La ministre et le président du Syndicat des villes et communes luxembourgeoises (Syvicol), qui est également le député-maire de Clervaux, font front commun pour inciter les femmes à prendre davantage de responsabilités sur le plan communal.
Les élections communales d’octobre 2017 approchent à grands pas et la ministre Lydia Mutsch a tenu à dresser un état des lieux, à la suite du lancement de la campagne gouvernementale visant à rééquilibrer la proportion des sexes dans les conseils communaux.
Dans le cadre de cette première évaluation, après l’initiation de la campagne au mois de mars dernier, Lydia Mutsch a déclaré que cet objectif était entré dans sa deuxième phase. Quatre tables rondes ont déjà été organisées (à Marnach, Steinsel, Dudelange et Berdorf) afin de convaincre des citoyennes des différentes circonscriptions de s’engager politiquement au niveau local.
En toile de fond, la ministre et le président du Syvicol ambitionnent de contrecarrer la sous-représentation des femmes dans les 105 administrations communales du pays. « Les femmes ont leurs propres vécu, expérience, point de vue , estime Lydia Mutsch. Bref, elles peuvent se prévaloir d’une vision politique différente qui ne peut que constituer une valeur ajoutée dans l’administration d’une commune. »
Opération séduction des électeurs en 2017
Cela étant, une certaine réticence supposée persiste dans l’esprit de ces dames qui s’interrogent sur leur capacité à concilier vies professionnelle et familiale avec un éventuel mandat politique, dans le cas des femmes actives. Dans le même sens, la ministre Lydia Mutsch constate un manque de confiance manifeste chez certaines femmes quant à leurs «qualifications» effectives pour assumer des responsabilités politiques. Et lorsque ce manque de confiance en soi est couplé à un manque de motivation, la proportion de candidates potentielles ne peut qu’en pâtir, selon la ministre.
Pour tenter de remédier à ce phénomène, le ministère et le Syvicol ont évidemment tout prévu, en lançant des pistes sous la forme de lignes directrices. «Savoir parler aux jeunes», «communiquer avec les citoyens», «offrir plus de formations», «sensibiliser les entreprises» ou encore «aborder des changements structurels», constituent autant de possibilités de faire changer les mentalités.
En ce qui concerne un hypothétique profil type de la candidate, la ministre a insisté sur le fait que celui-ci n’existait justement pas. Seules l’« envie » et la «motivation en vue de s’engager politiquement» sont valables.
Pour sa part, la troisième phase de la campagne du ministère est censée commencer au mois de janvier 2017, avec la séduction des électeurs. En clair, il s’agira d’entamer la pêche aux voix électorales.
Claude Damiani
Treize bourgmestres femmes pour 105 communes
À l’heure actuelle, sur les 105 communes que compte le pays, treize d’entre elles sont dirigées par un bourgmestre de sexe féminin, à l’image de la bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer et de son homologue d’Esch-sur-Alzette, Vera Spautz. Par ailleurs, 252 femmes disposent de l’un des 1 125 mandats dans les conseils communaux, alors que 45 échevins sur 231 sont des femmes. D’autre part, 194 conseillers sur 789 sont des femmes.
32,09 % de candidates en 2011
Lors des élections communales de 2011, le pourcentage de femmes candidates était de 32,09 %. Un chiffre qui connaît certes une hausse par rapport aux élections communales de 2005, mais faible, de l’ordre de trois points de pour cent.
En outre, dans les communes à scrutin de liste avec représentation proportionnelle, seulement 36,3 % des candidats étaient des femmes, tandis que dans les communes à scrutin de liste avec représentation majoritaire, c’était le cas pour 20,1 % des candidats. Enfin, dans ces communes à représentation majoritaire, 63,7 % des femmes candidates ont été élues, alors qu’aucune candidate ne s’est présentée dans six communes du pays.
C. D.
Un budget de 100 000 euros pour convaincre les femmes
Dans le but de parvenir à ses fins, le ministère de l’Égalité des chances invite toute potentielle candidate à présenter un projet en lien avec les élections communales de 2017. Dans ce cadre, un formulaire est à remplir auprès du ministère.
Parmi les conditions requises, il faut, par exemple, que le projet soit en lien direct avec les élections communales de 2017, ou qu’il encourage les candidates du sexe sous-représenté à poser leur candidature.
Quant aux montants alloués, la ministre Mutsch a indiqué qu’ «un budget de 100 000 euros est mis à la disposition des projets introduits en 2016». «Les subsides relatifs à l’année 2017 sont encore en cours de négociation» , a-t-elle encore précisé.