Marie Schreiber possède toutes les qualités pour monter sur le podium chez les espoirs, dimanche à Hoogerheide, lors des championnats du monde espoirs de cyclo-cross.
Dimanche, sur le coup de 13 h 45, beaucoup de choses risquent de se précipiter dans la tête de Marie Schreiber du côté d’Hoogerheide, cette petite ville du Brabant néerlandais située à deux pas d’Anvers. On approchera alors des cinquante minutes de course dans les championnats du monde espoirs féminins de cyclo-cross où le Luxembourg est éminemment concerné.
Et les dés seront sans doute jetés. La Luxembourgeoise, comme ses rivales, aura sûrement livré toutes ses forces dans la bataille. Et il ne lui restera alors plus qu’à ouvrir en grand, on l’espère, les vannes des sensations fortes. L’objectif du podium serait alors atteint.
C’est évidemment plus facile à dire et à écrire qu’à réaliser, on le conçoit aisément. Et la problématique de départ est assez simple, même si en matière de championnats, de surcroît lorsqu’il s’agit de championnats du monde, la vérité d’un jour peut différer de celle d’un autre.
Avant ce rendez-vous phare d’une saison, tous les éléments sont favorables pour voir Marie Schreiber accéder au podium. Ce qui n’est plus arrivé depuis 1985 et la médaille de bronze de Claude Michely dans la course pro des Mondiaux de Munich qui restent dans toutes les têtes de ceux, assurément de plus en plus rares, qui ont eu la chance de suivre l’évènement.
Plus près de nous, Christine Majerus, quatrième en 2018 des Mondiaux de Valkenburg, juste dans la foulée de sa septième place à Belvaux, s’y est vue un bon moment avant de buter au pied du podium élite. Ce qui n’était pas rien!
Pour arriver à atteindre ce noble objectif, il faut «mentaliser» aussi cette possibilité de rester frustré avec la quatrième et plus mauvaise des places. Même si, lorsque cela arrive, il faut bien s’en accommoder! Cette quatrième place qui était d’ailleurs celle de Marie Schreiber le 22 novembre dernier à Namur à l’issue des championnats d’Europe. Mais sans regret vu la physionomie de la course. Elle était alors pointée à 19 secondes de la Néerlandaise Shirin van Anrooij, qui sera l’incontestable et incontestée favorite, dimanche, de la course espoirs.
Pour van Anrooij, ce fut alors justement une sorte de jour sans, car jamais elle ne put contrarier sa compatriote et habituelle rivale lors des manches de la Coupe du monde, Puck Pieterse, qui défiera, elle, samedi, Fem van Empel, 20 ans également, mais incontestable favorite des Mondiaux élite. Vous suivez?
Cette abondance de biens chez les Néerlandaises, aussi impressionnante soit-elle, a au moins cette incidence de faire un appel d’air chez les espoirs pour leurs rivales. Van Empel et Pieterse sont allées directement frapper à l’étage du dessus. Mais il reste bien Shirin van Anrooij. Lauréate de trois manches de la Coupe du monde élite (Zonhoven, Gavere, Beekse Bergen), on ne voit pas bien ce qui pourrait lui arriver dimanche en espoirs. Marie Schreiber non plus.
«Je pense qu’il n’y a aucun moyen d’être devant Shirin van Anrooij. Il faut être réaliste. Il faut vivre avec ça. Elle est encore jeune, donc elle a le droit de faire la course. Je pense qu’elle va gagner. Le but est de rester dans sa roue aussi longtemps que possible et de faire du mieux que je peux. Je pense qu’on est trois pour les deux autres places sur le podium», nous disait-elle très directement mardi soir lors de la conférence de presse organisée par la fédération nationale.
Dans le même ordre d’idées, pas besoin de tourner plus longtemps autour du pot. Marie Schreiber connaît ses rivales presque par cœur. On en retient deux, la Tchèque Kristyna Zemanova n’affichant pas, jusqu’à preuve du contraire, assez de constance pour s’inscrire dans cette catégorie de chasseuses de podium.
Commençons par Line Burquier. La championne du monde espoirs de VTT avait fini à la deuxième place à Namur des championnats d’Europe, elle sait donc parfaitement comment gérer ce type d’évènement et la question de la pression. Seulement quinzième dimanche dernier à Besançon (alors que Marie Schreiber avait pris la sixième place), elle connaît parfois quelques variations dans ses résultats.
«J’aime ce parcours très rapide»
Plus redoutable encore, Zoe Bäckstedt se montre souvent plus incisive. Quatrième la semaine passée à Besançon, la championne du monde juniors en titre brille sur tous les terrains. Et s’entend parfaitement avec Marie Schreiber. «Avec Zoe, je suis très amie et on va essayer de faire équipe pour rester dans la roue de Shirin, car on a un bon départ. Si on travaille ensemble, on peut essayer de rester dans sa roue, mais aussi faire le trou par rapport aux autres. Avec Zoe, on veut être sur le podium. Elle veut que je sois sur le podium et moi aussi, je veux qu’elle y soit. On essaiera de faire une course idéale et de s’entraider si possible», rappelle Marie Schreiber.
Laquelle a très bien mené sa barque jusque-là : «Je me sens bien, je sais que la forme est là. J’ai fait ce que je devais faire, je ne suis pas stressée. Je pense que c’est important de ne pas être trop fixée dessus. Je suis relax. J’essaie de ne pas y penser jusqu’à dimanche matin.» Parmi les qualités de Marie Schreiber (ses départs fulgurants, sa technique), sa grande détermination à relever les défis ne sera pas de trop.
Quant à la reconnaissance du parcours dessiné par Adrie Van der Poel (le père de Mathieu), elle a apaisé Marie Schreiber, qui disait auparavant apprécier le passage de l’escalier long d’une vingtaine de marches.
Elle n’a pas changé d’avis après la reconnaissance de vendredi : «J’aime ce parcours très rapide. Il faudra prendre un bon départ. Le passage du pont sera également important, comme les escaliers. Je pense que je devrais être tout de suite dedans, et ceci dès le départ !»
Le rêve pourra alors devenir réalité.