Avec la clôture du plus grand salon mondial de l’innovation, le CES de Las Vegas, les 21 start-up luxembourgeoises sont en train de revenir au Grand-Duché, si cela n’est pas déjà fait.
Pour cette troisième édition avec une présence luxembourgeoise, sur l’initiative de Luxfactory, conseiller en innovation, c’est une délégation d’une centaine de personnes venant du Luxembourg qui a passé une petite semaine dans le Nevada. «Cette année encore, les start-up luxembourgeoises ont pu profiter pleinement des opportunités que peut offrir le CES. Je pense que dans les semaines à venir, les start-up luxembourgeoises ayant participé à l’événement vont annoncer de belles choses», a souligné Élodie Trojanowski, CEO de Luxfactory.
«Cette année encore, les start-up ont pu nouer des contacts directs avec des décideurs car au CES, contrairement aux autres salons, les personnes au sein des grands groupes ou parmi les investisseurs ne sont pas des intermédiaires mais bien les décideurs finaux et cela peut clairement faire une différence», a ajouté Jérôme Grandidier, le fondateur de Luxfactory.
Pour cette troisième année de suite au CES, Luxfactory a étoffé le programme des jeunes, donnant encore plus de valeur ajoutée à cette édition 2020. «Nous avons noué des partenariats sur place et, forts de nos dernières expériences, nous avons pu fournir aux start-up sur place un programme riche», a assuré Élodie Trojanowski. D’ailleurs, certaines jeunes pousses luxembourgeoises ont pu se faire remarquer, à l’instar de MuDesign ou encore d’Anote Music. Cette dernière est d’ailleurs arrivée deuxième sur 125 à une séance de présentation devant un panel relevé d’investisseurs.
Mieux promouvoir le Luxembourg
Autre satisfaction, la start-up MySardines, qui a l’ambition de transformer des boîtes de sardines en cryptomonnaie, a reçu de nombreux éloges sur place et les honneurs d’un article dans le prestigieux magazine économique américain Forbes.
«Dans l’ensemble, les start-up ont eu des retours enrichissants et l’on a pu voir que la qualité des jeunes pousses luxembourgeoises n’a vraiment rien à envier aux start-up des autres pays. En tout cas, c’est le retour que l’on a eu sur place», a encore assuré Élodie Trojanowski.
Seule fausse note, aucun membre du gouvernement n’est venu apporter son soutien, contrairement à ce qui s’est fait pour d’autres pays (lire encadré). L’euphorie de la participation au CES passée, les start-up vont désormais devoir mettre à profit les nombreux contacts noués au CES.
Pendant ce temps, Luxfactory va d’ores et déjà s’atteler à une quatrième édition. «Nous allons nous y remettre afin d’embarquer en 2021 une vingtaine de start-up. Le défi de cette année sera de convaincre la sphère publique de participer davantage à la présence de jeunes pousses luxembourgeoises au plus grand salon de l’innovation au monde. Car, pour le moment, cela se fait sur une initiative privée et je pense que la sphère publique pourrait mieux promouvoir le Luxembourg sur ce type de salon», a souligné Jérôme Grandidier.
Pour rappel, depuis 2014, le Luxembourg s’est positionné en tant que «Start-up Nation», c’est-à-dire un pays voulant favoriser l’éclosion de jeunes pousses, pour ne pas dire les entreprises de demain, sur son territoire. Actuellement, on estime qu’il y a entre 300 et 400 start-up au Luxembourg. Si le Grand-Duché s’est doté d’infrastructures comme des incubateurs de start-up, ces dernières ont besoin de visibilité et participer à un salon comme le CES est une réelle opportunité.
Mais dans le même temps, les autres pays avancent sur le sujet et un pays comme la France ne parle déjà plus de «start-up» mais bien de «scale-up», autrement dit le niveau de développement supérieur d’une jeune pousse.
Jeremy Zabatta
Le gouvernement a raté le rendez-vous
Si le Consumer Electronics Show (CES), le plus grand rendez-vous mondial de la «tech», est une vitrine exceptionnelle pour les start-up, le salon est également l’endroit idéal pour les pays ayant une stratégie digitale et technologique forte. C’est le cas de la France et de sa fameuse «French Tech», qui envoie chaque année une personnalité officielle afin de soutenir les jeunes pousses et de montrer l’importance du secteur à l’échelle nationale.
Cette année, outre la présence de l’ancien président de la République François Hollande c’est Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances français, qui a traversé l’Atlantique pour soutenir les start-up françaises. Du côté du Luxembourg, comme lors des deux éditions précédentes, aucun membre du gouvernement n’a fait le voyage. Étonnant pour un pays se targuant être une «Start-up Nation».
«C’est vraiment dommage. Les start-up luxembourgeoises qui ont fait le voyage ont effectivement porté haut les couleurs du Luxembourg mais, d’un autre côté, elles ne comprennent pas trop pourquoi il n’y a pas de présence officielle forte. Ce serait aussi un moyen de montrer que le gouvernement de notre « Start-up Nation » soutient les start-up luxembourgeoises qui sont sur un tel événement les premières ambassadrices du pays», a souligné Élodie Trojanowski , CEO de Luxfactory. Et de conclure : «On espère que ce sera le cas l’année prochaine, cela donnerait un message fort tant aux start-up luxembourgeoises qu’aux éventuels investisseurs et futurs partenaires.»
On notera tout de même la présence sur le salon d’acteurs luxembourgeois comme Luxinnovation, avec notamment Joost Ortjens, Head of International Business Development – Automotive, plus simplement un des trois «ambassadeurs» de Luxinnovation pour la promotion des secteurs-clés de l’économie, ou encore Rodrigo Sepúlveda Schulz du Digital Tech Fund.