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[C’était mieux avant] «Mon père était tellement fier qu’il a pleuré»


Olivier Ciancanelli. (photos DR)

Olivier Ciancanelli, ancien joueur du Progrès et de l’AS Differdange, se remémore ses jeunes années à l’avant-veille d’un jour de derby.

Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous ayez évolué ?

Olivier Ciancanelli : Ah, un ancien de Lasauvage, William Bianchini. Footballistiquement, il avait tout, avec notamment un dribble de fou. Son frère, Jeannot, vous le connaissez, il est coiffeur à Esch. Et William, lui, l’était à Differdange. Bon, moi, je ne vais plus chez le coiffeur depuis longtemps (il rit), mais quel joueur c’était !

Et le joueur le plus fort contre lequel vous ayez joué ?

C’est Mustapha Kharoubi (NDLR : ex-Red Boys, Union, Wiltz et Beggen). Lui, on pensait toujours qu’il allait partir dans le zig et, finalement, il partait dans le zag. Ah ça, il savait bien t’enfumer. C’était l’époque des individuelles et moi, je ne voyais le ballon que quand je faisais faute sur lui. En même temps, je pense qu’il a fait ch… tous les défenseurs du pays. Pas seulement moi.

Le joueur le plus gentil que vous ayez croisé ?

C’était le capitaine de Wormeldange dans les années 80-90, Ralph Glesener ! Moi, je préférais les grands gabarits, mais lui, il faisait à peu près la même taille que moi. Je ne sais pas combien de fois j’ai pu le tacler et faire faute sur lui, mais il ne se plaignait jamais. Mais alors jamais ! Il se relevait et on continuait à jouer.

Et là il commence à se déshabiller et devinez quoi…?

Il y en avait un plus fou que les autres ?

Oh oui : Christian Welscher. Le gars, il débarque pour son premier entraînement à Niederkorn vêtu en supporter du Bayern des pieds à la tête. Même ses produits pour aller sous la douche, c’était du Bayern Munich. On commence à se foutre de lui et à dire qu’il ne lui manque plus que le slip. Et là, il commence à se déshabiller et devinez quoi…? Désormais, il est DJ. C’est Christian du Coin.

Le joueur perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Mon ami Gilbert Hotton, décédé l’année dernière. J’aimerais bien qu’il revienne. On irait n’importe où, boire un verre et on parlerait de football et de nos familles.

Quel est votre plus grand regret de footballeur ?

Moi, j’avais 10 ans dans les années 60 et mon idole, c’était Pelé. Je l’imitais, forcément. J’aurais bien aimé devenir joueur pro. Ça, c’est un regret. Mais c’était une autre époque, il n’y avait pas d’agents pour nous aider à partir.

Quel est votre plus grand accomplissement ?

À un niveau collectif, je dirais le fait, en tant que coach, d’avoir ramené Niederkorn en Coupe d’Europe 33 ans après notre dernière campagne. Sept ans après, j’ai encore dans mon téléphone des messages de félicitations d’anciens joueurs du club, ceux qui avaient connu les matches contre le Real Madrid. Mais d’un point de vue individuel, je dirais plutôt que c’est le fait d’avoir remporté le concours du jeune footballeur, à 12 ans. Quand j’ai ramené le trophée à la maison, le soir, en rentrant du stade Josy-Barthel, mon père était tellement fier qu’il a pleuré. Mince, regardez ça, vous me faites pleurer moi aussi…

J’avais les pieds bleus et les jambes bleues

Et votre plus grand fou rire ?

Oh, ne mettez pas son nom, il se reconnaîtra, mais un jour, notre avant-centre au Progrès, venu tout spécialement de l’Aris parce qu’il marquait beaucoup, commence à traverser une grosse période de disette. On avait commencé à le chambrer, et puis, on s’était arrêté parce que cela commençait à devenir long. Et un jour, en match, il se retrouve à quelques mètres du but et il frappe au-dessus des arbres qui sont derrière le but. Vous les voyez, les arbres, au stade ? Et là, notre coach entre sur le terrain et lui hurle dessus : « Mais va prendre une canne à pêche et va pêcher ! ». On n’a pas pu s’empêcher de rire…

Quelle était l’équipe que vous détestiez affronter ?

Toutes les équipes de Rodange quand j’étais jeune, parce que ça faisait mal!  Quand je rentrais, j’avais les pieds bleus, les jambes bleues. J’espère avoir gagné plus de matches contre eux que l’inverse. Si on leur demande, j’imagine qu’ils me diront le contraire, mais je ne crois pas.

Quel est votre pire souvenir ?

Un match entre le F91, où je venais d’arriver avec la fusion, et l’AS Differdange. On était à la lutte pour la montée en DN, il y avait plein de gens. Cela aurait dû être une fête et je me suis retrouvé avec un copain et adversaire d’un jour, Joël Bragard, avec une fracture ouverte. C’est dur de se balader à Differdange après ça. Le Républicain lorrain avait titré « Plus jamais ça ».

Et votre plus beau but ?

Aïe… je n’en ai pas marqué beaucoup, mais il y a un jour où moi, le défenseur central ou milieu de terrain, je me suis retrouvé latéral en Coupe contre Sanem. Je n’étais pas assez rapide pour jouer dans un couloir, mais ce jour-là, ça devait être un jour sans pour Sanem : j’ai marqué quatre buts !