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[C’était mieux avant] Claudine Schaul : «J’ai gagné le tournoi de Strasbourg en battant Davenport en finale»


(Photo : dr)

Ancienne n° 41 mondiale, la Luxembourgeoise revient sur les moments marquants de sa carrière sur le circuit professionnel.

Découvrez tous nos autres épisodes dans la rubrique dédiée « C’était mieux avant »

Quelle est la joueuse la plus forte contre laquelle vous avez joué ?
Claudine Schaul : Il y en a eu pas mal. Je dirais quand même Kim Clijsters. En fait, je l’ai même jouée trois fois au Luxembourg lors du tournoi à Kockelscheuer. La première fois, c’était encore en qualifications et j’avais été impressionnée par son niveau et son style de jeu qui te mettaient vraiment sous pression tout de suite. Elle avait fini par gagner le tournoi. Je n’ai jamais joué les sœurs Williams (NDLR : Serena et Venus) par exemple. Je les ai côtoyées et je les ai vu jouer à l’entraînement à côté de moi et sur les tournois, mais je ne les ai jamais affrontées. Je suppose que c’était quelque chose d’impressionnant aussi, mais je n’ai pas eu cette chance.

La plus gentille ?
Ce n’est pas évident parce que j’avais l’impression, surtout sur le circuit féminin, après je ne sais pas si chez les mecs c’était différent, qu’il y avait quand même beaucoup de rivalité. En tout cas, à l’époque où je jouais et je suppose que ça ne s’est pas amélioré. La plupart des joueuses étaient quand même plus en concurrence qu’autre chose. Il y avait des exceptions mais sinon, sans citer de noms, c’était plutôt : le tableau est sorti, on voit qu’on joue l’une contre l’autre, alors il y avait des filles qui avant étaient gentilles et qui, jusqu’à la fin du match, ne parlaient plus trop. Moi, j’étais contente d’avoir eu quelques années sur le circuit où Anne Kremer était là aussi. Avec elle, je m’entendais super bien et ça faisait du bien d’avoir quelqu’un justement dans ce milieu quand même assez compétitif et concurrentiel.

Celle que vous n’aimiez pas affronter ?
Anne (Kremer) (elle rit) ! Je l’ai jouée deux ou trois fois dans des matches officiels sur le circuit et, pour moi, c’était perdu d’avance (elle rit). Quand j’étais jeune, c’était mon idole et puis après, c’est devenu une amie. Elle défendait tellement bien, elle ne ratait pas, donc pour moi c’était l’enfer de la jouer (elle rit).

Votre plus belle victoire ?
C’est forcément le tournoi de Strasbourg en 2004. Je l’ai gagné en battant Lindsay Davenport en finale qui était ancienne n° 1 mondiale mais au moment où je l’ai jouée, je pense qu’elle devait être n° 4. C’est un tournoi sur terre battue qui a toujours lieu la semaine précédant Roland-Garros. Même si au niveau du prize money, ce n’était pas le plus gros tournoi du circuit, il y avait quand même beaucoup de bonnes joueuses qui le faisaient comme préparation pour Roland.

À Kockelscheuer en 2006, je m’étais fait une rupture des ligaments croisés sur balle de match pour moi

Et à l’inverse, votre plus grosse déception?
Déjà ma première blessure lors du tournoi à Kockelscheuer en 2006 : je m’étais fait une rupture des ligaments croisés sur balle de match pour moi. C’était assez dur parce que c’était vraiment un bon match. J’étais menée 5-2 dans le troisième set, je m’étais battue, j’étais revenue et je menais 6-5, 40-15 et là, sur balle de match, j’ai essayé d’aller chercher un lob qui était parfait de la part de mon adversaire (NDLR : l’Ukrainienne Kateryna Bondarenko). C’était quasiment impossible pour moi de l’avoir, mais j’ai quand même essayé et je l’ai payé très cher.

La vraie déception, c’est qu’après ça, j’ai pu reprendre et si physiquement ça allait, je n’ai jamais vraiment réussi à retrouver mon niveau d’avant. J’ai dû reprendre la compétition neuf ou dix mois après et donc on avait à l’époque huit tournois pour lesquels on pouvait utiliser son classement protégé. Et en fait, il y a eu un peu de malchance, peut-être aussi des mauvais choix et quelques mauvais tirages.

Avec quelques tournois, il fallait reprendre tous les points que j’avais perdus. Je n’ai pas bien réussi mon coup à ce moment-là et ensuite, d’autres blessures ont suivi. Pendant ma carrière, j’ai quand même eu trois opérations au genou gauche dont le ménisque et le cartilage. J’avais un peu l’impression qu’à chaque fois que je revenais, j’étais de nouveau stoppée. C’est un petit regret mais c’est le corps qui n’a pas tenu, c’est comme ça.

Votre plus gros fou rire ?
Il y en a eu beaucoup quand même (elle rit). Surtout en équipe à l’époque lors de la Fed Cup (NDLR : aujourd’hui appelée Billie Jean King Cup). En fait, je suis celle qui tombe tout le temps (elle rit) donc voilà j’ai du mal à me souvenir d’une semaine de Fed Cup durant laquelle je n’ai pas fait de plongeon quelque part.

Pendant les matches quand ça arrivait, je regardais les autres et puis on rigolait parce que même lors de ces chutes, je ne me suis jamais fait très mal. Après, il y a eu des épisodes dans les vestiaires avec Mandy (Minella). On avait justement joué à Strasbourg et on avait toutes les deux perdu nos matches. On s’était retrouvées en train de dire  »ouais j’en ai marre, j’arrête le tennis » et au bout de deux minutes on rigolait, puis on continuait quand même (elle sourit).

Votre pire blessure ?
J’hésite entre la première et la dernière de ma carrière professionnelle parce que celle au milieu c’était juste le ménisque, donc on n’en parle presque pas. C’est quand même la première (en 2006) parce que je me la suis faite sur le terrain, sur un coup. La dernière opération, j’avais un trou dans le cartilage (en 2010), j’ai encore joué avec et à un moment donné, on a décidé qu’il fallait opérer. Ce n’était pas vraiment comme ça sur un coup où je m’étais fait mal et que je devais arrêter le match. Donc c’est vraiment la première, surtout au vu des circonstances : je jouais à la maison et j’avais une balle de match. Et puis derrière, ça avait duré longtemps.

Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière sur le circuit professionnel ?
En 2010, j’ai subi ma troisième opération du genou gauche mais je voulais prendre la décision moi-même. Je m’étais dit : ‘’O. K., j’y retourne quand même, je fais toute ma rééducation ». Je voulais me donner une chance de tenter le coup. Au fur et à mesure, je me rendais compte que ça allait être très compliqué. Il fallait beaucoup d’entraînements et il y avait aussi les matches, c’était assez contraignant pour le corps. Je commençais à sentir que ça ne passait plus. Même si j’avais continué, il n’y avait aucune garantie que j’arrive encore une fois au niveau où je devais être pour pouvoir vivre de ça. C’est le corps qui a décidé et j’ai dû accepter que c’était plus raisonnable.