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Des citrouilles plein les champs


Christian Hahn est producteur depuis 23 ans de potirons comestibles et décoratifs. 

Pionnier de la production de potirons au Luxembourg, Christian Hahn cultive plus de 200 variétés différentes. À quelques jours d’Halloween, la saison bat son plein.

Ce matin-là, la pluie a quelque peu mouillé les potirons aux couleurs automnales de Christian Hahn. Des centaines de courges aux formes variées sont posées sur les pavés de son pavillon. À quelques mètres de là, toute sa production est empilée et triée dans des dizaines de cagettes. À l’approche d’Halloween, l’agriculteur et ses ouvriers s’activent pour ramasser, laver et préparer les commandes de cucurbitacées.

 

Depuis plus de vingt ans, Christian Hahn produit des potirons comestibles et décoratifs. Une passion qui a démarré au début des années 2000. Il avait alors tout juste 17 ans. «Mes parents avaient déjà une ferme classique de production de viande et de lait. Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup vendre des légumes et des fruits aux voisins. Un jour, j’ai vu que ma mère produisait des potirons dans son jardin. Je me suis dit : « L’année prochaine, je vais m’en occuper ». C’est ce que j’ai fait. J’ai commencé par un tout petit terrain», raconte-t-il.

Tout le monde me disait que ça n’allait durer que deux ans

Le jeune producteur essaie alors d’approcher certains supermarchés pour vendre en plus grosse grande quantité ses potirons. «On ne m’a pas pris au sérieux. Cette année-là, j’ai vendu sur les marchés à Dudelange et Luxembourg». Mais, un an après, une célèbre enseigne luxembourgeoise fait appel à lui. «La culture a fortement augmenté à partir de là. On est passés à un hectare et demi. Puis chaque année, on augmentait et doublait la production», confie Christian Hahn.

Vingt-trois ans plus tard, l’agriculteur est à la tête d’une production de près de neuf hectares de cucurbitacées. «Tout le monde me disait que ça n’allait durer que deux ans. Quand on a commencé, ces légumes n’étaient pas très connus au Luxembourg, tout comme dans d’autres pays européens. Depuis quelques années, ça se développe beaucoup. Les gens apprécient ces légumes qui ont des goûts très différents et sont très bons pour la santé», explique-t-il.

Quelque 150 000 courges
vendues chaque année

Ce pionnier dans la production de potirons au Luxembourg possède également plus de 200 variétés de courges comestibles, mais aussi décoratives, entre «30 à 40 sortes différentes», dit-il. Des potirons très appréciés durant la période d’Halloween. «Ce sont des citrouilles spécifiques. Pour éviter le gaspillage, on dit toujours à nos clients de manger l’intérieur et ensuite de creuser la citrouille. Les autres potirons décoratifs ne se mangent pas. Finalement, c’est comme acheter des fleurs avec lesquelles on peut décorer sa maison pour l’automne», indique Christian Hahn.

Une fois ramassés par les ouvriers agricoles, les potirons sont lavés et séchés.

Ainsi, chaque année, Christian Hahn produit plus de 150 000 courges différentes. Une culture qui débute à partir du mois d’avril avec le pré-ensemencement des graines. «On commence à préparer les champs. On met du plastique tout autour des plants qui va permettre de réchauffer la terre au printemps et de garder l’humidité. Puis, après les fameux saints de glace, vers fin mai, on commence à planter.» Une production que l’agriculteur a choisi de réaliser sans utiliser d’eau supplémentaire ni pesticide. «On privilégie vraiment le naturel, même si la production n’est pas bio. C’est vrai que c’est un long travail, car il faut tout faire à la main, mais c’est très chouette. Car chaque potiron est différent et unique en son genre», précise-t-il.

La récolte se fait, elle, généralement autour du 15 août jusqu’à la fin du mois d’octobre. «Les potirons sont des légumes qui se conservent très bien pendant plusieurs mois. Et puis, s’ils s’abîment un peu et ne deviennent pas très beaux, ce n’est pas grave, c’est la nature», sourit-il. Cette production, Christian Hahn la vend directement dans sa ferme à Roodt. «On est autour de 15 à 20 %. On a de plus en plus de demandes depuis la crise sanitaire. Les clients viennent du Luxembourg, mais certains viennent aussi des pays voisins.»

L’agriculteur cultive plus de 200 variétés de potirons dans sa ferme à Roodt.

Une fois la saison des potirons passée, l’agriculteur peut s’occuper entièrement de sa production de viande et de lait. «Nous avons 60 à 65 vaches pour le lait et le même nombre pour les allaitantes. On produit aussi des céréales classiques, comme le blé ou l’orge. Le fait de se diversifier demande un peu plus de travail. Par exemple, on a moins de pauses, mais on est aussi moins sensibles aux crises, comme cela peut être le cas pour le lait», explique-t-il.

Mais en attendant de retrouver son élevage, il prépare activement la fête de la citrouille qui clôt la saison des potirons. Celle-ci aura lieu le 11 novembre prochain à Roodt.

Des potirons touchés par la sécheresse

À l’image de nombreuses productions, celle des potirons a, elle aussi, été impactée par les épisodes de sécheresse au début de l’été et de l’automne. «À cause du soleil, certaines courges ont eu des taches noires. Ce sont les variétés les plus sombres qui ont été les plus touchées», indique l’agriculteur.

Pour le producteur, les pertes, qu’il n’a pas encore chiffrées, seront, au vu de ce contexte, plus importantes cette année. «Il y a toujours une spécificité. L’an dernier, les potirons étaient plus petits. Globalement et malgré cela, 2023 reste une bonne année.»