Si le Slovène Matej Mohoric s’est imposé vendredi à Poligny devant le Danois Kasper Asgreen, vainqueur la veille à Bourg-en-Bresse, et l’Australien Ben O’Connor, au terme d’une étape menée tambour battant, Jonas Vingegaard n’a plus qu’à hisser son maillot jaune sur la ligne bleue des Vosges avant de filer à Paris.
Ça sentait bon la fin de Tour, vendredi à Poligny. Le peloton maillot jaune, de guerre lasse, avait laissé tous ceux qui étaient aimantés par le dernier succès d’étape possible avant la dernière étape de montagne ce samedi dans les Vosges et l’arrivée à Paris, dimanche en fin d’après-midi, pour un dernier sprint convenu.
Mais comme tous les jours sur le Tour, la bataille a fait rage tout au long de l’étape, transformant cette 19e étape en vraie classique d’un jour, avec des coureurs lancés guidon en avant et le couteau entre les dents. Comme si cela ne suffisait pas que le Tour de France soit jugé jusqu’ici usant et ulcérant.
Les attaques succédaient aux contres. Dès que ça recollait, ça repartait. Des kilomètres et des kilomètres. Pas question de débrancher. À en perdre la tête. Le peloton se déchirait pour mieux se reconstituer. Les routes du Jura favorisaient évidemment les échappées. Mais bon sang, que ce fut compliqué pour que le bon coup soit enfin lancé. Et encore, lorsque le groupe de sept coureurs, où on retrouvait encore des coureurs comme Mads Pedersen, Victor Campenaerts et Julian Alaphilippe, fut lancé sur de bons rails, les contres finissaient par anéantir cette action collective.
Une étape encore folle
Impossible de rappeler toutes les actions et tous les mouvements de course d’une étape vraiment folle. Toujours est-il que dans cette vraie classique Moirans-en-Montagne – Poligny, un trio survécut. Et pas n’importe quel trio puisque le Danois Kasper Asgreen, qui a retrouvé le goût du jeu sur son vélo, faisait «mumuse» avec le Slovène Matej Mohoric et l’Australien Ben O’Connor, une nouvelle fois à l’offensive.
Cette fois, c’était la bonne, les groupes placés en chasse ne parviendraient plus à rentrer et tout se jouerait au sprint. Si logiquement, O’Connor, le moins rapide, tentait de surprendre l’ancien vainqueur de Milan-Sanremo et l’ancien vainqueur du Tour des Flandres, vainqueur la veille à Bourg-en-Bresse, il fallut la photo finish pour désigner Mohoric vainqueur. Cela eut le don de le faire fondre en larmes, comme quoi rien ne peut remplacer la joie d’un succès sur le Tour.
Victime de plusieurs chutes dans les classiques de printemps, Tadej Mohoric revenait de loin, de son propre aveu. «Ce n’est pas donné à tout le monde de remporter une étape du Tour, même si c’est déjà mon troisième succès», soufflait-il avant de rappeler comment il avait procédé. «Pour gagner, j’ai pris la roue de Kasper Asgreen, qui est très fort. Avant, j’avais beaucoup travaillé dans l’échappée, mais je voulais saisir ma chance. C’est vraiment une victoire pleine d’émotion pour moi, je savais que c’était la plus grande occasion, et de loin, pour moi de gagner une étape. J’ai tout sacrifié pour arriver prêt sur ce Tour, je savais que j’avais les jambes pour gagner. Je savais que Ben (O’Connor) allait lancer de loin car c’était sa seule chance et que Kasper (Asgreen) était le plus fort des trois, donc je savais qu’il allait le suivre. J’espérais qu’il me resterait quelque chose pour les 100 derniers mètres. J’ai lancé le vélo, ça a suffi, c’est cruel parfois le vélo. J’ai presque l’impression d’avoir trahi mes compagnons d’échappée, sans eux, je ne serais jamais arrivé à la ligne.»
«On va envoyer une dernière fois»
Comme Pello Bilbao et Wout Poels, Tadej Mohoric évoqua le décès accidentel de son coéquipier Gino Mader sur le dernier Tour de Suisse. «Peut-être que la mort de Gino nous a donné plus de force. J’ai pensé à Gino dans la dernière côte, cela m’a donné de la motivation pour aller au fond de moi-même», poursuivait-il.
Beaucoup plus loin, le groupe maillot jaune pointait son museau, enfin, en toute tranquillité. Ce sera sans doute un peu plus mouvementé, même si Jonas Vingegaard n’a plus aucun souci à se faire, juste à vivre sa petite vie, dans l’étape vosgienne de ce samedi où Tadej Pogacar ne manquera pas de laver son honneur, si besoin en est. «Il faudra voir, on va pouvoir essayer, on a beaucoup de plans pour demain, on a 4-5 coureurs qui peuvent gagner l’étape. Je ne l’ai pas reconnue, mais je la connais un peu, ma petite amie s’en est très bien sortie l’année dernière lors du Tour de France féminin, j’espère que j’aurai les mêmes jambes qu’elle. J’espère juste que je serai remis et que je trouverai les ressources. Je vais faire de mon mieux, comme d’habitude, mais ça va être assez dur. Mais ça a été assez dur les derniers jours de toute façon donc on va envoyer une dernière fois avant Paris.»
1. Vingegaard (DEN/TJV) 72 h 04’39 »
2. Pogacar (SLO/UAD) à 7’35 »
3. A. Yates (GBR/UAD) 10’45 »
4. Rodríguez (ESP/IGD) 12’01 »
5. S. Yates (GBR/JAY) 12’19 »
6. Bilbao (ESP/TBV) 12’50 »
7. Hindley (AUS/BOH) 13’50 »
8. Gall (AUT/ACT) 16’11 »
9. Kuss (USA/TJV) 16’49 »
10. Gaudu (FRA/GFC) 17’57 »
🇱🇺 Bob Jungels est 26e à 1 h 46′ 15 du 1er
🇱🇺 Kevin Geniets est 35e à 2 h 21′ 19
🇱🇺 Alex Kirsch est 116e à 4 h 29′ 26