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Chiot empoisonné : six mois et une amende requis contre le voisin


«Il y a d'autres manières de régler un conflit entre voisins que de tuer un chien!», avait martelé le représentant du parquet. (Photo : Didier Sylvestre)

Accusé d’avoir tué le chiot de sa voisine dans le nord-est du pays en 2017 à l’aide d’un raticide, un sexagénaire était convoqué lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Diekirch.

Cookie avait à peine dix mois lorsqu’il a ingéré l’appât déposé sur le toit de la grange chez son voisin, dans le nord-est du pays, fin septembre 2017. Intoxiqué, le chiot était décédé quelques jours plus tard. Le vétérinaire n’avait rien pu faire.

Le rapport d’expertise établi par le Laboratoire national de santé (LNS) est sans équivoque : «Le raticide a tué le chien.» Ce sont plus précisément des traces de difenacoum qui avaient pu être relevées dans le sang du petit animal, expliquait lundi après-midi un spécialiste en toxicologie mandaté par le juge d’instruction. «Le chien fatigue, devient inerte, puis décède finalement d’hémorragies.»

La substance mortelle retrouvée dans le cadre de l’autopsie fin octobre 2017 s’achète dans des magasins spécialisés. «En général, il s’agit d’une boîte sur lequel est inscrit raticide», précise l’expert. L’appât saisi par les policiers sur le toit de la grange du voisin ne se présentait toutefois pas sous cette forme. Il s’agissait d’un mélange de viande hachée sur un essuie-tout avec une ficelle autour.

Que le petit chiot aimait jouer sur le toit de la grange du voisin, cela ne fait pas de doute. Un habitant du quartier confirme l’y avoir aperçu de temps à autre. Mais il avait également était témoin d’une scène lors de laquelle le voisin aurait fait comprendre que le chiot ferait bien de «crever».

« Que chacun reste sur son terrain »

Grognements depuis le banc des prévenus. Le sexagénaire n’en a pas démordu lundi après-midi : l’appât était destiné aux rats. «Je n’y peux rien si le chien est mort empoisonné.Que chacun reste sur son terrain…»

«Si vous aviez un problème de rats, un simple boîte de raticide aurait suffi. Pourquoi alors le mélanger avec du haché de viande? À entendre l’expert en toxicologie, un tel mélange attire plutôt les chiens», s’est permis d’intervenir le président.

Du tête-à-tête qui s’est ensuivi avec le juge, que très peu aura été audible jusqu’au fond de la salle d’audience. «J’ai tout dit. Je n’ai plus rien à dire, s’est finalement rassis le retraité de 64 ans, main dans les poches. Je ne suis pas un ennemi des animaux.»

« C’était un acte prémédité »

Dans son réquisitoire, le procureur d’État adjoint de Diekirch n’a pas longtemps tourné autour du pot : «Il y a d’autres manières de régler un conflit entre voisins que de tuer un chien!» Pour lui, la preuve de culpabilité est clairement établie. Cela aurait été tout sauf un accident. «C’était un acte prémédité.» Car le mélange de raticide retrouvé par les agents de police sur le toit de la grange où le chiot jouait et faisait ses besoins aurait été «très bien préparé» : «Il ne pouvait y résister.»

Se tournant vers le prévenu et cherchant à capter son regard, le procureur adjoint l’a averti : «Monsieur, la loi sur la protection des animaux votée en juin 2018 prévoit entre huit jours et trois ans d’emprisonnement et jusqu’à 200 000 euros d’amende.» Les faits reprochés remontant à septembre 2017, le prévenu tombe sous le régime de l’ancienne loi de 1983 prévoyant jusqu’à six mois de prison et 20 000 euros d’amende. Vu son absence de repentir à la barre, il a requis la peine maximale de prison. Pour un éventuel sursis, il se rapporte à prudence de justice. Enfin, il a réclamé une amende de 5 000 euros et une interdiction de «tenir des animaux» pour une durée de cinq ans contre le prévenu sans casier judiciaire. «Ce n’est pas une manière de vivre ensemble au XXIe siècle au Luxembourg», a-t-il appuyé.

Prononcé le 3 octobre

Émue, la propriétaire de Cookie s’était constituée partie civile. Elle réclame quelque 900 euros pour rembourser toutes les factures de vétérinaire. La chambre correctionnelle de Diekirch rendra son jugement le 3 octobre. Le sexagénaire qui s’est présenté lundi sans avocat, a annoncé qu’il ne compte pas se laisser faire. Au plus tard en instance d’appel, il aura un avocat à ses côtés.

Fabienne Armborst