Accusés par le camp chrétien-social de se montrer trop «tendres» en matière de sécurité intérieure, les verts ont contre-attaqué lundi. Ils clament mettre tout en œuvre pour un «vivre-ensemble en liberté et sécurité».
Deux quartiers, deux établissements de l’Horeca, mais des discours totalement opposés. Près de deux semaines après l’attaque frontale menée par le CSV, depuis un café près de la place Hamilius, déi gréng ont riposté, hier, lors d’une conférence de presse organisée dans un restaurant situé non loin du centre-ville de Luxembourg. Le plaidoyer chrétien-social pour une politique sécuritaire plus répressive est contré par une approche «holistique», qui miserait à la fois sur un travail de prévention et le travail à mener par la police et la justice.
«Nous défendons une politique sécuritaire qui tient compte de l’évolution des défis sociétaux, qui est basée sur des faits, qui est au service des gens et qui garantit une société libre et ouverte. Notre politique met en avant des solutions et des résultats concrets», résument Djuna Bernard et Meris Sehovic.
Le CSV jugé « irresponsable »
Accusés par le CSV de mener une politique sécuritaire «trop tendre», les coprésidents de déi gréng en remettent une couche : «Il est simpliste de dresser un tel constat en tant que parti qui, pendant des décennies, était au pouvoir sans mener des réformes nécessaires. Cela est irresponsable.»
Les ministres verts de la Sécurité intérieure et de la Justice auraient, par contre, livré ce qui a été nécessaire «pour protéger le Luxembourg». L’approche holistique défendue par déi gréng mise sur un triptyque : prévenir et lutter contre les causes de la criminalité, contrer de manière ciblée des dangers potentiels tout en protégeant les droits fondamentaux et, finalement, assurer une poursuite pénale efficiente et proportionnelle. «Il faut assurer une coordination efficiente entre le travail social, le travail policier et le travail judiciaire. Toutes ces entités doivent disposer du cadre et des conditions de travail adaptés», résume un communiqué.
Les moyens pour les communes auraient également été «renforcés»
Surtout, les édiles de la Ville de Luxembourg se plaignent régulièrement du manque de moyens légaux pour renforcer la sécurité sur leur territoire. Differdange est un autre exemple, même si la bourgmestre est issue des rangs de déi gréng. Le parti martèle toutefois avoir «renforcé» les moyens dont les communes peuvent user pour agir sur la sécurité locale. Hier a été promue l’option de développer un plan de sécurité locale définissant des mesures sécuritaires spécifiques, le tout en concertation avec la police. L’extension des compétences des agents municipaux contribuerait à soulager la police, libérée pour d’autres missions. Finalement, l’installation de systèmes de vidéosurveillance – dans le respect des «droits fondamentaux» – est mise en avant par déi gréng.
Un travail de prévention renforcé
Meris Sehovic énonce quelques chiffres : recrutement de près de 900 nouveaux agents et autre personnel de police, la construction de huit nouveaux commissariats, un investissement de 40 millions d’euros dans la digitalisation des services de police et le recrutement, depuis 2014, de 120 nouveaux magistrats, auxquels viendront s’ajouter 46 référendaires de justice.
Un accent plus particulier est mis sur le travail de prévention auprès des jeunes. «La délinquance juvénile est souvent utilisée pour polémiquer et semer la peur. Or les chiffres de la justice témoignent d’une situation qui reste stable. C’est un fait», souligne Meris Sehovic, égratignant le CSV, mais aussi l’ADR.
« Un des pays les plus sûrs au monde »
Déi Gréng comptent mieux encadrer les jeunes en détresse, notamment par un renforcement des services de type streetwork, d’une offre culturelle et sportive ciblée ou encore de l’éducation non formelle. Il s’agirait d’«alliés sous-estimés en matière de prévention de criminalité».
«Le Luxembourg est un des pays les plus sûrs au monde. Cela est dû aussi au bon travail effectué par la police et la justice. Nous travaillons tous les jours pour que le Grand-Duché reste un pays sûr. Car la sécurité et la protection de nos droits fondamentaux nécessitent un engagement permanent, et non pas des paroles anachroniques et des actes symboliques», conclut le parti des ministres Henri Kox et Sam Tanson, souvent décriés par l’opposition.