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Christine Majerus : «Les JO à Paris, le dernier grand objectif de ma carrière»


«Pour le Tour de France, j’espère déjà être dans la sélection. C’est déjà un objectif de pouvoir faire le Tour.» (Photo : Getty Images/SD Worx)

Christine Majerus fait le point sur son rétablissement après sa blessure survenue en septembre dernier. Elle évoque aussi sa saison 2023, son équipe, Marie Schreiber et ses ambitions. En route…

L’équipe SD Worx a été présentée mardi du côté d’Anvers. L’occasion pour Christine Majerus d’évoquer sa santé et ses aspirations. Opérée à deux reprises depuis sa chute survenue sur le Simac Ladies Tour en fin de saison dernière, la multiple championne nationale, qui souffrait d’une luxation sterno-claviculaire postérieure, a dû faire l’impasse sur la saison de cross. Elle n’en a pas encore terminé avec la rééducation, mais son retour en compétition est bien programmé à la fin févier.

Comment s’est passée la reprise de l’entraînement sur route?

Christine Majerus : Depuis le début du mois de janvier, je sens que, physiquement, cela commence à bien revenir. J’ai passé un bon mois de décembre à bien m’entraîner sur la route. Là, on revient du deuxième stage. Je suis contente de voir une bonne progression sur le plan physique sur le vélo de route. C’était l’objectif de l’hiver. À un moment donné, il fallait que je fasse un choix pour le cyclo-cross (NDLR : de faire l’impasse sur la saison). Cela m’a un peu coûté, mais en décembre, je n’avais pas fait assez de progrès en stabilité et en force pour pouvoir envisager sereinement de pouvoir disputer quelques cross.

La priorité était de refaire une bonne base sur la route. J’ai fait le choix, douloureux, de ne pas aller du tout sur le cross. Mais c’était la bonne décision au vu des douleurs que j’avais encore en décembre. Surtout que je vois que le travail que j’ai fait en stage commence à porter ses fruits. Il reste encore un petit mois pour peaufiner et aller chercher les bonnes intensités, ce que je n’ai pas encore fait. Mais je me sens prête et c’était l’objectif de construire un hiver serein.

Après, j’avoue que l’épaule n’est pas encore rétablie comme avant. Ce mercredi, je dois passer de nouveaux examens pour voir comment l’articulation s’est stabilisée. Pour la route, ça suffit. Pour des disciplines plus violentes comme le cross, j’ai besoin d’un peu plus de temps et notamment de retravailler le haut du corps, ce qui n’a pas été encore possible. J’espère avoir le feu vert pour pouvoir me remuscler.

Vous avez encore des petites douleurs?

Oui, c’est un peu bizarre, entre Noël et nouvel an, j’ai eu une mauvaise semaine, alors que les semaines d’avant, je n’avais plus senti de douleurs. La gêne était revenue, je ne pouvais pas soulever mon vélo pour l’accrocher au mur, par exemple. Après, pour m’entraîner sur la route, c’était suffisant, mais cela faisait un peu le yoyo. Comme c’est la première fois que j’avais cette blessure, j’imagine que la cicatrisation prend du temps. Vu que j’ai été opérée deux fois, c’était délicat.

L’articulation n’est pas revenue comme avant, il faut voir comment le corps réagit lui-même avec le tissu cicatrisant. Je suis dans cette phase où mon épaule est bien revenue et où je peux aller chercher les extrémités au niveau du sternum. C’est cette articulation que je dois solliciter avec le kiné. Je commence à le faire. Pour l’entraînement sur la route, cela me satisfait.

Je n’ai jamais vu une sprinteuse aussi explosif (que Lorena Wiebes) et qui met la misère à tout le monde

Le retour à la compétition est déjà programmé?

J’ai demandé un programme similaire à celui des années passées (elle reprendra la compétition avec le Het Nieuwsblad le 25 février) avec la reprise le week-end des classiques, en Belgique. On a pas mal de changements avec la venue de Lorena Wiebes. Le sprint sera souvent à notre charge et pour de bonnes raisons avec Lorena (NDLR : la Néerlandaise, championne d’Europe, qui s’est imposée à 23 reprises en 2022, est venue renforcer l’effectif).

Lors du stage, elle était impressionnante, je n’ai jamais vu un sprinteur aussi explosif et qui met la misère à tout le monde. Cela donne beaucoup de confiance pour travailler pour elle, car c’est bien elle la plus rapide. Du coup, j’espère bien m’intégrer à son train et pouvoir faire ce qu’il faut pour l’emmener à la victoire le plus possible.

«Je ne me vois pas comme ancienne. Les jeunes et les moins jeunes, j’aime bien les aider.» (Photo : Getty Images/SD Worx)

Quels seront vos objectifs?

Pour moi, c’est une année importante car il s’agit d’une année préolympique. Il faut aller chercher une qualification pour le Luxembourg. Ce n’est pas un secret que, pour moi, aller courir les Jeux olympiques à Paris, c’est le dernier grand objectif de ma carrière. Pour cela, il faut se qualifier et, avec une équipe comme la nôtre, il faut être performant pour avoir sa chance.

L’objectif, c’est de pouvoir faire les deux, ne pas négliger mon travail d’équipier, c’est pour ça que je suis dans cette équipe, c’est là où je suis la meilleure, tout en essayant d’aller grappiller des points à gauche et à droite pour se qualifier pour Paris. Après, je ne sais pas comment ça se fera, si ce sera une fois des gros points sur une épreuve du World Tour ou si ce seront des petits points sur des petites courses. Je ne regarde pas du tout ça. L’essentiel sera d’assurer ma qualification.

Paris-Roubaix est une course où je veux être en forme pour bien m’amuser et faire la meilleure course possible

Vous aurez néanmoins des objectifs individuels qui seront importants dans l’année?

