L’artiste et enseignant Pascal Woestelandt se rend dans un orphelinat en Pologne pour y apporter et réaliser des fresques avec des enfants ukrainiens et polonais.
L’affliction est toujours palpable dans la voix de Pascal Woestelandt lorsqu’il réévoque ce jour de mai où il a découvert, horrifié, les bombardements russes qui ont touché une école ukrainienne, dans la région de Louhansk : «On ne peut pas s’attaquer à une telle institution aussi librement», s’indigne-t-il.
Depuis près de 40 ans, l’artiste se consacre à l’enseignement de la poterie et des pratiques qui en dérivent, notamment grâce à un atelier mobile, basé à Junglinster. De nombreux élèves sont passés sur ses bancs, tant sur ces dernières années que du temps où il était professeur de tournage au Centre pour la promotion des arts. À titre d’exemple, l’actuelle ministre de la Culture, Sam Tanson, a pu bénéficier de ses cours.
À l’instar d’une large partie de la population occidentale, Pascal a été particulièrement affecté par l’invasion russe et a immédiatement apporté son soutien à la population ukrainienne en se rendant à une manifestation à Luxembourg. De facto, lorsqu’il observe qu’une école s’ajoute à la longue liste des abris civils bombardés depuis le début du conflit, un sentiment de responsabilité l’envahit et l’appel du devoir se fait urgent.
Pourtant, une question demeure : comment lutter contre la barbarie de la guerre quand on dispose de moyens aussi modestes ? De Rubens à Picasso, les artistes se sont maintes fois mobilisés pour dénoncer la guerre et ses atrocités. Pascal Woestelandt s’inscrit, sans conteste, dans cette lignée : «Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, alors j’ai décidé d’aller là-bas pour apporter des fresques dans des orphelinats.»
«Je ne compte pas mes heures»
En collaboration avec plusieurs de ses jeunes élèves, Pascal Woestelandt a conçu des jets de fresques sur des panneaux en bois afin de les offrir à un orphelinat religieux de Lublin, ville polonaise située à une centaine de kilomètres de la frontière ukrainienne. Alors que les enfants ont apposé des éléments graphiques aux couleurs de l’Ukraine, lui s’est occupé des derniers travaux de collage et de fixage.
«Le dynamisme des enfants a été impressionnant. Ils ont profondément été choqués par ce bombardement et se sont vite mobilisés», relate l’enseignant, pour qui la préparation de ce projet n’a pas été une mince affaire. Après avoir essuyé plusieurs non-réponses sur l’accompagnement et l’hébergement auprès des organismes sur place, Pascal s’est replié sur une de ces anciennes élèves polonaises, qui s’est empressée d’envoyer quelques courriels : «Je n’ai jamais été dans cette zone et il est préférable de faire une intervention sécurisée étant donné que je pars seul en voiture.»
Une fois les lieux atteints, l’idée est de rhabiller l’orphelinat de ces fresques et d’inciter les enfants à apporter une touche esthétique en plus à la fresque : «Il y a de quoi faire avec les matériaux que j’apporte avec moi. Les enfants polonais et ukrainiens sur place pourront apporter leur pierre à cette œuvre», détaille Pascal Woestelandt. Une vaste entreprise pour laquelle l’artiste ne «comptera pas ses heures» tant la cause vaut la chandelle.
La durée de ce séjour, à la fois artistique et humanitaire, durera une quinzaine de jours et «peut être même plus». Assez pour que les orphelins s’adonnent eux-mêmes à la création d’une fresque, qui sera rapportée au Luxembourg : «J’espère que des enfants luxembourgeois, français, allemands et même russes pourront apporter une petite touche symbolique sur les panneaux, qui seront réalisés dans les orphelinats», dévoile Pascal, qui n’exclut pas de retourner en Pologne ou éventuellement en Ukraine dès la fin de l’année : «J’irais là où le vent me porte», conclut-il, plein d’espoir dans la voix.