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Cybersécurité : des étudiants prêts pour la guerre en ligne 


Ces jeunes au profil hautement technique sont très courtisés : certains signent un contrat de travail avant leur diplôme. (Photos : tania feller)

Six élèves en BTS cybersécurité au Luxembourg participeront début février au plus grand exercice de cyberguerre européen, conçu par l’armée française pour repérer les nouveaux talents.

Le Cyber Humanum Est, évènement immersif de référence dans le domaine de la cybersécurité, réunira la crème des étudiants lorrains du 6 au 9 février à Nancy, sous l’œil de l’armée de terre française. Et pour la première fois, une poignée d’élèves luxembourgeois triés sur le volet ont été invités à y participer. «On a de bons contacts avec l’IUT de Nancy, où certains de nos diplômés poursuivent leurs études», explique Marc Ludwig, professeur à la tête de l’unique BTS cybersécurité du pays, au lycée Guillaume-Kroll d’Esch-sur-Alzette. Des voisins qui lorgnent donc désormais aussi du côté du Grand-Duché pour dénicher les meilleurs profils.

«Organiser cet entraînement à la cyberguerre en conditions réelles représente un investissement énorme, en termes de finances, de matériel et de ressources humaines. Ils cherchent à recruter des talents, c’est évident», assure l’enseignant, ajoutant que, pour ses étudiants, cela représente une opportunité unique, doublée d’une expérience qui pèsera dans leur CV.

Une simulation unique en Europe

Concrètement, pendant quatre jours, une centaine d’apprentis experts en cybersécurité vont s’affronter, répartis dans des camps adverses, selon un scénario fictif mais réaliste. Au centre de l’histoire concoctée par les militaires français, une lutte d’influence entre deux puissances pour des intérêts stratégiques. Une simulation unique en son genre en Europe qui demande des centaines de jours de préparation.

«Leur mission est simple : ils doivent assurer la sécurité de leur réseau, en déployant des réflexes défensifs, mais aussi en lançant des attaques en direction du camp adverse, tout ça sur fond de guerre de l’information», résume Marc Ludwig, qui accompagne chaque année sa classe au Luxembourg Cybersecurity Challenge organisé par la cellule cybersécurité du ministère de la Défense. «Là, il s’agit plutôt de petits challenges en cryptographie, en forensique ou en rétro-ingénierie», précise-t-il.

24 heures non-stop, comme dans la réalité

À Nancy, les nerfs des étudiants seront mis à rude épreuve, notamment avec une séquence de 24 heures non-stop, qui leur demandera de bien s’organiser en équipe pour maintenir leur vigilance et leur capacité à réagir en cas d’attaque. «Des lits de camp sont prévus et ils devront se relayer, comme dans la vraie vie», insiste le professeur, qui fait souvent intervenir des professionnels en classe pour connaître la réalité du terrain. «Lors de la cyberattaque sur Encevo en 2022, leurs experts nous ont ainsi raconté qu’ils ont travaillé jour et nuit pendant deux semaines.»

Ce lien avec le monde du travail constitue l’un des piliers du BTS cybersécurité créé en 2021 pour combler une demande de plus en plus forte pour ces profils, de la part d’entreprises, d’institutions publiques ou de la Défense. «On forme des experts en cybersécurité opérationnelle, capables de gérer l’exposition aux risques du quotidien», poursuit-il. «Comme le secteur évolue en permanence, il est essentiel pour les étudiants de pouvoir échanger avec des professionnels.» Une situation gagnant-gagnant, puisque les intervenants ne manquent pas de distribuer leur carte de visite aux jeunes pousses qui leur tapent dans l’œil.

Un BTS cybersécurité ouvert à tous

Le BTS cybersécurité du lycée Guillaume-Kroll à Esch-sur-Alzette est unique au Luxembourg. Il propose une formation axée sur la pratique, et contrairement à ce qu’on pourrait croire, pas besoin d’être un geek pour s’inscrire. Le cursus de deux ans est ouvert à tout titulaire d’un diplôme de fin d’études secondaires, avec un niveau correct en anglais, langue qui domine le secteur et qui est privilégiée en cours. Un examen d’admission départage les candidats pour l’attribution des 14 places disponibles chaque année. Pour le professeur Marc Ludwig, ce qui compte, c’est un goût pour l’informatique, de la motivation, ne jamais lâcher et savoir sortir des sentiers battus pour résoudre des problèmes.

lgk.lu/bts/cyb

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