L’OGBL demande une loi pour encadrer l’arrivée de plateformes de livraison au Grand-Duché. Il y a trop d’abus, selon le syndicat.
Des centaines de livreuses et de livreurs sont actuellement exploités au Luxembourg, s’alarme l’OGBL. Le syndicat explique que depuis la crise sanitaire, des plateformes de livraison, dont le modèle est calqué sur celui des grandes plateformes telles que Deliveroo ou UberEats, se sont établies au Luxembourg. Ces plateformes, comme WeDely ou Goosty, travaillent avec de faux indépendants qui, bien que ne disposant pas d’un statut de salarié, se trouvent dans un lien de subordination très clair envers leur commanditaire, ajoute l’OGBL dans sa prise de position.
Ces plateformes, non seulement, fixent la rémunération des livreurs ou le trajet que doivent prendre les livreurs et les livreuses, mais évaluent également leur prestation en se réservant le droit de les sanctionner en cas de non-respect des consignes. «Ces pratiques permettent d’exploiter des livreurs et des livreuses qui se trouvent dans des situations plus que précaires, mais elles viennent également miner le droit du travail et le modèle social luxembourgeois, basés justement sur le statut du salarié», souligne le syndicat.
Des initiatives se multiplient partout en Europe pour enrayer le phénomène. La Commission européenne a d’ailleurs proposé une directive qui prévoit la possibilité de requalifier le lien de travail entre la plateforme et ses travailleurs en contrat de salarié. Récemment, le Parlement européen a même proposé d’aller plus loin et d’introduire une «présomption réfragable» de relation de salarié, entre le travailleur et la plateforme. Cette disposition permettrait aux autorités nationales de requalifier le lien existant entre une plateforme et ses travailleurs et il incomberait à la firme d’apporter la preuve inverse.
Au Luxembourg, la Chambre des salariés (CSL) a élaboré une proposition de loi allant dans le même sens. Cette proposition est évidemment soutenue et portée par l’OGBL. Cette proposition de loi a par ailleurs été introduite à la Chambre des députés par un parti de l’opposition. Il y a urgence pour l’OGBL, dont le syndicat Commerce lance dans ce contexte un appel au gouvernement et en particulier au ministre du Travail. Il est encore temps de légiférer sur ce sujet avant les élections législatives!