Plusieurs pays de l’Union européenne, dont la France, le Portugal et la Roumanie, ont identifié, récupéré et commencé à détruire vendredi de la viande de bœuf provenant d’un abattage illégal en Pologne.
Selon Varsovie, la viande en question ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs. Les services sanitaires français ont retrouvé « 795 kilos » de viande provenant de cet abattage, a annoncé vendredi le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume sur la chaîne CNews. 150 kilos ont déjà été récupérés.
Le ministère de l’Agriculture portugais a indiqué avoir détruit 99 kilos de viande de boeuf en provenance de Pologne, après avoir été alerté par Bruxelles. La Roumanie a détruit « par précaution » 1432 kilos de viande polonaise, avant qu’elle soit mise dans le commerce. Les autorités polonaises ont cherché à rassurer les consommateurs en affirmant que, s’il s’agit d’une petite quantité de viande qui n’aurait jamais dû être vendue, elle ne présente pas de danger pour la santé, selon leurs experts.
Au total, 2,7 tonnes de viande polonaise provenant d’un abattoir incriminé ont été exportées vers 12 pays (Allemagne, Finlande, Hongrie, Estonie, Roumanie, Suède, France, Espagne,Lettonie, Lituanie, Portugal et Slovaquie) selon une liste mise à jour par la Commission européenne. Le retrait et la destruction de ces marchandises est en cours, a précisé Bruxelles.
La Pologne a immédiatement fermé le petit abattoir concerné et le chef des services vétérinaires, Pawel Niemczuk, a déclaré que l’expertise de la viande saisie a démontré qu’elle ne présentait aucun danger pour la santé des consommateurs. L’affaire avait été révélée par la chaîne de télévision privée TVN24, dont un journaliste s’est fait embaucher par un petit abattoir dans la région d’Ostrow Mazowiecka, dans le nord-est de la Pologne.
Vaches vendues par petites annonces
L’enquête journalistique a révélé que des marchands proposaient par petites annonces d’acheter des vaches malades, pour un prix très inférieur à celui des animaux sains, ce qui soulève des questions sur l’usage qui en est fait. Des images filmées par TVN24 ont révélé que des vaches paraissant très affaiblies étaient abattues de nuit dans l’abattoir en question par quelques employés de confiance, échappant ainsi aux contrôles vétérinaires officiels effectués de jour.
La Commission européenne, alertée par les autorités polonaises, n’a pas exprimé de jugement sur la qualité de la viande suspecte. Elle s’est bornée à rappeler, dans un communiqué, que les animaux malades ne peuvent être déclarés propres à la consommation et que « la pratique de traîner les animaux incapables de marcher, comme cela est décrit (dans le reportage polonais), est interdite par la législation de l’Union Européenne sur la protection des animaux dans les abattoirs ».
« Le marché polonais est inquiet, sur toute la chaîne », a dit le président de l’Association polonaise de producteurs de bétail à viande Jerzy Wierzbicki, et les prix du bœuf « ont baissé d’environ 7% par rapport au début de la semaine ». « Certains médias ont suggéré que dans cet abattoir on tuait des animaux malades », explique-t-il. En réalité, selon lui, à regarder les images, « c’étaient des vaches contusionnées, qui n’étaient pas en mesure de quitter le camion toutes seules. De telles vaches ne doivent pas être conduites à l’abattoir mais doivent être tuées chez l’éleveur par une personne qualifiée pour le faire. » « Toutefois, ajoute-t-il, leur viande a été expertisée et s’est avérée saine, comme l’a dit officiellement le docteur Niemczuk ».
Il s’agit du troisième cas en six ans, selon Jerzy Wierzbicki. Tous ont concerné de petites entreprises qui ont été sanctionnées. Dans un cas, à Biala Rawska, on avait abattu des vaches malades et les responsables sont poursuivis en pénal. Dans un autre, à Bielsko Podlaskie, il s’est agi de vaches contusionnées. Il reste que pour la Pologne les conséquences de l’affaire peuvent être lourdes. Entre 80% et 90% de la production polonaise de viande de bœuf sont exportés, surtout vers l’Union Européenne, mais aussi vers des pays tiers. La Pologne est le premier exportateur européen de bœuf vers les pays extérieurs à l’UE. En 2018, la totalité des exportations polonaises de bœuf a atteint environ 415 000 tonnes.
LQ/AFP
Le Grand-Duché épargné ?
Il n’y a, a priori, pas de viande bovine non conforme d’origine polonaise au Luxembourg, selon le ministère de l’Agriculture vendredi.
En effet, « à ce jour, le Luxembourg ne figure pas sur la liste des pays concernés » établie par la Commission européenne. Mais le ministère assure que « les autorités nationales restent vigilantes et dès qu’une notification officielle leurs parvient, cette viande sera aussitôt retirée du marché ».