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[Cyclo-cross] «C’est toujours spécial des Mondiaux»


«Personne ne doit avoir peur de l’évènement. Il faut rester positif, s’amuser», explique Jempy Drucker, ici aux côtés de Marie Schreiber, Lennox Papi et Jonah Flammang-Lies.

Jempy Drucker, l’entraîneur national, fait le point avant les championnats du monde qui se dérouleront ce week-end à Liévin.

Il se dit que le parcours des championnats du monde qui se dérouleront à Liévin risque de changer jusqu’au dernier jour de compétition. C’est aussi votre avis ?

Jempy Drucker : Oui, ce sera sec à partir de ce vendredi et on verra lors de la reconnaissance officielle tout en sachant que le circuit sera encore totalement différent dimanche. Mais c’est utile pour repérer certaines choses.

En tant qu’entraîneur national, vous attendez quoi de ces Mondiaux ?

Pour nos trois athlètes, c’est un parcours typiquement français qui leur convient, avec une grosse partie physique. Beaucoup de dénivelé, des petites bosses, des escaliers, une ligne droite en faux plat. Même si cela ne se passe pas comme prévu pour Marie, je pense que les juniors ont aussi moyen de bien faire.

C’est-à-dire ?

Pour eux, c’est difficile, Lennox (Papi) il s’agit de ses premiers Mondiaux, il a participé aux championnats d’Europe. Il n’était pas loin du top 30 (35e), c’est vrai que c’est un autre résultat que chez Marie (2e des championnats d’Europe). Dimanche, il a fini 25e (lors de la dernière manche de la Coupe du monde à Hoogerheide), ce qui est bien. Si tout va bien, on peut jouer entre la 20e et la 30e place. Cela me paraît réaliste. Je dis toujours qu’il faut essayer d’être la meilleure version de soi-même. L’an prochain, Lennox et Jonah (Flammang-Lies) seront espoirs. J’espère que nous aurons un espoir pour les Mondiaux 2026 (ce qui n’est donc pas le cas cette année).

J’aimerais qu’on ait un jour un homme en élite, capable de faire quelque chose sur le plan international

Ce qui n’est pas le cas cette année…

On voit que les années passent, mais la sélection se réduit. Il faut dire que Liv Wenzel (championne nationale espoirs) était malade. Elle avait prouvé l’an passé (19e des Mondiaux à Tábor). Yannis Lang se trouvait lui aussi à peu près au même niveau que Lennox et Jonah. J’avais demandé à Loïc Bettendorff (champion national élites) en décembre s’il voulait faire des manches de la Coupe du monde, car je voulais le voir au niveau international. Je sens qu’il est prêt pour ce pas. Mais cette année, pour lui, la priorité, c’est la route. Je respecte ça. On veut néanmoins essayer de faire un plan international la saison prochaine. Je l’ai trouvé très fort cette saison, comme lors des championnats nationaux. J’aimerais qu’on ait un jour un homme en élite, capable de faire quelque chose sur le plan international. Capable non seulement de finir (dans le tour du vainqueur), mais aussi d’avoir un résultat honnête. Et je pense, de ce que j’ai vu cette saison, que Loïc est capable de ça.

Et en ce qui concerne Mathieu Kockelmann, Mats Wenzel ?

C’est plus difficile. Ils ont, eux aussi, le niveau. En espoirs, je les mets entre top 20 et top 25. Mais ce n’est pas la peine, car leurs ambitions sont plus hautes sur la route. Sur la route, Mats a terminé la saison passée 4e des championnats d’Europe espoirs. Tu ne vas pas faire la saison de cross pour terminer 28e des Mondiaux. C’est un peu dommage. Mais la tendance est là, les meilleurs espoirs se dirigent vers la route. C’est toujours possible de combiner les deux quand on fait partie du gratin mondial. On sait pourquoi on fait ce choix. Mais lorsque tu fais entre 20 et 30, avec les voyages, la fatigue, on peut se demander si cela vaut la peine. Le choix est plus vite fait.

On note aussi que vous n’avez pas retenu les sœurs Barthels, habituées des épreuves internationales…

Oui, on a un critère pour les sélections. On ne doit pas avoir plus de 12 % du temps des meilleurs en Coupe du monde. Elles ont réalisé une saison honnête. Surtout Maïté qui s’est bien battue. En début de saison, elles étaient très fortes et ont fait de bons résultats. On veut quand même envoyer les meilleurs, le but n’est pas seulement d’arriver dans le même tour. Un Mondial, cela se respecte. Je respecte aussi leur travail, je vois ce qu’elles font, sont fidèles aux entraînements du mercredi et sont très enthousiastes. Malheureusement, cela ne suffit pas encore pour les Mondiaux. Mais ce n’est pas fermé, cela peut encore venir dans le futur.

Je pense et j’espère que jusqu’à dimanche, Marie Schreiber sera de nouveau 100 %

Évoquons Marie Schreiber qui va participer à ses derniers Mondiaux en catégorie espoirs. Vous attendez quel résultat ?

Elle n’a pas eu la préparation idéale. D’abord avec sa maladie en fin d’année où elle a laissé pas mal de force pendant deux semaines. Elle a bien récupéré, était sur le bon chemin à nouveau au moment des championnats nationaux. Par rapport aux autres, elle sort d’une série de cyclo-cross où elle a été affaiblie. Puis, il y a ces chutes le week-end dernier. Ce n’est pas top. Désormais, c’est place à la récupération. Le corps prend de l’énergie pour récupérer et revenir à 100 %. C’est un peu de l’énergie que tu laisses pour que ton corps guérisse. Ce n’est pas l’idéal, mais on essaie de rester positif et optimiste. Je pense et j’espère que jusqu’à dimanche, elle sera de nouveau 100 %.

Cela peut lui permettre d’aborder ce rendez-vous avec moins de pression ?

Oui, sans doute. La favorite, c’est Zoe (Bäckstedt). Vu comment elle a couru ces dernières semaines, elle a été impressionnante. Elle est passée bien près de gagner même (2e samedi dernier à Maasmechelen) une Coupe du monde. C’est la grande favorite. On a vu aussi que (Isabella) Holmgren était forte comme la Slovaque (Viktoria Chladonova) et la Française (Célia Gery, championne d’Europe devant Marie Schreiber cet automne). Dans toutes catégories jeunes, on les voit devant, avec un ou deux coureurs. Ils sont toujours motivés lorsqu’ils courent à la maison. Il ne faut pas oublier que c’est une course spéciale en espoirs femmes. Chaque week-end, les espoirs femmes courent avec la catégorie élite. Sur la ligne de départ, elles sont deux espoirs. Là, elles seront huit en première ligne. Ça change tout. Aussi pour ses concurrentes qui vont essayer de suivre le plus longtemps possible Marie et Zoe.

Avec le souvenir de l’an passé et la déception de Tábor (Marie Schreiber avait terminé 5e), avez-vous travaillé spécialement l’approche de l’évènement ?

Non, il faut simplement essayer d’avoir une bonne ambiance dans l’équipe. C’est toujours spécial des Mondiaux. Mais personne ne doit avoir peur de l’évènement. Il faut rester positif, s’amuser…

Photo : luis mangorrinha