Ouvert depuis la rentrée, le groupe Kompass du Centre pour le développement moteur à Strassen accompagne six adolescents vers plus d’autonomie tout en les préparant à la vie après l’école.
L’idée a germé avec le passage de l’obligation scolaire de 16 à 18 ans. Les équipes du Centre pour le développement moteur (CDM) ont cherché comment préparer efficacement leurs élèves les plus autonomes au basculement vers la vie d’adulte.
«Pour ces jeunes, dont certains sont chez nous depuis l’âge de quatre ans, cette transition peut représenter un vrai choc», explique Anneke Walsch, éducatrice graduée et coordinatrice du projet.
«Ils sont habitués au même environnement et aux mêmes personnes autour d’eux. On avait besoin de créer une étape intermédiaire qui les aide à construire leur parcours après l’école.»
«On travaille la prise d’initiative»
C’est ainsi qu’est né le groupe Kompass, installé dans l’ancien logement du concierge au rez-de-chaussée de l’immeuble du CDM à Strassen, en face de la nouvelle École nationale de santé.
Depuis septembre, c’est là que Diogo, Kida, Weronika, Rafael, David et Nina, des adolescents de 14 à 18 ans en situation de handicap moteur, découvrent tous les aspects d’une vie active, aux côtés de leurs éducatrices.
«On travaille à la fois l’autonomie et la prise d’initiative en fusionnant les apprentissages scolaires avec des activités de tous les jours. On ne s’arrête pas à la théorie, on met tout en pratique. Chacun avec des responsabilités», poursuit-elle.
Cuisine et entretien du linge
Concrètement, le groupe dispose par exemple d’une cuisine équipée permettant aux élèves de s’organiser seuls : si les repas leur sont livrés le midi, ils se chargent de mettre la table, puis de laver et ranger la vaisselle. Idem pour le linge de maison, ce sont les jeunes qui lancent eux-mêmes les lessives.

Dans la cuisine aménagée, Diogo apprend comment effectuer les tâches ménagères du quotidien.
Et jeudi matin, c’était l’effervescence dans les couloirs à l’occasion de la venue du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, venu saluer officiellement ces jeunes méritants et leur équipe éducative.
Il a passé du temps avec chacun, feuilletant l’album de photos de l’emménagement et dégustant des cookies préparés spécialement pour lui, tandis que Diogo s’est chargé de lui faire visiter les lieux.
«Je voudrais devenir secrétaire»
Sa camarade Kida, 17 ans, rejoint son bureau. Pour elle, la classe Kompass est un tremplin précieux. «Je me sens bien ici, heureuse de retrouver mes amis du groupe, Wero en particulier», sourit la jeune fille originaire du nord du pays.
Elle fréquente le CDM seulement trois jours par semaine. Le reste du temps, elle est scolarisée au CDI de Clervaux. Élève appliquée, elle a déjà des projets précis : «Ce que j’aime, c’est le calcul. Et plus tard, je voudrais devenir secrétaire.»
Les six adolescents, qui ont largement participé au déménagement dans ces locaux fraîchement rénovés, s’épanouissent au contact des uns et des autres.
83 élèves au total
«Fréquenter d’autres jeunes de leur âge confrontés aux mêmes difficultés et questionnements, alors qu’ils traversent la période délicate de la puberté, leur fait du bien», note leur éducatrice.
Le CDM assure la scolarisation spécialisée de 83 élèves de 4 à 18 ans cette année. Des enfants avec un handicap moteur ou physique ou un polyhandicap, dont la plupart présentent un retard cognitif important.
En parallèle des cours, ils bénéficient de kinésithérapie, d’ergothérapie, d’orthophonie et de psychomotricité, pour leur permettre de progresser.
«Une minorité parmi nos élèves»
Le groupe Kompass fait figure d’exception. «Seuls les jeunes avec un certain niveau d’autonomie, comme être capable de gérer sa journée, peuvent l’intégrer. Or, cela représente une minorité parmi nos élèves», explique le directeur du CDM, Lux Schwartz.

L’accompagnement comprend l’organisation de stages, mais aussi la sensibilisation des employeurs potentiels et l’adaptation des postes de travail par la suite.
«Par exemple, Diogo est en ce moment stagiaire au Tricentenaire. En l’occurrence, il s’agit d’un atelier protégé, mais certains jeunes intègrent ensuite le marché de l’emploi classique. L’un de nos anciens élèves est d’ailleurs employé ici, au secrétariat», ajoute-t-il.
Trois nouvelles antennes
Alors que la localisation du CDM dans la capitale impose d’interminables trajets à une partie de ses élèves – Kida supporte ainsi près de deux heures de route pour s’y rendre le matin –, l’ouverture de trois antennes supplémentaires est planifiée à travers le pays.
La première ouvrira d’ici une année à Roodt/Syre, puis une autre à Heiderscheid dans deux ans et, enfin, une à Esch-sur-Alzette.