Le député-maire de Käerjeng, Michel Wolter, n’en revient toujours pas. Il pensait que les travaux du contournement de Bascharage allaient démarrer et voilà que le gouvernement change de tracé.
«C’est reparti pour 15 à 18 ans!», ne décolère pas le député-maire de Käerjeng, Michel Wolter (CSV). Il a pris connaissance du communiqué livré par les ministres François Bausch et Joëlle Welfring annonçant une nouvelle variante au contournement de Bascharage, comportant un tunnel pour préserver le Bobësch.
«Il est devenu fou, ce n’est plus normal, on tombe dans l’irrationnel!», explose le député-maire qui n’en revient pas. Quand les responsables communaux de Käerjeng et de Sanem se sont rendus au ministère mercredi, ils pensaient que le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, et la ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring, allaient leur annoncer le début des travaux du contournement. Forcément, la surprise était de taille quand ils ont découvert que le gouvernement avait changé son fusil d’épaule et visait désormais un autre tracé.
La nouvelle variante, selon le gouvernement, doit réduire considérablement l’impact sur les zones de loisirs et sur la zone protégée Natura 2000. Elle comprend l’aménagement d’un tunnel de 600 à 700 mètres en dessous de la zone protégée et oriente la nouvelle route directement dans le zoning communal «Op Zämer» et la zone d’activité économique nationale «Robert-Steichen» au lieu de contourner les deux zonings. Elle permet également de laisser accessible l’arrêt ferroviaire Bascharage-Sanem pour les piétons, cyclistes, lignes de bus et voitures.
Rien de tout cela n’impressionne Michel Wolter. «En 2018, nous avons voté une loi», rappelle-t-il. En 2021, François Bausch assurait encore dans une réponse parlementaire que «selon le planning actuel, les travaux du contournement pourront démarrer au plus tôt à l’automne 2021 et la durée prévisible de l’ensemble du projet est de cinq années». « En mai 2022, il nous a promis le début du contournement pour le printemps 2023 en présence de 25 témoins», indique le député chrétien-social.
Il estime que les ministres ne peuvent pas aussi simplement publier un communiqué pour annoncer une nouvelle variante sans qu’elle soit validée en Conseil de gouvernement. Il s’agit d’une loi, celle de 2018 qui prévoyait un investissement de 139 millions d’euros pour une route de 4,2 km entre l’A13 et la N5.
«Le tracé de 2018 était celui de François Bausch, il l’a présenté lui-même après des années d’études et je n’arrive pas imaginer qu’aujourd’hui, où tout est prêt, on met sur la table quelque chose qui ne tient pas la route», affirme Michel Wolter.
Lors de la réunion au ministère, les élus locaux ont eu droit à une présentation succincte. «Ils nous ont dit qu’ils reviendraient vers nous la semaine prochaine et le jour d’après, ils communiquent sur un nouveau tracé», s’insurge Michel Wolter. Les élus locaux se sentent «piégés». Le nouveau tracé léserait la commune de Sanem.
«C’est une variante ultranégative pour Sanem qui représente tout ce que la commune a combattu», selon Michel Wolter. D’après ses estimations, le projet est reparti pour six ans de plan, puis le vote du projet, ensuite deux à trois ans de procédures auxquels vont finalement s’ajouter quelques années de travaux dont un tunnel. Soit une durée jaugée à 15 ans.
Une «façon de procéder irrespectueuse»
Michel Wolter n’aura pas eu le temps de réunir le conseil communal pour lui faire part de la teneur de la réunion et de ce nouveau tracé. «Cette façon de procéder est vraiment irrespectueuse pour les élus que nous sommes», dénonce Michel Wolter. Quelle discussion pourrait-il y avoir dans les semaines à venir vu que la décision semble prise de changer le tracé, donc la loi.
«Ils n’ont pas pu dire si tunnel aura un impact sur la zone Natura 2000. Le gouvernement rappelle dans son communiqué que «depuis 2022, les études des mesures pour compenser l’impact environnemental, le Plan national de mobilité 2035 (PNM) et la décision d’optimiser l’A13 et l’A4 ont modifié profondément les conditions cadres du projet».
Si les premières études menées par l’administration des Ponts et Chaussées et présentées aux élus communaux rassurent les deux ministres sur la faisabilité de la nouvelle solution, elles restent encore un mystère pour Michel Wolter.
C’est pas qu’un mystère, c’est bien pire: Et je crains bien que c’est ce qui crée le fiasco quotidien sur les routes luxembourgeoises… Rappelons-nous: La route du nord a commencé à être planifiée en 1974 … avec aussi de nombreuses variantes et tunnels, critiques, pour en finir avec l’A7 et des bouchons au Kirchberg … en 2015! Tout cela était bien prévisible… Et à Sanem/Bascharage, on est visiblement parti pour 2040, un Luxembourg avec près de 880000 habitants et 150000 frontaliers français qui circuleront dans la région.