Pilier du CHEV Diekirch durant sa carrière de joueur, l’ancien ailier gauche est désormais président du club dont les équipes masculine et féminine participent aux demi-finales de la Coupe de Luxembourg.
Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous ayez joué?
Frank Link : C’est très difficile à dire comme j’ai joué à Diekirch et aussi en équipe nationale. Je dirais alors, et c’est plutôt un choix de cœur : Alain Poeckes. Pendant toute ma carrière, on a partagé la même chambre en équipe nationale. Lui, il était vraiment bon sur le terrain avec son gabarit. C’était toujours un plaisir du côté sportif et aussi du côté humain. C’est l’une des personnes qui m’a le plus marqué et avec qui j’ai vécu de nombreuses sorties en équipe nationale.
Et le plus fort que vous ayez affronté?
C’était toute une équipe : la France! On a joué contre eux en qualifications (NDLR : pour les championnats d’Europe 2010) et à cette époque, ils avaient les trois titres : champions olympiques, champions du monde et champions d’Europe. Il y avait notamment Nikola Karabatic, qui était le meilleur joueur du monde à cette période. Personnellement, je pourrais aussi dire Luc Abalo comme il a joué en duel direct contre moi. Face à lui, c’était vraiment dur!
Ses faits d’armes
Au cours de sa carrière de joueur, Frank Link a uniquement évolué sous les couleurs du CHEV Diekirch malgré de nombreuses sollicitations venant de clubs plus «huppés» du Luxembourg. Mais impensable pour lui de quitter son club, ses copains! «Je voulais absolument rester avec eux» malgré le fait de ne jamais pouvoir jouer le titre en catégorie senior. International pendant de nombreuses années, le Diekirchois a atteint la barre symbolique des 100 sélections avec les Roud Léiwen. Une immense fierté pour celui qui a aussi porté le brassard de capitaine.
Le plus gentil?
C’est aussi un très bon copain à moi, c’est Dany Scholten avec qui j’ai joué pendant beaucoup d’années en équipe nationale. Il jouait le poste inverse au mien (NDLR : Frank Link était ailier gauche) et quand on s’affrontait avec nos clubs, c’était toujours vraiment bien. On disait : « Oh, joli but! » J’ai toujours aimé jouer contre les équipes dans lesquelles il évoluait, c’était sympa de parler avec lui.
Le plus fou?
Alors le même! Dany Scholten (il rit). On a toujours dit qu’il était un peu fou sur le terrain, surtout quand il était jeune. Il prenait beaucoup de cartons rouges. On devait toujours le freiner mais avec l’âge, il s’est de plus en plus calmé. Il était vraiment fou, mais ça apportait beaucoup à l’équipe (NDLR : au Luxembourg). Moi, je suis plutôt quelqu’un de très calme. Et ça c’était bien : lui d’un côté plus fou, moi de l’autre plus calme. Comme ça on gardait toujours l’équilibre en équipe nationale.
On ne croyait plus avoir notre chance, mais on a fait une deuxième mi-temps de fou!
Votre plus belle victoire?
En Coupe d’Europe, on a joué contre Dudelange (NDLR : en 2002). Le premier match à Dudelange, on avait perdu de trois buts (NDLR : 27-24) et le match retour à Diekirch, Dudelange menait de trois buts à la mi-temps. On ne croyait plus avoir notre chance, mais on a fait une deuxième mi-temps de fou! On a marqué le dernier but à trois secondes de la fin et on a gagné de trois buts (NDLR : 25-22). Comme on avait marqué plus de buts à l’extérieur, on a réussi à passer ce tour.
Et, à l’inverse, votre plus grosse déception?
C’est toujours quand nous sommes descendus avec Diekirch en Promotion. Ça on l’a vécu deux fois, mais ne me demandez pas les années (il rit). C’était toujours de grandes déceptions.
Je me disais aussi qu’il était temps de faire autre chose
Votre plus grosse fête?
C’était après avoir passé le tour en Coupe d’Europe contre Dudelange dans les dernières secondes. On avait joué le dimanche et je peux vous dire que ne suis pas allé à l’école le lundi (il rit). On avait un devoir en classe le lundi matin, mais j’ai appelé le lycée pour leur dire que je ne me sentais pas bien, que je ne pouvais pas venir (il rit). Un copain à moi y est allé et des professeurs, qui sont aussi de Diekirch, savaient qu’on avait fêté la veille. L’instituteur avait dit à mon copain : « C’est bien que tu sois là, mets ta tête sur le banc et repose-toi. » Comme ça ne se passait pas trop souvent, ce n’était pas un problème pour une fois.
Votre plus grand fou rire?
C’était encore lors d’un nouvel exploit contre Dudelange en championnat. On avait joué le jeudi pendant le carnaval. Il faut savoir que le carnaval commence le jeudi et se termine le dimanche et, parfois, on ne dort que quelques heures (il sourit). Ici, on fête ça vraiment bien! Il y avait un match et le club l’a programmé le jeudi. Nous, on était déjà très motivés pour sortir pendant quatre jours et fêter le carnaval, alors on a mis la musique du carnaval pour l’échauffement. On était motivés par ça et Dudelange était plutôt énervé. On avait gagné d’un but! On a toujours dit que le carnaval, c’est quelque chose d’extraordinaire à Diekirch et même là, on pouvait battre des équipes qui, sur le papier, étaient plus fortes que nous.
Aujourd’hui
Frank Link a un emploi du temps bien rempli. Après avoir porté le maillot du CHEV Diekirch durant toute sa carrière de joueur, l’ancien ailier gauche endosse désormais le costume de président depuis quatre ans. En parallèle de cette fonction qu’il occupe dans son club de cœur, l’ex-international aujourd’hui âgé de 40 ans est éducateur sportif à la maison relais de Diekirch et travaille également un jour par semaine à l’École nationale de l’éducation physique et des sports (Eneps), tout en étant conseiller communal à Diekirch depuis un an. Une vie à cent à l’heure!
Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière?
De joueur en équipe première? C’est très simple! C’est quand j’ai commencé à m’investir un peu plus dans le domaine politique, ici à Diekirch. Et cette année-là, c’était il y a 7-8 ans, on est montés de la Promotion à la Division Nationale. Je me disais : « OK, tu as deux choix maintenant! » Soit je m’investissais vraiment à 150 % dans le handball parce que je devenais de plus en plus vieux, les mouvements devenaient de plus en plus lents et les adversaires de plus en plus forts comme on venait de monter. Et si je voulais vraiment montrer ce dont j’étais capable, alors je devais m’investir à 150 %. Mais je me disais aussi qu’il était temps de faire autre chose. Alors, j’ai décidé d’arrêter de jouer en équipe première, j’ai continué avec la deuxième équipe parce que ça me plaisait, mais je savais que je ne pouvais plus faire quatre entraînements par semaine, un match et peut-être parfois des séances supplémentaires pour rester à un bon niveau et pouvoir rivaliser avec les équipes de Division Nationale. C’est le moment où je me suis dit : « Maintenant qu’on est montés, je prends ce succès pour dire que j’arrête. »