres difficultés liées à leur habitation.

«Pour limiter leur taux d’effort, certains ménages pourraient être prêts à accepter des conditions de logement plus contraignantes, comme opter pour une résidence de taille réduite ou s’éloigner du centre du pays pour un loyer moins élevé», remarquent-elles.

Elles insistent, pour finir, sur le fait que leur analyse se base sur 2019, avant des changements majeurs dans le contexte économique et social dus à la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et l’explosion de l’inflation. Événements qui se sont répercutés en premier lieu sur les plus vulnérables, avec des pertes d’emploi, une instabilité financière et une augmentation des prix qui a pu rendre le paiement des loyers ou des prêts plus difficile.

Sans oublier l’inflation des coûts énergétiques et l’augmentation des loyers des nouvelles locations depuis 2022 : «Si ça perdure, il existe un risque que ces ménages ne puissent plus subvenir à leurs besoins essentiels», alertent les expertes.

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