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Château d’eau du Kirchberg : «Un arbre parmi les arbres»


Le château d'eau, réalisé pour près de 11 millions d’euros, doit permettre de suivre la croissance démographique prévue au Kirchberg.

Inauguré jeudi, la veille de la journée mondiale de l’Eau, le château d’eau du Kirchberg symbolise la politique prévoyante de la Ville pour son eau, ainsi que sa conscience écologique.

C’est ce que l’on appelle se fondre dans le décor, ou presque. Inauguré hier par la bourgmestre Lydie Polfer sur une parcelle boisée qui longe le boulevard Pierre-Frieden, le nouveau château d’eau du Kirchberg se distingue par sa façade recouverte de panneaux de bois. Depuis la pose de la première pierre en février 2022, l’édifice, mis en service hier, s’élève désormais à plus de 50 mètres de haut et se démarque tout de même du contexte forestier. Pour la Ville, ce chantier estimé à 11 millions d’euros était vital. «Il y a une assez grande croissance dans cette zone, il y a encore des quartiers qui vont voir le jour et nous voulions avoir un deuxième château d’eau afin d’avoir une redondance», résume Max Biell, chef du service des eaux de Luxembourg.

En vue de l’arrivée du futur quartier urbain du Kuebebierg et de ses 7 000 habitants annoncés, cette construction était donc nécessaire afin de supplémenter le réservoir de Senningerberg qui alimentait les 9 826 habitants de la partie supérieure du Kirchberg via le Syndicat des eaux du barrage d’Esch-sur-Sûre (Sebes). Désormais, cette zone géographique sera divisée en deux : la partie nord-ouest du boulevard Kennedy pour le réservoir et la partie sud-est pour le château d’eau. Ce dernier permettra aussi de pomper et distribuer l’eau dans la source Glassburen afin d’avoir une redondance, «si jamais le Sebes avait un problème, il y a toujours une deuxième eau pour compenser».

Pour l’eau et les animaux

Composé de deux cuves (600 m3 et 400 m3), le château d’eau doit répondre à «un besoin en eau de 7 000 m3 par jour, en heure de pointe et en été» mais aussi à des exigences environnementales. Le site se trouvant dans une zone protégée d’intérêt Natura 2000, le château devait répondre à un cahier des charges précis : bardage en bois non traité, pas d’antenne relais, pas d’illumination, accès unique via un chemin déjà existant, gestion des eaux de précipitation et de purge. La structure va même au-delà des apparences en prenant en compte la faune. Construit en grande partie en béton armé, le château possède une façade composée de panneaux de bois conçue afin d’abriter un nichoir pour des faucons pèlerins, des nids préfabriqués pour les oiseaux et des abris pour les chauves-souris.

C’est le cabinet d’architectes Temperaturas Extremas Arquitectos qui a imaginé cette double utilisation du lieu et qui a convaincu le jury du concours d’architecture lancé par le Fonds Kirchberg, au nom de la Ville de Luxembourg, propriétaire du terrain. Parmi les cinq candidats retenus, le groupement Temperaturas Extremas Arquitectos et Simon-Christiansen & Associés a remporté la mise avec son enveloppe en bois, loin d’être évidente à réaliser. «C’était quand même un défi, dès le début on savait que nous étions dans un espace naturel protégé et le concours montrait l’importance de l’intégration», confie Joachim Kraft, responsable projet. «Nous, nous avons eu l’idée d’en faire un arbre parmi les arbres, qui va s’intégrer avec le temps.»

«On est bien sécurisés»

L’enjeu était également de rendre visuellement beau un château d’eau, souvent massif et sans relief. «C’est toujours difficile de faire un beau projet, quoi que vous fassiez, et la beauté pour les châteaux d’eau vient des matériaux, des proportions ou du lieu», relativise Nicolás Maruri, responsable de l’agence Temperaturas Extremas Arquitectos. «Cela n’a pas été dur, mais c’était un challenge intéressant car c’est différent de ce que l’on fait d’habitude.» L’agence d’architectes travaille pour des projets publics mais davantage pour des musées ou des logements publics que des grands réservoirs d’eau.

Malgré quatre mois de retard sur le devis prévu, ces deux tours d’eau, boisées et cimentées, sont une réussite pour la Ville dont la priorité est de répondre à l’expansion de la population et de la demande en eau. Pour l’heure, la construction d’un autre château d’eau n’est pas à l’ordre du jour : «Nous allons agrandir le réservoir de Sandweiler dans les prochaines années et on continue d’assainir des sources, de s’occuper de stations de traitement», annonce Max Biell. Afin de gérer cette précieuse ressource qu’est l’eau, la Ville a également mis la main à la poche avec la rénovation complète de la station d’épuration de Walferdange pour 300 millions d’euros. Inauguré à l’occasion de la journée mondiale de l’Eau, qui se déroule aujourd’hui, le château d’eau est le symbole de la politique prévoyante de la Ville, «où l’on est bien sécurisé», se félicite le chef du service des eaux.

30e journée mondiale de l’Eau

Placée sous le thème «accélérer le changement», la journée mondiale de l’Eau est célébrée pour la 30e fois ce 22 mars. Elle a été instaurée par les Nations unies en 1993 avec le but de sensibiliser à l’importance des ressources en eau et de promouvoir et soutenir leur gestion durable pour les générations futures. Force est de constater que ce but est loin d’être atteint. À cette occasion, l’administration de la Gestion de l’eau souhaite rappeler aux citoyens quelques gestes simples à adopter au quotidien en vue de faire des économies ainsi qu’à protéger une ressource rare, seuls 6 % de l’eau étant potable.

Grâce à sa façade en bois, le château d’eau peut abriter un nichoir pour des faucons pèlerins, des nids préfabriqués pour les oiseaux et des abris pour les chauves-souris.
Le château d’eau va pomper de l’eau de la source Glassburen et recevoir également celle du Syndicat des eaux du barrage d’Esch-sur-Sûre.