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Covid long : un appel à la population en bonne santé pour participer à une étude


Pour certains patients, les symptômes du covid long sont très invalidants dans leur vie quotidienne. (photo Adobe Stock)

Une étude sur les symptômes longs psychologiques et neuropsychologiques du covid devrait permettre aux chercheurs de mieux en comprendre les mécanismes pour mieux les soigner.

Si le covid vous a touché mais que vous n’avez plus de symptômes, ou si vous avez été épargné, vous pouvez aider la science. Un appel est lancé à la population dans le cadre d’une étude internationale Psy-Long-COVID menée par la Rehaklinik au Luxembourg, en partenariat avec d’autres sites en Allemagne et en Suisse.

Cette étude est en cours depuis septembre 2021 pour aider les chercheurs à comprendre les effets (neuro-)psychologiques du covid long. Près de 700 personnes y ont déjà participé, mais pour l’instant il s’agissait de patients concernés par ces problèmes. Dans cette deuxième phase, les chercheurs veulent maintenant un échantillon aussi vaste que possible pour comparer ces effets secondaires avec une population en bonne santé. 

L’objectif de l’étude initiée par la Rehaklinik du Centre hospitalier neuro-psychiatrique (CHNP) à Ettelbruck est d’examiner les différences et les similitudes entre le syndrome de long covid et d’autres maladies déjà connues. En comprenant mieux les symptômes et ce qui les déclenchent, les professionnels de la santé espèrent développer des approches thérapeutiques ciblées et plus efficaces, c’est ce qu’explique Dr phil. Charles Benoy, directeur des études. Ce psychologue et psychothérapeute suit depuis le début des patients touchés par ces phénomènes et envoyés à la Rehakinik par le CHL.

Une étude rapide et en ligne

La participation à l’enquête Psy-Long-COVID menée par la Rehaklinik dure dure environ 30 minutes et se déroule entièrement en ligne. Elle consiste en divers questionnaires et tests neuropsychologiques. La participation à l’étude est totalement anonyme et volontaire et se fait via le lien suivant : https://ww3.unipark.de/uc/long-covid/.

Anxiété, dépression, perte de concentration…

«Nous allons essayer de comprendre s’il y a plusieurs catégories de covid long, indique le spécialiste, et cela pour les symptômes psychologiques ou neuropsychologiques. Environ un tiers des patients qui ont un covid long souffrent de problèmes d’anxiété, de dépression, de fatigue chronique, mais aussi de symptômes post-traumatiques ou neuropsychologiques, comme des troubles de la mémoire courte et de concentration.»

«Nous avons beaucoup de personnes dans ce cas, qui n’arrivent plus à trouver leurs mots ou à lire une page complète parce qu’ils ne se rappellent plus ce qu’ils étaient en train de lire. Avec cette étude, on essaye de voir s’il y a des relations entre des symptômes physiques et psychologiques ou est-ce qu’il y a des corrélations avec d’autres types de facteurs : la pandémie, des aspects socio-démographiques, etc. Nous allons essayer de faire des sous-groupes de covid long qui nous donnent la possibilité de mieux comprendre l’étiologie de certains syndromes. S’ils sont créés ou accentués par certains facteurs.»

Cette étude ne s’intéresse pas aux personnes qui ont des symptômes longs respiratoires, «car ces symptômes sont presque toujours liés à l’infection elle-même», précise le Dr phil. Charles Benoy. «Alors que les symptômes psychologiques peuvent avoir d’autres causes et être liés à d’autres maladies ou par exemple des angoisses déjà présentes et renforcées par la contamination au covid».

Dix pour cent ont un symptôme persistant

Si cette étude ne permet pas de connaître la proportion de malades ayant contracté un covid long, d’autres au niveau international apportent des informations à ce sujet. «Un peu près 10 % des personnes qui ont eu le covid ont au moins un symptôme persistant, mais tous ces symptômes ne sont pas invalidants à long terme. On peut par exemple avoir des personnes qui conservent des problèmes d’odorat. J’en ai eu un ce matin (NDLR : jeudi matin) qui est déprimé par cela, notamment parce que la cuisine c’est son hobby, mais il peut garder son travail.»

