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Derby Progrès-Differdange : « c’est défaite interdite », dit Bastos !


L'ailier du Progrès, Yannick Bastos, va vivre un derby un peu spécial samedi contre son ancien club (Photo Luis Mangorrinha).

Le championnat reprend ses droits samedi avec un derby Progrès -Differdange toujours chaud. Encore plus pour un Yannick Bastos (Progrès) qui portait l’autre maillot voici quelques mois…

C’est la première fois que vous allez vivre cet affrontement dans ce camp-là. Cela va quand même vous faire un peu bizarre, non?
Yannick Bastos : Sincèrement, oui. Un peu. En six ans passés à Differdange, j’ai appris à battre les Jaune et Noir. Ici, je vais devoir faire de même avec les Rouges. Et aussi à affronter des gars que je considère comme mes amis. Tels Mathias Jänisch, Tom Siebenaler, David Vandenbroeck, Gilles Bettmer… Des gars avec qui je suis encore en contact régulièrement. D’ailleurs, ce vendredi, je vais manger avec Tom Siebenaler. On va se chambrer un peu.
Vous vous souvenez forcément de votre premier derby, en août 2012…
Oui. C’était même mon premier match de championnat sous ce maillot. On l’avait emporté 2-1 et j’avais donné une passe décisive pour Omar (Er Rafik) qui avait coupé au premier poteau mon corner. C’était aussi la première au Parc des Sports d’Oberkorn. Les dirigeants n’avaient reçu les clés que quatre ou cinq jours auparavant et on ne s’était entraînés qu’à une ou deux reprises sur la pelouse. Forcément, tout ça mis ensemble, cela marque un peu.
Pour en venir à votre club actuel, Niederkorn, la victoire à Hamm voici 15 jours vous a permis de travailler plus sereinement durant la trêve internationale?
Forcément. On était un peu sous pression après notre mauvais départ en championnat. Cela fait tache de démarrer par un 7 sur 15 quand on est un prétendant. L’emporter à Hamm a fait du bien. Surtout qu’on a su montrer de la hargne pour y arriver. On s’est arrachés. Le Progrès, ce n’est pas juste du talent. C’est aussi du caractère. On l’a prouvé. On restait alors sur un 4 sur 12 et on se déplaçait sur une pelouse où c’est compliqué de venir s’imposer, face à une formation très physique. On ne pensait pas à développer un beau jeu. Seuls les points comptaient.
Si vous n’aviez pas pris les trois unités mises en jeu…
Cela aurait été encore un peu plus compliqué encore. Mais ici, la minitrêve nous a fait du bien pour nous vider la tête. Maintenant, on n’a plus d’excuse. On est frais mentalement et physiquement.
Après Hamm, votre gardien, Sébastien Flauss, avait expliqué que vous aviez été touchés par le « syndrome Coupe d’Europe ». Comme le Fola l’année dernière…
C’est bien possible, oui. On n’est pas habitués à évoluer à un niveau comme celui auquel il faut prester sur la scène européenne. On affronte des pros, dans des stades bien garnis. C’est très différent des affrontements de BGL Ligue face à des équipes qui luttent pour leur maintien. En Europa League, la motivation vient d’elle-même. Mais enchaîner les deux n’est pas chose aisée. On n’est pas habitués à jouer sur les deux tableaux. On peut le voir aussi avec une équipe comme Dudelange qui possède pourtant un cadre encore plus grand que le nôtre. Ce fut aussi le cas du Fola l’an passé, comme vous le disiez. Ou même de Differdange voici quelques années. Je me souviens qu’en 2013, on avait accroché la quatrième place de justesse grâce à un but de Pierre Piskor dans les dernières minutes du derby après une belle campagne européenne.

« Creuser l’écart avec Dudelange d’ici fin 2018 »

Vu la présence de Dudelange dans les poules de l’Europa League, on peut penser que le F91 va encore perdre des plumes en championnat dans les prochaines semaines. Il y a vraiment un coup à jouer pour le Progrès cette saison, non?
Oui, c’est ce que je pense aussi. Mais si l’Europe sera le summum de la saison des Dudelangeois, quand celle-ci sera terminée, ils se reconcentreront sur la compétition domestique. Et devraient donc être très costauds lors de la deuxième moitié de la saison. Il faudrait donc essayer de creuser l’écart avant, d’ici à fin 2018. Mais là, on a déjà brûlé pas mal de jokers de notre côté. Et on n’est pas en position de penser à tout ça pour le moment. D’abord, il faut retrouver les premiers rôles. Et essayer de ne pas être à 8 points des premiers dimanche soir.
Pour ça, il ne faut pas perdre le derby demain…
C’est défaite interdite… encore plus que d’habitude! Parce qu’un derby, cela se gagne et qu’on ne peut pas se retrouver aussi loin au classement.
Et quel est votre avis concernant ce FCD03 dont on disait qu’il est moins bien armé que ces dernières années mais qui squatte tout de même les premières places pour l’instant?
Peut-être qu’au niveau des qualités, cette équipe est moins impressionnante. Mais sur le plan mental, elle est plus forte! Et cela fait plaisir de la retrouver aussi compétitive. Cela redevient le Differdange que je connaissais lorsque j’y suis arrivé. On revoit la même mentalité : des guerriers qui se battent l’un pour l’autre.
C’est ce que vos amis differdangeois vous ont dit?
Oui. Après une saison compliquée, tout va mieux après l’arrivée du nouveau coach (NDLR : Arno Bonvini). Et forcément, les bons résultats aident également à ça. Comme leur victoire à Dudelange.

« J’estime avoir tout donné à Differdange »

Votre ancien président, Fabrizio Bei, avait eu des mots durs en début de saison en évoquant le dernier exercice. Il disait avoir été « dégoûté » par certains l’an passé mais que ceux-ci « n’étaient plus là aujourd’hui ». On ne pense pas qu’il songeait à vous en disant ça, mais vous vous êtes senti visé?
Sincèrement, non. J’estime avoir toujours tout donné pour ce maillot et avoir respecté le président. J’ai d’ailleurs eu un peu de mal à lui annoncer que je partais. Lui souhaitait que je reste. Il m’avait proposé une prolongation de contrat. Je ne pense pas qu’on en offre une à quelqu’un qui n’a pas la mentalité souhaitée (il sourit).
Et à la suite de votre départ au Progrès, vous n’avez pas eu droit à de petites remarques de la part de certains?
On ne m’a rien fait ressentir, non. Je me suis juste fait un peu chambrer. Mais c’est de bonne guerre. Mes anciens équipiers, eux, m’ont plutôt glissé qu’ils espéraient que j’aurais davantage de temps de jeu au Progrès que l’an passé à Differdange.
C’est ce manque de temps de jeu qui vous a poussé à changer d’air?
Oui. Et puis, j’avoue avoir été un peu dégoûté de ne pas recevoir plus ma chance. J’ai joué dans des petits matches mais contre de plus grosses cylindrées, je n’étais pas dans le groupe. Ou sur le banc. Je ne sentais pas la confiance. Et j’en arrivais à aller à l’entraînement pour dire que j’y allais. Cela devenait une routine. Et ça, ce n’est jamais bon. Il était temps de changer quelque chose, tout en restant dans un club qui jouait l’Europe. Parce que j’estime avoir le niveau pour ça. Et j’ai été séduit par le Progrès avec ses jeunes Luxembourgeois.

Entretien avec Julien Carette