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Crise : l’OGBL au chevet du commerce


L’OGBL veut encadrer le développement des grandes surfaces commerciales afin de protéger les petits commerces (photo d'illustration : Julien Garroy).

Le syndicat souhaite mieux défendre les intérêts des 25 000 salariés du commerce de détail. Il revendique une convention collective sectorielle.

L’OGBL lorgne les travailleurs du secteur du commerce de détail et vient de lancer une campagne afin d’attirer de nouveaux membres et de parvenir à une convention collective sectorielle.

Le secteur du commerce de détail au Luxembourg représente 25 000 emplois dans plus de 3 000 entreprises, dont les trois quarts emploient moins de cinq salariés. Dès lors, difficile de demander à de si petites structures de se doter d’une convention collective. C’est aussi ce qui explique que le taux de couverture des conventions collectives est de moins de 40 % dans ce secteur. L’OGBL souhaite désormais miser sur une convention collective sectorielle afin de mieux protéger les salariés d’un secteur qui est régulièrement sous pression.

Le syndicat a dressé un état des lieux amer. La crise sanitaire a particulièrement touché les petits commerces, parfois jugés comme «non essentiels» pendant le confinement. De plus, le petit commerce est souvent en concurrence avec internet. Mais l’OGBL a surtout mis l’accent sur «la multiplication des centres commerciaux et l’explosion de la surface commerciale au Luxembourg. Avec 1,2 million de mètres carrés de surfaces commerciales, le Luxembourg est un champion européen en la matière. On observe non seulement que l’implantation de ces centres commerciaux nuit fortement aux commerces de centre-ville, mais aussi que les plus récents d’entre eux peinent à attirer la clientèle. Aujourd’hui, on assiste à une guerre de positions. On a des positions géographiques dans le pays et les entreprises et investissements tentent de sécuriser ces positions en attendant une certaine croissance démographique. Ils prennent donc des endroits, même s’ils savent que cela ne va pas fonctionner, juste pour occuper l’endroit. C’est de la pure spéculation. Ils sont en train de créer une bulle qui tôt ou tard risque d’exploser et qui est déjà en train de s’effriter», explique David Angel, secrétaire central du syndicat Commerce de l’OGBL.

Un moratoire, un gel des loyers, des bons…

Il pointe ainsi le centre commercial de Belval, qui connaît depuis longtemps maintenant des difficultés, ou encore celui de la Cloche d’or, ce dernier connaissant des difficultés en raison de la crise du Covid-19 et de la mise en télétravail de pratiquement l’ensemble des salariés du quartier, ce qui le prive d’un grand nombre de clients. Pourtant, l’année dernière, les nouveaux centres commerciaux (Royal-Hamilius en ville, l’Infinity au Kirchberg et la Cloche d’or) ont largement contribué à la progression de l’emploi dans le pays. «S’il y a de nouveaux emplois qui se sont créés, c’est aussi qu’il y a des emplois qui se perdent ailleurs, nuance David Angel. C’est un vase communicant. Et même en prenant en compte la Grande Région, elle aussi est saturée. On voit d’ailleurs qu’à Metz le Printemps va quitter la ville, c’est aussi la preuve de cette saturation.»

Le syndicaliste a également pris pour exemples les nombreuses fermetures de commerces dans le pays et notamment à Esch-sur-Alzette, même si, contrairement à des villes comme Dudelange ou Bettembourg, la commune eschoise ne semble pas aussi dynamique que ses homologues pour rendre attractif son centre-ville.

On l’aura compris, l’OGBL voit dans la multiplication des centres commerciaux une spéculation immobilière conduisant à une surenchère en termes de points de vente, une responsabilité au niveau des faillites, etc.

Dès lors, l’OGBL propose plusieurs mesures afin de mieux protéger le secteur. Retenons que le syndicat souhaite une convention collective sectorielle pour les petits commerces. Ensuite un moratoire de trois ans sur les nouveaux centres commerciaux afin de donner de l’air aux commerces déjà existants. Un gel des loyers commerciaux pendant trois ans. La mise en place de bons de consommation pour aider les petits commerces qui souffrent pendant cette crise. Enfin, l’OGBL veut une clarification sur les règles autour des horaires de travail dans le secteur.

L’OGBL va mettre en place plusieurs actions d’ici la fin de l’année afin de faire connaître ses intentions tout en demandant des entrevues avec les ministres Lex Delles et Dan Kersch.

Jeremy Zabatta

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