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Crassier de Marspich : le lanceur d’alerte contre-attaque


Chauffeur pour un sous-traitant au moment des faits, le lanceur d’alerte maintient ses accusations. Pour lui, il n’y a aucun doute : « C’est bien de l’acide que j’ai déversé sur le crassier. » Dans cette vidéo, il promet de ne rien lâcher et d’aller jusqu’au bout. (Photo : DR)

Alors qu’ArcelorMittal nie toute pollution après son enquête interne, le lanceur d’alerte a décidé de contre-attaquer avec une vidéo dans laquelle il témoigne à visage découvert pour la première fois. Épuisé mais déterminé.

A la fin de la vidéo, exténué, à bout, il ne peut retenir ses larmes, en déclarant faire tout ça pour une « question de dignité envers ses enfants ». Alors qu’ArcelorMittal a publié les résultats de son enquête interne mardi soir, dans l’affaire du crassier de Marspich, niant catégoriquement toute pollution, le lanceur d’alerte a décidé de réagir et de contre-attaquer. Il a transmis au Républicain Lorrain mercredi soir un document filmé dans lequel il maintient sa version et ses accusations. Surtout, il franchit le pas de témoigner pour la première fois à visage découvert, face caméra (sans dévoiler son nom).

« Je ne fais pas ça pour l’argent »

Un peu plus tôt au téléphone, il confiait être épuisé, « ne plus dormir depuis des jours », mais souhaite aller au bout de sa démarche. « J’abandonne l’anonymat, peu importe, au point où on en est. » Pour tourner cette vidéo, il s’est déplacé en train jusqu’à Lyon, où le site i-boycott l’a aidé. C’est un membre de ce même site qui a lancé, avec d’autres, une campagne de soutien financier sur Leetchi, qui a déjà permis de récolter 22 000 €. Depuis qu’il a tenté de dénoncer la pollution sur le crassier, dans un premier temps en interne, ensuite dans les colonnes du Républicain Lorrain, le lanceur d’alerte assure vivre une période très difficile. Il ne trouve plus de travail et tient pour responsable le géant de l’acier.

Dans l’extrait publié sur le site du Républicain Lorrain, il maintient ses accusations. Pour lui, aucun doute : « C’est bien de l’acide que j’ai déversé sur le crassier et non des boues d’hydroxyde de fer comme le prétend Arcelor. On le voit sur ma première vidéo, il s’agit d’un produit liquide, jaune fluo, rien à voir avec des boues. » Il précise qu’au moment des analyses de la Dreal et de l’enquête interne du groupe, il n’a pas été sollicité, ce qui aurait pu être utile pour déterminer l’endroit exact du déversement.

Il insiste ensuite sur le fait qu’il se sent « petit, tout seul » face aux deux géants que sont Suez et ArcelorMittal. « Dès le début, je savais ce que je faisais, que j’étais dans l’illégalité lorsque j’ai déversé ces produits. J’ai décidé de témoigner, pas pour l’argent, mais pour qu’ils écrivent noir sur blanc ce qu’ils ont déversé. » L’affaire est toujours entre les mains de la justice, après l’ouverture d’une enquête par le parquet de Thionville. Elle attend notamment les résultats des analyses effectuées par la Dreal, qui seront certainement déterminants.

François Pradayrol (Le Républicain Lorrain)

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