Après, j’aurais des courses que je préfère plus que d’autres comme Paris-Roubaix. Je vais essayer d’être bien. Ces deux dernières éditions, j’ai montré que cette classique me convient très bien. L’an passé, j’étais malheureusement souffrante, mais je sais très bien qu’avec les jambes de la semaine d’avant, cela aurait pu le faire à nouveau. Je vais essayer d’être prête pour cette date-là, même si je suis sélectionnée, je devrais partager le leadership avec plein de monde (elle rit). Je ne serai pas seule leader, mais c’est une course où je veux être en forme pour bien m’amuser et faire la meilleure course possible.

Quel regard portez-vous sur votre équipe SD Worx?

Je suis très satisfaite du recrutement. J’ai été agréablement surprise durant les premiers stages. Elles sont très fortes et s’intègrent bien. Et je ne suis plus seule, j’ai Marie (Schreiber) à mes côtés. Cela faisait un moment que j’étais au courant. J’espère qu’elle pourra bien s’intégrer et profiter de l’expérience de toutes ces championnes autour d’elle pour pouvoir prendre goût à la route et y faire son chemin. Je reste convaincue qu’on va avoir beaucoup de succès entre Lorena (Wiebes) pour les sprints, Lotte (Kopecky) pour les classiques et Demi (Vollering) pour les Tours. On a de belles courses à aller chercher et je vais faire comme toujours mon maximum pour participer aux succès.

Je suis là et j’ai une oreille ouverte pour tout le monde, toutes mes coéquipières, dont Marie (Schreiber), si elle a besoin de moi

Par rapport à Marie Schreiber, vous aurez un rôle particulier auprès d’elle?

Je pense que pour elle, c’est bien qu’elle soit entourée par plusieurs personnes. Moi, je suis là et j’ai une oreille ouverte pour tout le monde, toutes mes coéquipières, dont Marie. Si elle a besoin de moi, elle sait où me trouver. Comme les autres. Je pense que c’est très bien pour elle d’être dans un groupe comme le nôtre. Elle va retrouver des filles de son âge et quand on voit comment le vélo évolue, elle va retrouver des coéquipières comme elle.

À elle de trouver ses marques, personne ne pourra le faire pour elle. Elle devra faire son bout de chemin. De toute façon, pour progresser en cross, il était absolument indispensable de progresser sur la route. On voit bien que les meilleures, soit elles font du VTT, soit de la route. On ne peut plus y échapper. Elle a cette chance d’intégrer tout de suite le haut niveau. À elle de saisir cette chance et d’en profiter au mieux.

Une photo d’équipe prise lors d’un récent stage à Altea. Christine Majerus est bien encadrée avec Lorena Wiebes (maillot blanc de championne d’Europe), Demi Vollering et Lotte Kopecky. Getty Images/SD Worx

 

Ce rôle d’encadrement, vous vous y retrouvez en tant qu’ancienne de l’équipe?

Oui, je ne me vois pas comme ancienne. Les jeunes et les moins jeunes, j’aime bien les aider. Être leader, sans être leader. C’est important d’avoir quelqu’un qui a ce rôle de sage, même si c’est un peu exagéré. Des fois, je le vois comme ça. Le rôle de la raison (elle rit) plutôt. Dans le sport de haut niveau, il faut toujours aller chercher les extrêmes et la performance. Des fois, c’est bien d’avoir quelqu’un sur qui compter pour avoir un peu de recul. Avec mes années d’expérience, c’est ça que je peux apporter. Se dire des fois que cela ne reste que du sport.

J’ai la chance d’avoir vécu le vélo féminin à ses différentes phases. Je sais comment c’était avant et je sais comment ça va aller. J’essaie d’influencer un peu. J’aime bien garder le bon et retarder un peu le mauvais, le plus longtemps possible. C’est un peu comme ça que je le vois mon partage d’expérience.

Plus tard dans la saison, il y aura la deuxième édition du Tour de France…

Pour le Tour de France, j’espère déjà être dans la sélection. C’est déjà un objectif de pouvoir faire le Tour. On sera sept cete année. Ils ont augmenté d’une place le nombre de concurrentes par équipe, ce qui est important, car si on compte un sprinteur, un leader, un coleader, il ne reste plus grand monde pour faire le travail. Pour nous, coéquipiers, c’est important d’avoir une personne de plus. J’espère y être et aider Demi à aller chercher mieux (NDLR : la Néerlandaise avait terminé deuxième en 2022 pour la première édition).

C’est clairement l’un de ses objectifs et de l’équipe d’aller chercher le maillot jaune. J’espère en faire partie, c’était une chouette expérience l’an passé. C’était mitigé pour moi au début, mais à la fin, c’était de nouveau très bien et j’ai pu faire le travail. J’en garde un très bon souvenir. Et voilà, j’espère y être cette saison et en possession de tous mes moyens, du début à la fin!

L’effectif de SD Worx

Mischa Bredewold (NED/22 ans), Elena Cecchini (ITA/30 ans), Niamh Fisher-Black (NZL/22 ans), Sina Frei (SUI/25 ans), Barbara Guarischi (ITA/32 ans), Lotte Kopecky (BEL/27 ans), Christine Majerus (LUX/35 ans), Femke Markus (NED/26 ans), Marlen Reusser (SUI/31 ans), Marie Schreiber (LUX/19 ans) à compter du 1er mars, Anna Shackley (GBR/21 ans), Lonneke Uneken (NED/22 ans), Chantal van den Broek-Blaak (NED/33 ans), Blanka Vas (HON/21 ans), Demi Vollering (NED/26 ans), Lorena Wiebes (NED/23 ans).

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