Après l’espace avec SES et les astéroïdes avec l’initiative SpaceResources.lu, le Grand-Duché s’attaque désormais à la Lune.
Ce jeudi, Étienne Schneider, ministre de l’Économie, a lancé le Luxembourg dans la course à la Lune en signant un partenariat avec une société japonaise, Ispace, «championne» dans le domaine spatial.
Depuis un peu plus d’un an, le Luxembourg s’est lancé dans l’aventure spatiale, ou plutôt dans l’aventure de l’exploitation des ressources spatiales. S’il est évident que le Grand-Duché n’a pas les ressources pour financer des projets dans l’espace comme le font la NASA ou encore l’ESA, le gouvernement luxembourgeois a eu la bonne idée de tout mettre en œuvre pour mettre en place une structure légale visant à réglementer l’exploitation des ressources spatiales, mais également de favoriser la venue d’entreprises à haute valeur ajoutée sur le sol grand-ducal et de les soutenir financièrement.
Le but ? Créer un écosystème favorable à l’éclosion d’un secteur économique porteur au Luxembourg, attirer des entreprises et des talents à très forte valeur ajoutée, nouer des partenariats entre ces entreprises et des structures comme l’Université du Luxembourg et le LIST afin de créer sur le long terme un pôle technologique digne de ce nom, comme peut l’être aujourd’hui la place financière luxembourgeoise.
«Let’s make it happen» sur la Lune
Ce jeudi, une nouvelle étape a été franchie, avec la signature d’un partenariat avec la société Ispace et son équipe «Hakuto», finaliste du Google Lunar X Prize, qui ambitionne d’envoyer en décembre prochain un engin pouvant rouler et envoyer des images depuis la Lune. Ispace a donc choisi le Luxembourg pour y établir son siège européen, qui sera basé au sein de l’incubateur de Paul Wurth, l’Incub. «Nous avons choisi le Luxembourg pour son fort secteur technologique, ainsi que pour son soutien tant au niveau législatif que financier. Nous sommes convaincus que le Luxembourg est le meilleur endroit pour débuter nos opérations en Europe», a souligné Takeshi Hakamada, le CEO d’Ispace.
Un autre argument a été décisif dans cette décision, les compétences du LIST en matière d’instruments spectrographiques. Dans les faits, le Luxembourg va soutenir la société à hauteur de 500 000 euros, à partir de l’enveloppe de 200 millions d’euros destinée à l’initiative SpaceResources. En contrepartie, Ispace, qui compte au Japon une vingtaine de salariés, va employer quelques ingénieurs au pays et ambitionne d’en embaucher davantage par la suite.
Mais l’idée première n’est pas de créer de l’emploi à court terme. «Notre intention n’est pas de créer rapidement de l’emploi, mais plutôt de soutenir la recherche et le développement ici au Luxembourg afin de créer un écosystème sur le long terme qui, à terme, va générer de l’activité et donc de l’emploi», a souligné Étienne Schneider avant d’expliquer : «Depuis que l’on a lancé notre initiative SpaceResources, une cinquantaine de sociétés ont manifesté leur intérêt pour le pays et l’initiative.» Petit clin d’œil, le slogan du Luxembourg «Let’s make it happen» (Faisons en sorte que cela arrive) devrait figurer sur l’engin lunaire de Hakuto.
Les projets lunaires sont de plus en plus à l’ordre du jour et plusieurs nations se tournent vers la Lune et son potentiel économique en termes d’exploitation minière tout en ambitionnant d’établir une base lunaire. Un retour au premier plan de l’orbite naturelle de la Terre, qui a longtemps été délaissée par les grandes nations spatiales préférant se concentrer sur Mars.
Sur la Lune avant 2018
Google vise également la Lune avec son initiative «Google Lunar X Prize», lancée en 2007. Ce projet, sous forme de compétition, consiste à mettre en concurrence plusieurs équipes ayant pour but de poser sur la Lune un engin pouvant parcourir 500 mètres sur l’orbite naturelle de la Terre et pouvant envoyer des images en haute résolution. À la clé, une récompense de 30 millions de dollars, dont 20 millions pour le premier à réussir cet exploit. Au départ, 34 équipes, dont les japonais de Hakuto, se sont inscrites à cette compétition. Aujourd’hui, il ne reste plus que cinq équipes (SpaceIL, une équipe israélienne, Moon Express, une équipe américaine, Team Indus, une équipe indienne, les Japonais de Hakuto et, enfin, l’équipe internationale Synergy Moon).
Jeremy Zabatta