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Coups de couteau au Burger King : un adolescent en blesse un autre pour un regard


Les faits ont eu lieu devant un fast-food de la marque. (Photo : archives lq)

Des regards un peu trop insistants ont conduit un jeune homme de 20 ans face aux juges. Il est accusé de tentative de meurtre après avoir poignardé à cinq reprises un jeune du même âge.

Elyas, sweat-shirt à capuche rouge, enlève précautionneusement ses AirPods et les place dans une de ses poches avant de sortir de la main gauche un couteau en forme de poisson de son sac banane et de le manipuler. Ermin avance vers lui. Elyas le repousse de la main gauche. Ermin lui décoche un coup de poing au menton. Elyas recule, manipule à nouveau le couteau et se rue sur Ermin qu’il roue de cinq coups de couteau fulgurants dans le dos. La scène filmée par les caméras de vidéosurveillance dure moins de deux minutes.

Il est 21 h 51 dans le sas d’entrée du Burger King de la place d’Armes, à Luxembourg, le 15 octobre 2021. Elyas et ses deux amis déguerpissent. Ermin et un autre jeune homme en rejoignent un troisième sur la terrasse du McDonald’s voisin. Ermin sent un liquide dégouliner le long de son dos. Il passe sa main et réalise qu’il s’agit de sang. Le jeune homme alors âgé de 18 ans a un pneumothorax, de l’air s’est infiltré entre ses poumons et son thorax. Prises en charge par les secours à temps, ses blessures ne sont pas mortelles et il ne souffre d’aucune complication.

Des regards de travers échangés dans les toilettes du fast-food ainsi qu’à l’extérieur seraient à l’origine de la rixe entre les deux groupes de jeunes, ont confirmé les protagonistes. «Je ne les avais jamais vus avant. Ils nous regardaient avec insistance», a expliqué Elyas à la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier matin. «Ermin nous a menacés. J’ai essayé de pacifier la situation, mais il a continué. Pour lui faire peur, j’ai sorti mon couteau en lui demandant de nous laisser tranquilles. Il m’a frappé.» Dans le récit d’Ermin, les rôles sont inversés : le trio les toisait. «Ils nous attendaient à l’extérieur quand nous sommes remontés des toilettes. J’ai essayé de calmer le jeu», rapporte le jeune homme de 20 ans. «Nous voulions juste boire un verre.»

Avant que la bagarre n’éclate, Ermin et un ami ont fait plusieurs allers-retours dans les toilettes du fast-food au cours desquels ils ont croisé Elyas et ses deux amis. Les images de vidéosurveillance en attestent, mais leur angle de prise de vue ne permet pas de savoir ce qui a pu s’y tramer, selon un enquêteur de la cellule de recherche des fugitifs et de protection des victimes de la police judiciaire. Interrogé par le président sur ces nombreux passages aux toilettes, Ermin répond avoir «dû faire pipi». Un de ses amis précise : «On avait bu de l’alcool. Ça donne envie.» Quel alcool et en quelle quantité? Le jeune homme de 18 ans ne s’en souvient plus.

Stress post-traumatique

Après les coups de couteau, Elyas et ses amis sont partis sans se retourner. «Ermin avait l’air d’aller bien. J’avais peur qu’il m’attaque, donc je suis parti», se justifie le prévenu. «J’ai relevé la tête après avoir encaissé les coups. Il n’y avait plus personne. J’ai vu des plumes qui s’échappaient de mon blouson», raconte Ermin, très expansif, avant de se constituer partie civile et de réclamer 25 000 euros. «Deux soldats m’ont soutenu. Ils m’ont fait parler. Le personnel des deux fast-foods arrivait les bras chargés de serviettes en papier pour éponger mon sang.»

Les versions des deux groupes d’amis se ressemblent fortement tout en étant différentes. Notamment sur les fameux regards insistants et sur qui a commencé. Les deux groupes se rejettent la responsabilité de la rixe qui a mal tourné. Elyas assure avoir juste voulu se défendre. «Il conservait le couteau sur lui parce qu’il avait été agressé à deux reprises dans le cadre de vols avec violences au moment des faits», a précisé l’expert en neuropsychiatrie qui a établi le profil du jeune homme.

Le médecin explique la réaction violente et impulsive du prévenu, «ce bégaiement gestuel», par «son état de syndrome post-traumatique» déclenché par ces deux agressions. Les troubles du stress post-traumatique se développent après un événement extrêmement traumatisant. «Ils peuvent être à l’origine de la perte de contrôle d’Elyas», note l’expert. «L’anxiété est présente chez lui dès le départ», mais elle grandit, devient insupportable et entraîne une réaction. «Au moment de la discussion avec Ermin, il ne sait pas encore qu’il se dirige vers une situation où, de victime, il va devenir agresseur», poursuit le neuropsychiatre en réponse à la représentante du parquet qui veut comprendre pourquoi le jeune homme n’a pas passé son chemin. Cet état a entraîné, selon lui, «une faible altération de ses capacités de contrôle et de discernement».

Le procès se poursuit ce matin avec le témoignage d’un des amis d’Elyas ainsi qu’avec le réquisitoire du parquet et les plaidoiries de la défense.

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