Voilà plusieurs mois que la Chambre des métiers alerte sur la situation dans le secteur de la construction. Lundi, il a demandé des mesures du gouvernement pour les semaines à venir.
L’heure n’est plus au constat pour la Chambre des métiers. Il faut maintenant des actes. Voilà plusieurs mois que les professionnels de la construction pointent du doigt une dégradation de la situation dans leur secteur. Ils appellent désormais le gouvernement à mettre en œuvre, à brève échéance, des mesures urgentes, temporaires et ciblées en concertation avec eux. Hier, la Chambre des métiers a voulu contredire cette idée d’un «ajustement normal du marché» entendu ces derniers mois dans le pays. Pour elle, les entreprises familiales concernées – surtout les microentreprises et les jeunes entreprises – subissent pleinement le choc dû à la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques. La situation conjoncturelle est ainsi très tendue. Nous sommes aujourd’hui dans une «situation que le secteur de la construction n’a jamais connu dans le passé récent», souligne la Chambre des métiers.
Le monde de l’artisanat demande une rencontre avec le gouvernement dans les semaines à venir en vue d’adopter des mesures de soutien avant les mois d’été. Cette période risque d’être une phase décisive pour la survie des entreprises subissant pleinement le recul conjoncturel, avertissent les professionnels du monde de la construction. La Chambre des métiers a peur d’un effet domino et de voir les entreprises défaillantes intervenant dans les premiers développements des projets de construction entraîner un effondrement en cascade chez les autres entreprises spécialisées intervenant au fil de l’évolution des chantiers. Et cette situation risque d’arriver même si une reprise prochaine est au rendez-vous.
Des indicateurs dans le rouge
L’appel à l’aide du secteur de la construction n’est pas nouveau, mais il se montre dorénavant très pressant. La sonnette d’alarme a pourtant été tirée dès le mois de décembre par la Chambre des métiers. Les perspectives pour l’année 2023 sont en effet peu encourageantes, sachant que l’inflation, la hausse des prix de l’énergie, l’augmentation des coûts des matériaux et des salaires et surtout la hausse des taux d’intérêt ont entraîné une réduction massive des investissements dans la pierre avec, pour conséquence, un impact négatif au niveau du chiffre d’affaires et du niveau d’activité de l’ensemble des acteurs intervenant sur les projets de construction. Manque de projets, manque de liquidités, la crise menace.
La structure professionnelle met en avant les données du Statec qui confirment la tendance de baisse en constatant une réduction considérable du volume bâti autorisé pour les logements de 27 % sur les trois premiers trimestres 2022 en comparaison avec la même période de 2021 et une baisse du nombre d’actes de vente d’appartements neufs de 64 % au 3e trimestre 2022 comparé à la situation d’avant la pandémie (3e trimestre 2019). La BCL relève aussi une baisse considérable des nouveaux crédits immobiliers contractés par les ménages résidents de 28 % en janvier 2023 (en comparaison avec janvier 2022). La chute de l’indicateur de la BCL mesurant les intérêts des consommateurs à réaliser actuellement des achats importants (-51 en mars 2023) est sensible, souligne aussi la Chambre.
L’effet domino en action
Pour les prochains mois, le niveau d’activité sur le marché des nouvelles constructions risque de continuer à se dégrader «avec une intensité accrue» selon la Chambre des métiers, impactant prioritairement les corps de métiers du gros-œuvre et de la fermeture du bâtiment (toiture…) ainsi que du parachèvement (carreleurs, peintres…). La situation risque toutefois aussi d’empirer pour d’autres activités connexes (comme les électriciens) étant donné le fait que le retournement de la situation avec à la base le report, voire la non-réalisation de projets faute d’investisseurs, touchera à terme toute la filière de la construction. L’effet domino tant redouté a commencé, il faut donc que le gouvernement agisse selon la Chambre des métiers. D’ailleurs, d’après sa dernière enquête de conjoncture, 44 % des entreprises affichaient des carnets de commandes avec une visibilité de moins de 3 mois et 79 % un carnet avec une visibilité de moins de 6 mois.
De plus, le secteur estime qu’en 2023 la production diminuera de 1 500 unités en passant de 3 800 à 2 300 logements achevés. L’effet négatif au courant de 2023 de cette réduction de logements sur les carnets de commandes de nombreux corps de métiers sera dès lors considérablement renforcé. De nombreuses entreprises de différents corps de métiers ne seront pas en mesure de compenser rapidement la baisse de production de logements et de réorienter leurs activités vers la rénovation par exemple. Il y a un risque important pour l’emploi à court terme. La Chambre des métiers demande donc une rencontre avec le gouvernement pour tenter de surmonter ces difficultés et de préserver ce secteur si important, alors que le pays manque de logements et que la révolution énergétique nécessite un secteur dynamique pouvant se projeter.