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Dans les vignes, la saison est lancée !


Les bourgeons commencent à sortir : la période végétative est lancée sur la Moselle. (Photo : Erwan Nonet)

Cette semaine a vu l’apparition des premiers bourgeons dans la vigne. C’est un moment important qui donne le coup d’envoi de la période végétative… mais aussi le début d’une période stressante, pleine de dangers.

Cette fois, la nature est bien partie. Les premières fleurs égayent les jardins et la campagne et, dans les vignes, les bourgeons commencent à sortir. Les pointes vertes gonflent et s’allongent et commencent à quitter leur gangue de coton. Elles se déploieront en branches ou en feuilles avec un objectif prioritaire : déployer les feuilles qui permettront, par photosynthèse, de produire l’énergie nécessaire à la création des fruits.

Les premières vignes à partir sont celles plantées de chardonnay, puis d’elbling, de rivaner, de pinot gris… le riesling est l’une des variétés les plus tardives. Ce moment est évidemment crucial, la vigne n’est jamais aussi fragile que lors de ces deux ou trois semaines. Elle craint le froid, la moindre gelée pourrait brûler ces bourgeons naissants et, par là même, déjà condamner tout ou partie de la récolte.

Rappelons que les fameux saints de glace (Pancrace, Mammaire et Servais) ont lieu les 11, 12 et 13 mai, et que le réchauffement climatique n’interdit absolument pas (bien au contraire) de nouveaux coups de froid tardifs.

 

En mai 2019, le gel avait causé de lourds dégâts dans certains terroirs, comme ici du côté de Wintrange. Photo : Erwan Nonet

 

Après de longues années de tranquillité au début du XXIe siècle, les pertes dues aux gelées tardives se sont d’ailleurs multipliées : la moitié de la récolte a été brûlée en 2019 (gel dans la nuit du 4 au 5 mai), environ 40 % en 2017 (nuit du 20 au 21 avril), 30 % en 2016 (nuit du 23 au 24 avril)…

Si la grande majorité des vignerons est assurée contre les dégâts climatiques, l’augmentation des primes est réelle pour des versements de plus en plus réduits en cas de problèmes.

D’autres dégâts climatiques sont susceptibles de survenir, comme la grêle. Le Luxembourg a été très chanceux ces derniers temps puisque des orages déversant des nuées de billes de glace se sont parfois déchaînés tout près, notamment sur des vignes de la Moselle allemande.

Attention aux mange-bourgeons

Mais il ne faut pas seulement faire attention au climat. Les insectes aussi peuvent, à cette époque de l’année, causer de lourds dommages. Les mange-bourgeons sont une population de ravageurs qui adorent se repaître de la chair dodue et tendre de ces pousses naissantes, à l’image des chenilles (boarmies, noctuelles…) ou des charançons.

Généralement, ces espèces sont plus envahissantes après les hivers doux. Elles attaquent logiquement davantage les ceps qui poussent dans des sols qui viennent d’être travaillés. Quand elles n’ont pas d’herbe à manger, elles vont directement sur les feuilles.

Pour éviter des dégâts importants, les vignerons doivent aller constater par eux-mêmes l’éventuelle présence des mange-bourgeons dans les vignes. Si les zones touchées ne sont pas très larges, il est possible de les ramasser à la main. La méthode est chronophage, mais elle est pourtant la plus efficace. Si les ravageurs ont attaqué des secteurs entiers, la situation sera problématique parce que les traitements ne sont pas efficaces sur toutes les espèces.

Pour éviter que les mange-bourgeons sévissent, l’idéal serait que le débourrement soit le plus court possible, c’est-à-dire que le laps de temps où les bourgeons vont se transformer en feuilles soit rapide. Plus les températures seront hautes et plus il sera rapide. Un refroidissement bloquerait la croissance, ce qui prolongerait cette période de vulnérabilité.

Les prévisions de MeteoLux, à ce titre, ne sont pas spécialement rassurantes puisque le météorologiste estime même que des gelées pourraient survenir mercredi matin avec des températures allant jusqu’à -2° C. Un début de semaine pluvieux pourrait aggraver la situation, les bourgeons supportant mieux les froids secs que les froids humides.

De grandes variations ces dernières années

En moyenne, les statistiques disent que, dans la Moselle, les premiers bourgeons sortent le 29 avril. Mais les moyennes ont pris du plomb dans l’aile ces dernières années avec l’emballement causé par l’évolution climatique.

En 2020, les bourgeons étaient sortis dès le 7 avril. Ils sont apparus le 4 avril en 2019. Lors du très chaud millésime 2018, ils n’ont percé que le 23 avril. En 2022, après un printemps doux, les bourgeons n’ont verdi qu’au début du mois de mai.

Un développement précoce des bourgeons est un indicateur qui peut démontrer que l’année sera précoce, mais ce n’est pas toujours le cas. Si, après le débourrement, le temps est favorable, alors oui, les vendanges risquent d’avoir lieu début septembre. Mais si le printemps est frais, le développement de la vigne peut être ralenti et les fleurs ne seront alors pas pressées d’apparaître.