Alexandre Kess a marqué les esprits sur les dix jours de course du Tour de Guadeloupe où il a raflé une étape, porté le maillot jaune trois jours et d’où il est reparti avec le maillot blanc de meilleur espoir.
Comme ses coéquipiers de Materiel-Velo.com, Alexandre Kess est revenu hier de son périple guadeloupéen, laissant derrière lui la Guadeloupe dont il gardera le souvenir d’une dernière balade sur les Caraïbes, mais plus sûrement encore du Tour de l’île. Dans ses bagages, il est revenu avec son maillot blanc de meilleur jeune et surtout avec le souvenir ému de son succès d’étape, sur les hauteurs de Baillif, là où il s’était imposé et avait pris, pour trois jours, le maillot jaune de leader.
Racontez-nous tout d’abord votre succès d’étape?
Alexandre Kess : Pour le succès d’étape, j’étais parti en échappée dans les premiers kilomètres, je savais très bien que cela pouvait aller au bout dans une étape de montagne comme celle-là. J’ai d’abord commencé à penser au maillot de meilleur jeune, puisque je n’avais que vingt secondes de retard. J’ai beaucoup tiré le groupe dans cette optique. Puis au fil des kilomètres, j’ai commencé à penser au maillot jaune. Mais on était perdu, on n’avait plus d’écart. Pour l’arrivée, je ne pensais plus qu’à faire exploser le dernier coureur qui était dans ma roue (NDLR : le Français Benjamin Le Ny, le futur vainqueur du classement final).
Était-ce votre meilleure journée sur un vélo?
Oui, c’est clair et net! Mais je devais être sûr de parvenir en vainqueur jusqu’à la ligne d’arrivée, car à la fin, c’était une succession de murs à passer. Cela ne se voyait pas de trop sur le profil de l’étape. Les derniers 400 mètres étaient longs.
Quelles impressions vous laissent ce Tour de Guadeloupe?
Le Tour de Guadeloupe est si important sur l’île, c’est le Tour de France local. On voit des tonnes de gens au départ, sur le parcours et aux arrivées. Le public nous reconnaît. Après ma victoire d’étape, ils me reconnaissaient avant le départ de la suivante. Cela m’a fait bizarre. Jamais une chose pareille n’arrive en Europe pour des courses de ce niveau.
Et vos trois jours en jaune, comment les avez-vous vécus?
C’était un peu de stress quand même. Après mon succès d’étape, les deux suivantes étaient vallonnées, plutôt plates. Tout le monde s’attendait à ce que je défende mon maillot facilement (il avait alors plus d’une minute d’avance au classement général), mais mes adversaires ont essayé de me le prendre. Cela n’était pas facile, cela m’a un peu cassé les jambes avant l’étape de montagne où je l’ai perdu.
Lorsque vous perdez votre maillot jaune, vous êtes dans quel état d’esprit?
Cela attaquait, et j’ai fini par craquer. Forcément, j’étais déçu. J’ai ressenti un sentiment assez bizarre, le but était devenu de le garder. Je savais que ce serait dur, mais il n’y a rien de facile dans le vélo. J’étais un peu déçu, mais le sentiment n’est pas resté. C’est sûr que si on m’avait dit que je ferais ça, gagner une étape, porter trois jours le maillot jaune et finir septième au classement final, alors j’aurais dit tout de suite que ça m’allait bien, hein (rires).
Je vais essayer de poursuivre des études informatiques en ligne, afin de donner la priorité au cyclisme ces deux prochaines années
Vous avez réussi votre bac en juin, quel sera votre avenir sportif au-delà de cette saison 2023?
Je ne sais pas encore si je continuerai ou non avec mon équipe actuelle. Je vais essayer de poursuivre des études informatiques en ligne, afin de donner la priorité au cyclisme ces deux prochaines années espoirs et essayer de passer pro. Une fois qu’on quitte la catégorie U23, je pense que c’est fini pour espérer devenir professionnel. Cela complique beaucoup les choses.
Ce Tour de Guadeloupe peut booster votre carrière?
C’est sûr. Je n’avais pas eu de victoire jusqu’ici.
Quel sera votre fin de saison?
Je vais disputer le Tour de l’Avenir (du 20 au 27 août) et j’espère que je pourrai faire de belles choses. Je pense que je serai prêt. Avant la Guadeloupe, je n’avais jamais couru plus de cinq jours. Ce Tour de Guadeloupe m’a mis dans le bain. J’ai bien fini avec de bonnes sensations dans la dernière étape. C’est positif.
Vous avez reçu beaucoup de messages?
Oui, ça fait plaisir.
Sur le plan sportif et par rapport à ce que vous connaissez, où situez-vous ce Tour de Guadeloupe?
Je dois dire que cela a roulé fort tous les jours, il y avait de fortes équipes comme Vendée U. Et les Guadeloupéens, ils ont l’habitude de disputer ce type de courses par étapes, longue de neuf jours. Sur une étape, ce n’est pas très dur. Mais leurs forces, c’est l’endurance. Ils ne fatiguent pas. Je dirais que les plus forts ont le niveau des plus forts sur les épreuves de 2.2 comme la Flèche du Sud. Mais il n’y a pas autant de coureurs forts que sur les courses européennes de cette catégorie. La différence entre le premier et le dernier est assez grande.