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[Critique série] «Pamela Rose» : Bullit et Riper persistent et signent


La force de Kad et Olivier se trouve dans l’accumulation de vannes : le duo enchaîne à la vitesse de l’éclair, sans jamais s’excuser d’un bide. (Photo Canal +)

Kad et Olivier enfilent une nouvelle fois les costumes de Bullit et Riper. Les deux agents du FBI doivent cette fois enquêter sur une série de meurtres de Youtubeurs dans une affaire à l’humour absurde menée sans temps mort.

C’est un rendez-vous ponctuel que se donnent Kad et Olivier, tous les dix ans environ : un retour aux sources de leur humour, avec l’aventure au long cours Pamela Rose. Celle-ci a commencé à la radio, sous la forme de sketchs improvisés, au début des années 1990, s’est poursuivie à la télé à la fin de la même décennie dans La Grosse Émission, sur la chaîne Comédie!, avant d’être adaptée en film en 2003 (Mais qui a tué Pamela Rose?, d’Éric Lartigau) et 2012 (Mais qui a re-tué Pamela Rose?, de Kad et Olivier). Tout ce temps, les personnages de Richard Bullit (Kad Merad) et Douglas Riper (Olivier Baroux) n’ont jamais vraiment changé : sous leurs costumes très sérieux d’agents du FBI, les deux sont restés de grands enfants, qui brillent par leur incompétence. Et rien ne va en s’arrangeant.

Cette fois, Bullit et Riper doivent élucider une affaire de meurtres en série : des youtubeurs sont pris pour cible par un maniaque qui ôte leur pouce à ses victimes… Le Bureau envoie ses deux agents sur la trace du tueur, mais rien ne sera facile. D’abord, parce qu’il y a de la jalousie entre les deux compères : Riper, l’éternel célibataire, ne sera même pas le témoin de mariage de Bullit. Ensuite, parce que l’enquête risque vite d’être compromise à cause d’une bavure. Enfin, et surtout, parce que ni l’un ni l’autre n’est capable d’utiliser un ordinateur !

Gardiens d’un humour absurde qui n’appartient qu’à eux (le jeu Kamoulox aux règles incompréhensibles, les Jean-Michel chanteurs, les frères Silver, profs d’autodéfense…), «Kad et O» persistent et signent, même proches de la retraite ! Leur première série maintient leur tradition intacte, en réunissant une nouvelle fois tous leurs fantasmes américains (dîners, «rednecks», narcotrafiquants, guerres d’ego entre la police et le FBI…) et en dynamitant tout le sérieux de la trame par une avalanche de gags qui renvoient à leurs modèles, à commencer par les ZAZ (Zucker-Abrahams-Zucker, réalisateurs de Top Secret!, 1984, et de la trilogie The Naked Gun, 1988-1994) et Mel Brooks (High Anxiety, 1977).

Maîtres de l’humour absurde, Kad et Olivier dynamitent le sérieux de la trame avec une avalanche de gags, et sans jamais s’excuser d’un bide

La force de Kad et Olivier se trouve donc dans l’accumulation de vannes : le duo (qui coécrit avec Julien Rappeneau, déjà leur collaborateur sur les deux films Pamela Rose, et Martin Darondeau, avec qui la bande avait créé l’enquête-podcast Bullit & Riper en 2022) enchaîne à la vitesse de l’éclair, sans jamais s’excuser d’un bide. Et s’il y en a à la pelle, les (fous) rires sincères, déclenchés par les «running gags» dont le duo est friand (l’espagnol – très – approximatif que parle Bullit pour impressionner son futur «beau-padre» mexicain, l’étrange voisin toujours occupé à sortir ses poubelles, la réplique culte «Queuuuuah?» ou encore la directrice du pôle informatique du FBI… qui est nulle en informatique) ou ses meilleures trouvailles absurdes (une unité d’élite stoppée en pleine opération par des nains de jardin, une course poursuite d’anthologie dans une salle de sport… sur des vélos d’appartement !), stabilisent le ratio.

De même, la galerie de seconds rôles cache autant de perles (de Panayotis Pascot en stagiaire sociopathe et maître chanteur à Mister V, qui prend très à cœur d’endosser sa nouvelle identité de témoin protégé) que d’apparitions comiques forcées (Jonathan Cohen et Isabelle Nanty, notamment).

Rythme sans temps mort

Et puisque Pamela Rose, la série raconte avant tout une enquête policière, elle le fait avec style. À l’américaine, donc, même si nos deux héros continuent de rouler dans cette «voiture de collection de prestige» très française qu’est la Renault Fuego. Le rythme est sans temps mort, la mise en scène efficace, et le scénario parvient même à faire baigner dans l’humour déjanté des sujets d’actualité sérieux (les violences policières, le sexisme au travail, le harcèlement en ligne).

Le final se fend même d’une blague méta annonçant une suite, qui prouve que la retraite, ça n’est pas pour tout de suite chez Bullit et Riper. La diffusion de ce dernier épisode, aux derniers jours de 2023, a fini de prouver tout le potentiel de la réunion des deux agents du FBI (l’acronyme, sans doute, de «fichtrement bêtes et incompétents»), qui ne résume pas qu’à un joli «KDO» de Noël…

Pamela Rose, la série de Kad et Olivier. Avec Kad Merad, Olivier Baroux, Shirine Boutella… Genre comédie Durée 9 x 30 minutes – À voir sur Canal+

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