Les personnes qui sont considérées comme réellement invalidées par un covid long sont estimées à 1 % de la population qui a été infectée. «De ces 1 %, on a un tiers qui souffrent de problèmes purement psychologiques. À savoir que les symptômes comme la fatigue physique ne sont pas considérés comme psychologiques, même s’il peut y avoir un impact.»

Ces effets qui perdurent ont des conséquences lourdes sur la vie des patients qui sont, pour la plupart, en congé maladie longue durée et pris en charge par la Rehaklinik à Ettelbruck. Beaucoup des patients de la clinique cumulent des problèmes neuro-psychos ou psychologiques avec des troubles physiques.

Concrètement, des personnes qui ne peuvent plus monter des escaliers peuvent avoir le moral en berne jusqu’à les empêcher d’aller travailler, «d’avoir la force se lever le matin, créer des problèmes dans leur couple, perdre leur travail, etc. Elles développent donc dans un deuxième temps des problèmes psychiques», raconte le thérapeute.

«Il y a de l’espoir»

Heureusement, les covid longs se soignent aussi, «que ce soit chez nous au niveau psychologique ou physique dans les autres services, beaucoup de personnes en sortent guéries. Il y a de l’espoir et ça, c’est important de le dire», insiste le directeur d’études. Le temps de guérison n’est pas le même d’une personne à l’autre, cela dépend notamment de l’importance des symptômes. Pour une petite minorité, il n’y a toujours pas de traitement efficace.

Le covid n’est pas la seule maladie qui a un impact psychologique, loin de là. Le cancer change la perception et la confiance dans son corps, «et développe des angoisses. Il y a plein de processus psychologiques qui interviennent là-dedans et qu’on connaît déjà pour d’autres maladies». C’est l’un des enjeux de cette étude, découvrir si certains symptômes en annoncent d’autres afin de les traiter de façon préventive.

Les covid longs pas si nombreux

Les symptômes psychologiques peuvent être donc indirects comme des crises d’angoisse à l’idée d’étouffer lorsqu’on a du mal à récupérer son souffle mais aussi directement liés à l’atteinte du cerveau. C’est le cas pour la borréliose (maladie de Lyme) ou le VIH avec des problèmes de concentration par exemple. «Psychologique ne veut pas dire qu’il n’y a pas un impact biologique ou physiologique sur le cerveau. Ce n’est pas parce qu’un symptôme est psychologique qu’il est imaginé ou psychosomatique», temporise le médecin.

Les covid longs ne sont pas si nombreux proportionnellement au nombre de personnes atteintes par la maladie. Des effets secondaires psychologiques sont plus nombreux dans le diabète ou l’asthme par exemple, en raison de la chronicité de la maladie.

«Le cerveau et le corps ne sont pas deux entités séparées, elles interagissent ensemble et peuvent affecter le moral. La différence avec l’infection du covid, c’est qu’elle peut directement s’attaquer au cerveau», analyse le psychologue, qui précise que les professionnels font de mieux en mieux la part des choses entre les conséquences psychologiques biologiques et indirectes. Mais avec l’ampleur de la pandémie, ce petit pourcentage donne forcément un nombre de personnes concernées conséquent.

Les personnes infectées plus nombreuses que ce qu’on pense

D’après une petite étude sortie la semaine dernière au Luxembourg, la moitié des personnes qui pensent ne pas avoir été contaminées par le covid ont au moins été en contact direct avec la maladie, explique Dr phil. Charles Benoy.

Un résultat obtenu grâce aux analyses de sang. Ce qui signifie que le nombre de personnes qui ont été infectées pourrait être bien plus important.

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