Comme chaque mercredi, l’ancien sélectionneur du Luxembourg Guy Hellers pose son regard sur le foot local et international. Ça pique, c’est passionné et ça vibre football ! Morceaux choisis…
«Bien sûr, une promotion m’arrangeait»
Les préparations pour la prochaine campagne de transferts tournent à plein régime. Des ragots, spéculations, rumeurs et déclarations font la ronde 24 heures sur 24. Ce n’est rien de nouveau. Quand j’étais au Standard de Liège, à partir du mois de février, les contacts étaient en train de se nouer entre les clubs, agents de joueurs et joueurs. J’ai eu des propositions de clubs belges et étrangers, mais le Standard ne voulait pas me laisser partir et dès que les dirigeants du Standard apprenaient qu’il y avait de l’intérêt d’un autre club pour ma personne, ils me citaient vite fait dans le bureau du président. Mon contrat était revu à la hausse sans que je demande quoi que ce soit. Bien sûr, une promotion financière m’arrangeait et mon souhait n’était jamais de vouloir quitter Sclessin et ses supporters. Le Standard, c’était ma famille, ma maison. Les temps ont vachement changé. Une évolution financière extrême a pris cours depuis que j’ai raccroché mes crampons en tant que joueur, en 2000. Quand j’entends les sommes faramineuses qui sont proposées aux joueurs, parfois, je me demande comment ils font pour ne pas perdre la boule.
Par exemple, Kylian Mbappé, courtisé par le Real Madrid, est toujours sous contrat avec le PSG. Les Parisiens souhaitent à tout prix garder leur jeunot bourré de talent, et proposent un salaire «anti-Real» de 40 millions d’euros par saison. Cinglé. En même temps, le Real ne veut pas lâcher l’affaire. Le Real est obligé de faire sa petite révolution sportive sur le marché des transferts. L’équipe, en fin de cycle et à bout de souffle, a besoin de sang neuf. Le président Pérez est sous pression vis-à-vis de ses socios. Il doit «acheter», sinon sa présidence est en péril.
Le gars de Schifflange «Miré» Pjanic est également cité auprès de la Casa Blanca madrilène, et ce n’est pas la première fois. Le Bayern vient de transférer le défenseur Français Hernandez de l’Atlético Madrid pour la modique somme de 80 millions. Débourser une somme pareille pour un défenseur, c’est fou.
«Quand la morale fout le camp…»
Ce n’est pas qu’au niveau des transferts de joueurs que l’argent coule à flot et prend une dimension jamais atteinte au préalable. Infantino, le président de la FIFA, jongle avec des milliards d’euros pour qu’une Coupe du monde des clubs et un Mondial à 48équipes se réalisent et voient le jour.
L’UEFA et son président Ceferin, l’ECA et son président Agnelli, ne sont pas en reste. Eux, ils veulent organiser une nouvelle formule au niveau de la Champions League pour empocher des millions et des millions d’euros. Je me demande si le football en lui-même ne va pas perdre de sa crédibilité, de son charme envers les amoureux du football. C’est-à-dire un jeu que l’on joue avec un ballon et qui fait plaisir à voir, qui fait rêver, qui déchaîne les passions et les émotions. Me vient à l’esprit une citation d’une célébrité: «Quand la morale fout le camp, le fric cavale derrière.»